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Recensions Religion

Au cœur des objections antichrétiennes

Broché: 221 pages
Editeur : Cerf (12 avril 2013)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10: 2204099333
ISBN-13: 978-2204099332
Dimensions : 19,4 x 12,4 x 2 cm

 Au cœur des objections antichrétiennes

A côté d’une indifférence massive, la voix de l’athéisme a tendance à se faire toujours plus entendre. Autrefois il y avait les maîtres du soupçon, Marx, Freud et consorts. Aujourd’hui les penseurs athées ont pour nom Comte-Sponville, Onfray, Hitchens ou Dawkins. Leurs approches sont radicalement différentes. Pour un « athée fidèle », respectueux, comme l’est André Comte-Sponville, un Michel Onfray sert un athéisme dégrossi au burin. Cela dit, le croyant ne peut faire fi des objections qui lui sont adressées. Au contraire, il doit les prendre au sérieux, y répondre avec mesure et intelligence. La publication du livre du P. Denis Lecompte aurait pu être une opportunité : répondre point par point aux critiques faites à la foi chrétienne. Hélas, cet ouvrage répond insuffisamment – malgré le titre – aux arguments philosophiques et historiques répandus par l’athéisme le plus virulent. Partant du matérialiste Epicure et du païen Celse, l’auteur consacre une bonne moitié de son livre à l’époque des Lumières, là où s’ébauche, avec Voltaire, Diderot et d’Holbach, l’athéisme contemporain. Denis Lecompte a raison de s’attarder sur cette époque (XVIII° et XIX° siècles) car c’est là que l’athéisme contemporain y puise ses racines les plus drues. Malheureusement, l’époque contemporaine est traitée à la vitesse de l’éclair : pratiquement rien sur Camus et Sartre, pour en rester à la France, très peu de choses sur les philosophes qui, aujourd’hui, s’acharnent à pilonner la foi chrétienne. Le nom de Michel Onfray n’apparaît qu’une fois, ce qui est ridiculement peu quand on connaît sa popularité. Il aurait fallu, croyons-nous, davantage traiter les objections antichrétiennes actuelles. Beaucoup reprennent celles émises lors des Lumières, mais d’autres apportent un sang neuf à la critique athée. Le britannique Richard Dawkins, par exemple, réfute la foi religieuse à partir de la biologie. Au début du siècle dernier, c’était la physique qui donnait du grain à moudre à l’athéisme. Faire l’impasse sur ces nouveaux considérants, c’est ne pas voir que l’athéisme, tout comme la foi religieuse, n’est pas réductible à un seul modèle.

Denis Lecompte, Au cœur des objections antichrétiennes, Le Cerf, 2013, 221 pages, 19 €

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Faites le plongeon : Vivre le baptème et la confirmation

Broché: 336 pages
Editeur : Cerf (14 juin 2012)
Collection : EPIPHANIE
Langue : Français
ISBN-10: 2204097772
ISBN-13: 978-2204097772
Dimensions : 21,2 x 14,6 x 2,6 cm

 Faites le plongeon

Un livre signé Timothy Radcliffe est toujours un événement. C’est le cas ici. Parfois un peu confus mais toujours pétillant, Faites le plongeon délivre une bouffée d’optimisme bien revigorante par les temps qui courent. D’autant qu’il touche un sacrement essentiel, celui sans lequel les autres ne seraient pas : le baptême. « Le baptême, écrit l’ancien maître général des Dominicains, touche à ce qui se joue de plus profond dans la vie humaine : naître, grandir, tomber amoureux, oser se donner aux autres, être à la recherche de sens, devenir adulte, faire face à la souffrance et à l’échec et éventuellement à la mort. » (p.10)

Alors que les catholiques, à l’invitation du pape Benoît XVI, sont appelés à réfléchir leur foi, voilà que s’ouvre une belle occasion de relier celle-ci au baptême. L’enjeu est de taille. Les chrétiens n’ont-ils pas à se réapproprier le sens plénier de leur baptême afin d’être sel de la terre ? Il y a urgence, semble dire à sa façon l’auteur– une façon décontractée et rigolarde mais qui, sur le fond, n’évacue jamais les questions capitales -, de rapatrier le baptême dans l’acte de foi. Le sacrement de baptême n’est pas l’onction magique d’un seul moment, d’une unique célébration : c’est la porte ouverte à une vie offerte au Seigneur pour le salut du monde et le bonheur de l’humanité. A tout le moins, il devrait être considéré comme tel ; or, on sait bien que le challenge est extraordinairement difficile en ces temps de disette spirituelle. Si l’auteur invite à faire le plongeon, c’est pour montrer que le moment du baptême opère, au plan spirituel s’entend, de façon décisive. Il s’agit pour les chrétiens de montrer que leur Eglise n’est pas qu’un club de gens sympas, à l’écoute du monde, une sorte d’ONG attentive à la misère d’autrui. Donner pleine valeur à son baptême, c’est contribuer à faire grandir l’homme, à le rendre vivant.

