Le prix à payer
Alors qu’en Occident on n’a jamais construit autant de mosquées, la situation des chrétiens en pays musulmans demeure des plus précaires. Mais ce n’est pas la pire. Quitter l’islam pour une autre religion, autrement apostasier, ou tout simplement prendre le parti de l’athéisme ou de l’agnosticisme est pratiquement impossible. Ou alors à ses risques et périls. C’est dans sa chair, au péril de sa vie, que Joseph Fadelle a fait l’expérience de cette impossibilité : abjurer l’islam, c’est être un traître. Quand on sait à quel point l’honneur familial est important dans les sociétés musulmanes, un traître n’a droit à aucune pitié. C’est sur sa propre tentative d’assassinat par ses frères que commence Le prix à payer. L’essentiel reste la conversion de ce chiite irakien, héritier d’une famille puissante, et qui aurait eu tout à gagner à demeurer musulman, quitte à vivre dans l’hypocrisie. Oui, mais voilà, la rencontre personnelle qu’il fait avec le Christ, dans la personne d’un compagnon de chambrée chrétien, va complètement bouleverser le cours de sa vie. Témoignant au début de beaucoup de morgue à l’égard de Massoud, le chrétien, il en vient à s’intéresser à la vie de Jésus de Nazareth, à lire les Evangiles. Et là, stupéfaction ! La grâce du Christ opère, par la lecture et par un songe dans lequel l’auteur reconnaît le Christ qui lui offre le « pain de vie ». La suite, Joseph Fadelle – anciennement Mohammed – la décrit avec une simplicité et une force qui rendent la lecture passionnante : le reniement de son père, la rencontre avec des prêtres et des religieuses, la proximité toujours plus grande du Christ, une vie quotidienne entre peur et dissmulation… En 2001, Joseph Fadelle et sa famille gagnent la France via la Jordanie.
Œuvre poignante, Le prix à payer raconte l’inexorable descente aux enfers de ces musulmans qui choisissent par conviction de devenir chrétiens. Une question qui devrait être au cœur du dialogue islamo-chrétien. Le respect des consciences ne peut pas être unilatéral.
Joseph Fadelle, Le prix à payer, Editions de l’œuvre, 2010, 221 pages, 19 € (également disponible en Pocket)