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Histoire du blasphème en Occident (XVI°-XIX° siècle)

Broché : 320 pages
Editeur : ALBIN MICHEL (6 mai 2015)
Collection : Bibliothèque de l’évolution de l’humanité
Langue : Français
ISBN-10 : 2226253858
ISBN-13 : 978-2226253859
Dimensions : 19 x 1,2 x 12,7 cm

 Histoire du blasphème en Occident (XVI°-XIX° siècle)

Ouvrage à visée historique, cette Histoire du blasphème en Occident répond indirectement à une interrogation très actuelle : Comment se fait-il que dans nos sociétés d’incroyance généralisée on accorde autant d’importance au blasphème ? Se peut-il qu’il soit le havre ultime d’une liberté de conscience chèrement acquise à l’encontre des religions révélées ? En effet, l’histoire du blasphème est intimement liée à celle des monothéismes, Bible et Coran prohibant l’usage injurieux du nom de Dieu. Dans le christianisme, les Pères de l’Eglise ne mirent pas longtemps à intégrer le blasphème à la liste des péchés graves. Aux XVI° et XVII° siècles, les Eglises pourchassent inlassablement le blasphème. Durant les guerres de religion, ce dernier prend une coloration différente car il devient synonyme d’hérésie. Pour un catholique, un protestant est forcément blasphémateur et vice-versa. Peu à peu, avec la naissance de l’Etat moderne, les puissances séculières vont s’emparer de l’interdiction sous prétexte que le blasphémateur contrevient à l’ordre social. Par la suite, la position des hiérarchies et des théologiens s’adoucira, distinguant par exemple le blasphème et l’esprit de blasphème, « l’une pouvoir recevoir le pardon, l’autre non » (p. 192). Si le blasphème est toujours condamné par les instances religieuses, le sens de cette condamnation n’est plus le même qu’autrefois. L’exemple le plus évident est produit par les interdits lancés par les responsables religieux, chrétiens, juifs ou musulmans, lorsque radicaux, fondamentalistes et libres penseurs s’en prennent à l’image même de Dieu : en mettant en avant un Dieu vengeur et cruel, ne blasphèment-ils pas le nom de Dieu ? La solide étude d’Alain Cabantous nous rappelle avec bonheur que le « péché de langue » subsiste encore dans les sociétés contemporaines. Instauré en vue d’adoucir les mœurs, il a pris, avec la mondialisation, une coloration autre : désormais il s’agit moins de montrer que l’on est un esprit fort que de dévaloriser la figure de l’autre.

Alain Cabantous aura réussi à montrer qu’ « avec le blasphème, il s’agit de prendre la mesure de la relation entre le divin et l’humain, de saisir la limite entre deux mondes coexistants et pourtant de plus en plus distincts dans l’approche spirituelle de l’Europe moderne. »

 

Alain Cabantous, Histoire du blasphème en Occident, Albin Michel, 2015, 340 pages, 16.50 €

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