Une recension rendra toujours imparfaitement compte d’un livre de T. Radcliffe. Mieux vaut lire Faites le plongeon que d’en parler car le ton décalé de l’auteur offre un rendu inimitable. Si le sujet est bien sûr sérieux, l’auteur le traite à la sa façon, cultivée, décontractée et pittoresque. Les nombreuses anecdotes donnent une touche finale bienvenue à un livre de théologie qui se lit comme un roman. Finalement, il y a dans ce livre tout ce que l’on aime dans le catholicisme anglais : historiquement minoritaire, il tient ferme le cap de la fidélité et aime à s’emparer de sujets sérieux qu’il traite d’une façon pas toujours sérieuse.

Timothy Radcliffe, Faites le plongeon, Le Cerf, 2012, 321 pages, 17 €

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L’Eglise et l’Etat : La grande histoire de la laïcité

Broché: 300 pages
Editeur : Saint-Léger Editions (1 mai 2012)
Collection : A temps et contretemps
Langue : Français
ISBN-10: 2364520037
ISBN-13: 978-2364520035
Dimensions : 23,8 x 15,6 x 2,6 cm

 L’Eglise et l’Etat : La grande histoire de la laïcité

En écrivant cette « grande histoire de la laïcité », Jean Etèvenaux a souhaité réaliser un instrument de travail accessible. Trois cents pages pour décrire la complexité des relations qui a toujours existé entre le politique et le religieux, pour n’en rester qu’à l’Occident, c’est raisonnable. S’appuyant sur une vaste érudition, l’auteur n’a aucun mal à démêler l’écheveau de siècles d’antagonismes et de conflits. Il est nécessaire de savoir d’où l’on vient pour mieux comprendre le présent. En ce sens cette histoire des relations enchevêtrées entre l’Eglise et l’Etat fait œuvre utile. L’auteur retrace avec maestria vingt siècles d’histoire, une histoire dont la source est proprement chrétienne. N’est-ce pas, en effet, le « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » prononcé par le Christ qui annonce la première idée de la séparation – « distinction » dirait Alain de Benoist – du spirituel et du temporel ?

C’est cette singularité que Jean Etèvenaux est arrivé à mettre en relief, en faisant jaillir ce qu’il nomme le « nouvel équilibre français ». A côté de ces évidentes qualités, l’ouvrage encourt des reproches, dus pour l’essentiel à une vision trop historisante du phénomène laïque. Une histoire davantage tournée vers l’évolution d’un droit positif aurait peut-être permis à l’auteur de ne pas évacuer certains événements capitaux pour la compréhension des faits. Pratiquement ne rien dire du Parti des Politiques qui, durant les Guerres de Religions, fédère catholiques et protestants modérés en vue de dissocier le politique et le religieux, c’est ne pas voir que la laïcité tire sa source du refus de voir la religion instrumentalisée. L’auteur passe également avec une incroyable rapidité sur la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, débats préparatoires et textes législatifs inclus. De cette époque mouvementée il ne donne à voir que des aspects périphériques comme la naissance de la Fédération protestante. Au contraire, certains chapitres, comme celui ayant trait à l’Inquistion, pour intéressant qu’il soit, n’apportent qu’un intérêt médiocre à ce qui intéresse ici, à savoir « la grande histoire de la laïcité ». Tout en considérant avec attention l’ouvrage de J. Etèvenaux, le lecteur prendra soin de le compléter par d’autres lectures, à commencer par de plus juridiques, ce en quoi Emile Poulat excelle depuis plusieurs décennies.

Jean Etèvenaux, L’Eglise et l’Etat : La grande histoire de la laïcité, Saint-Léger Editions, 2012, 305 pages, 22 €

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Passion arabe : Journal, 2011-2013

Broché: 496 pages
Editeur : Gallimard (21 mars 2013)
Collection : Témoins
Langue : Français
ISBN-10: 2070140776
ISBN-13: 978-2070140770
Dimensions : 21,8 x 14,8 x 3 cm

 Passion arabe : Journal, 2011-2013

Durant deux ans l’orientaliste Gilles Kepel a sillonné les pays dans lesquels s’est déroulé le Printemps arabe : Egypte, Libye, Bahreïn, Tunisie… Parti pour réaliser un film il est revenu de ses divers périples avec un journal, sorte de livre de bord de la révolution qui a secoué plusieurs régimes arabes. De ce témoignage passionnant, écrit par un arabisant se situant toujours à bonne distance de son sujet, que retenir ?

