Longue barbe hirsute, regard magnétique, tout habillé de noir, Raspoutine incarnait l’image du mal, la représentation vivante d’un démon qui allait entraîner les Romanov dans sa chute, un régime vieux de trois siècles. Le livre d’Alexandre Sumpf ne ressemble en rien à une biographie classique. Certes, l’auteur parsème son récit d’éléments biographiques mais ces derniers comptent moins que ce que la légende et les arts, en particulier le cinéma, ont dit de Raspoutine. Il ne convient pas d’attribuer à Raspoutine un rôle plus important qu’il n’était dans la déréliction du régime impérial. Certes, Raspoutine exacerba le mysticisme de l’impératrice Alexandra et coupa un peu plus Nicolas II des réalités mais si le régime est tombé aussi facilement, c’est que le ver était dans le fruit depuis longtemps, bien avant que Raspoutine exerçât quelque influence. Il n’en reste pas moins que dans cette atmosphère de fin d’un monde que sont les dernières années du régime tsariste, Raspoutine se voit comme un homme béni par Dieu de façon particulière (p. 111).
Alexandre Sumpf, Raspoutine, Perrin, 2016, 343 pages, 23€
L’extrait : « Au terme de quatre-vingts ans de représentation à l’écran, Raspoutine a donc fini par figurer le mal absolu, entre satanisme et magie noire… » (p. 299)