Depuis que l’Occident a largué par-dessus bord l’essentiel de son patrimoine spirituel, il peine à comprendre la force du sentiment religieux. Ce n’est pas pour rien que le Proche-Orient a vu la naissance des trois grands monothéismes. La prégnance du religieux apparaît ici phénoménale, chez les juifs, chez les chrétiens et plus encore chez les musulmans, population que l’auteur a le plus rencontrée tout simplement parce que la plus nombreuse. Cette partie essentielle du monde musulman est toute imprégnée de Dieu, y compris dans les menus faits de la vie quotidienne. Autant dire que le chemin qui sépare les communautés musulmanes de la laïcité à la française est pavé d’embûches. Il ne peut y avoir de séparation des pouvoirs quand la religion occupe ainsi l’espace, public et privé. Pour la plupart des interlocuteurs que l’auteur a rencontrés, la laïcité est synonyme d’impiété. De quoi faire réfléchir les naïfs qui, en Occident, fantasment à l’idée de régimes arabes laïques, assurant comme ici le respect de la liberté de conscience. La lecture de cette Passion arabe en dit long, d’autre part, sur la fracture qui oppose sunnites et chiites. Pour les nombreux sunnites que Gilles Kepel a rencontrés, le chiite représente la figure de l’hérétique ; il est à l’origine de la fitna (division) qui fracture le monde musulman. L’univers arabo-musulman que nous présente l’auteur semble se trouver à la croisée des chemins : meurtri par les querelles confessionnelles et instable, on le sent tout de même riche de potentialités. Une inconnue demeure : le poids réel de la jeunesse bourgeoise attirée par les sirènes occidentales.
Un témoignage sur le vif, capital pour comprendre l’évolution du monde arabo-musulman contemporain.

Gilles Kepel, Passion arabe : Journal, 2011-2013, Gallimard, 2013, 476 pages, 23.50 €

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Jésus : Approche historique

Broché: 542 pages
Editeur : Cerf (30 novembre 2012)
Collection : Lire la bible
Langue : Français
ISBN-10: 2204096849
ISBN-13: 978-2204096843
Dimensions : 23 x 15,4 x 3 cm

 Jésus : Approche historique

Le théologien espagnol José Antonio Pagola a tenté et réussi un pari audacieux : une approche simple et complète, basée sur un accès rationnel des textes, de la figure de Jésus de Nazareth. Approche simple car le vocabulaire est rigoureusement limité aux mots les plus courants ; complète car l’auteur possède une connaissance approfondie des travaux des exégètes contemporains. Avant même de parler du Christ, José A. Pagola dresse le cadre historique : Qu’est-ce que la Galilée de l’époque ? Comment vivent les juifs ? Quelle est leur religion ? Comme le veut le titre, l’historicité étant essentielle, l’auteur donne un tableau très réaliste du milieu dans lequel grandit et vit Jésus. Le reste suit un schéma chronologique, du baptême par Jean-Baptiste à la résurrection. Chapitre après chapitre, par touches successives, l’auteur cerne la personnalité du Fils de Dieu, prophète, défenseur des exclus, maître de vie… Un peu à la manière de Max Gallo, sans toutefois en adopter le style direct, il tâche d’insuffler au récit une vivacité de bon aloi. Tout est dans le sens du détail, la limpidité de l’écriture et l’effet visuel que cherche à produire l’auteur. Pourquoi, par exemple, est-il facile d’entendre et d’approcher Jésus ? Parce que, répond l’auteur, « il parle presque toujours en plein air. Souvent sur les bords du lac de Galilée, en utilisant les espaces proches des petits embarcadères, là où les pêcheurs viennent chercher le poisson. » On s’y croirait !

Les dernières pages font le point de la recherche théologique consacrée à Jésus : les principaux courants, les sources littéraires, les critères d’historicité… Des pages susceptibles d’éclairer les néophytes tout en rafraîchissant la mémoire des spécialistes. Telle est la force du livre : un style simple mis au service de la connaissance d’un personnage dont les sciences bibliques n’ont pas fini de faire le tour.

Ce récit enlevé de la vie de Jésus ne manque pas d’attraits, au contraire ! Voici l’exemple type d’un livre abouti, probablement le résultat d’une vie de labeur passée à mettre à jour, le plus finement possible, la figure du Christ. Ces qualités remarquables sont toutefois grevées par l’insistance que met l’auteur à magnifier la figure humaine de Jésus, un peu au détriment de son essence divine. Jésus, « homme incomparable » certes, comme aurait dit Renan, mais surtout fils de Dieu, Dieu lui-même comme le proclame le Credo.

José Antonio Pagola, Jésus : Approche historique, Le Cerf, 2012, 544 pages, 39 €

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Des musulmans qui deviennent chrétiens

Broché: 350 pages
Editeur : Editions Qabel; Édition : 1re (5 janvier 2012)
Langue : Français
ISBN-10: 2953874429
ISBN-13: 978-2953874426
Dimensions : 20,6 x 14,8 x 3,4 cm

Des musulmans qui deviennent chrétiens

Algérien arrivé en France en 1961, baptisé catholique en 1970, Moh-Christophe Bilek était tout à fait indiqué pour parler d’un sujet qui se fait chaque année plus pressant : les passages de l’islam au christianisme. Ces conversions existent bel et bien même si elles ne sont pas légion. Très difficiles à répertorier, elles sont chaque année plus nombreuses et touchent parfois jusqu’à des imams. Généralement, elles s’opèrent dans l’ombre car le musulman apostat commet aux yeux de sa communauté un véritable crime, passible de la peine capitale, lecture littérale du Coran oblige. Fondateur du site internet « Notre-Dame de Kabylie », Moh-Christophe Bilek est en communication constante avec des musulmans qui ont quitté ou s’apprêtent à quitter l’islam. Son livre répertorie l’ensemble des cas de figure, de celui qui largue les amarres avec joie et sans scrupules à celui qui, plus hésitant, se rétracte au dernier moment. On ne se libère pas aussi facilement d’une foi reçue dans le cadre d’une tradition ancestrale, d’une religion aussi totalisante car concernant la plupart des aspects de la vie, privés et publics.

Des musulmans qui deviennent chrétiens s’ouvre par des témoignages de convertis. S’ils sont inégaux, ils disent beaucoup de la psychologie de celles et ceux qui ont brûlé leurs vaisseaux. Que reprochent-ils à l’islam ? « Ce n’était pas une relation de confiance, dit l’un d’eux. C’était beaucoup de comptabilité et beaucoup de surveillance. » (p. 52) Enfermées dans une religion qu’elles jugent oppressive, ces personnes, généralement pieuses, ont été bouleversées à la lecture de la Bible, du Nouveau Testament en particulier. Elles y ont découvert la lumineuse figure du Christ, un Christ dont la vie émeut, un Christ qui fortifie et qui console. Elles ont trouvé dans le christianisme des paroles de feu, l’amour et la paix, « des valeurs divines tout simplement » (p. 44). La fin du livre collecte des articles parus ici et là, souvent sur Internet. Leur intérêt est assez inégal et les erreurs typographiques attestent qu’on a là un livre écrit à la va-vite. En résumé, si le sujet est passionnant dans la mesure où il risque de conditionner une partie non négligeable de l’avenir du christianisme, on aurait aimé un livre mieux bâti, une analyse du phénomène des conversions, pas simplement un patchwork émané d’un site internet. Un peu décevant !

Moh-Christophe Bilek, Des musulmans qui deviennent chrétiens, Editions Qabel, 2013, 350 pages, 19 €

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Histoire des conclaves

Broché: 268 pages
Editeur : Librairie Académique Perrin (9 mars 2013)
Collection : Pour l’histoire
Langue : Français
ISBN-10: 2262023085
ISBN-13: 978-2262023089
Dimensions : 22,4 x 14 x 2,4 cm

 Histoire des conclaves

On l’a vu récemment : l’élection du pape François a ravivé l’intérêt du public pour tout ce qui concerne la papauté. En dépit de la sécularisation des sociétés les plus avancées, il faut reconnaître que cette tradition continue de fasciner, y compris les esprits les plus rétifs aux phénomènes religieux. Les sociétés occidentales, anesthésiées par la doxa du suffrage et de l’égalité universels, n’ont aucune peine à s’intéresser à une survivance du passé qui choisit le pape dans le collège le plus restreint possible. Alors qu’il faut moins de 120 cardinaux pour élire un pape, tout président ne peut l’être que grâce à l’addition de millions de suffrages. Le legs du passé joue à plein pour cette élection très éloignée des critères démocratiques traditionnellement en vigueur. Dans cette histoire menée avec ardeur par Yves Chiron, que retenir ? La petite histoire, on nous l’a assez répété, a beaucoup glosé sur le conclave (en latin, « pièce fermé à clé »).Pas de campagne électorale, un choix d’élus théoriquement illimité mais pratiquement très fermé, des habitudes et traditions comme celle véhiculée par le fameux dicton : « Qui entre pape au concile en ressort cardinal ».

Menant cette histoire tambour battant, Yves Chiron donne l’essentiel en un peu plus de 200 pages. Il s’agit certes d’une histoire tourmentée mais Yves Chiron en donne les clés d’accès. Il revient sur les réformes successives, en particulier celle prise en 1073 par le pape Nicolas II qui réservait l’élection du pape aux seuls cardinaux. A travers l’histoire des conclaves ce sont des pans entiers de l’histoire de l’Eglise qui passent à la lumière. Des pages précieuses sont consacrées par exemple à l’élection du pape Martin V, élection qui mit fin au Grand Schisme, sombre période durant laquelle l’Eglise a compté trois papes. Grâce à des archives évidemment plus nombreuses, les élections au XX° siècle donnent à voir les luttes de courants qui sourdent au sein du collège cardinalice.

L’auteur ayant mis un point final à son livre juste avant la dernière élection, il ne pouvait pas prévoir l’accès au souverain pontificat de l’archevêque de Buenos-Aires. S’il cite bien Mgr Bergoglio au sujet de l’élection de 2005, huit ans plus tard il n’en fait pas l’un des favoris. Un beau livre d’histoire.

Yves Chiron, Histoire des conclaves, Perrin, 2012, 268 pages, 21 €

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Benoît XVI, un pontificat contrasté

Broché: 176 pages
Editeur : Cerf (17 mars 2013)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10: 2204100811
ISBN-13: 978-2204100816
Dimensions : 21,2 x 13,4 x 1,4 cm

 Benoît XVI, un pontificat contrasté

Habitué à l’histoire longue, le P. Paul Christophe, prêtre du diocèse de Lille, revient sur les huit années du pontificat du pape Benoît XVI. Composé avec un style dynamique, l’ouvrage se lit remarquablement bien. En quelque 150 pages, Paul Christophe insiste sur les lignes de force de ce pontificat. Manque peut-être un chapitre sur le voyage fait en France en 2007 avec, pour point d’orgue, le fameux discours aux Bernardins, discours concernant les rapports entre la foi et la raison.

Pour le reste on peut dire que tous les sujets sont passés en revue : les trois encycliques signées par Benoît XVI, la nouvelle évangélisation, l’année de la foi, les problèmes liés aux affaires de pédophilie qui ont secoué certaines Eglises, la tentative de dialogue avec la Fraternité Saint Pie X, etc. La qualité de l’information et l’impartialité de l’auteur ne l’empêchent pas de tomber dans un travers que l’on retrouve fréquemment, y compris chez les meilleures plumes. Vouloir publier rarement le gage d’une œuvre accomplie. Par exemple, lorsque Paul Christophe parle des difficultés qui ont entravé la bonne marche du dialogue interreligieux, il semble mettre toutes les religions dans le même sac, comme si elles partaient de la même ligne de départ. L’argument est spécieux ; plus, il ne rend pas compte de la simple justice. En effet, dans un certain nombre de domaines comme celui des relations entre l’Eglise et le judaïsme ou l’islam, l’écrasante majorité des initiatives vient de l’Eglise, souvent du pape lui-même.

Redisons-le. Benoît XVI, le pontificat contrasté constitue une intéressante synthèse du dernier pontificat. Livre de circonstance, il risque toutefois de ne pas passer à la postérité. En troquant son métier d’historien pour celui de journaliste, Paul Christophe a rendu une copie propre et honnête mais qui fait penser à ces livres que l’on publie sur la politique à la veille d’une importante échéance électorale : on les lit avec intérêt mais on les oublie vite. Néanmoins l’auteur a su saisir la pointe du pontificat de Benoît XVI : « remettre le Christ au centre de la foi et de la vie des chrétiens. »

Paul Christophe, Benoît XVI, un pontificat contrasté, Le Cerf, 2013, 170 pages, 15 €

 

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Résurrection de Jésus et résurrection des morts : Foi, histoire et théologie

Broché: 243 pages
Editeur : Cerf (11 octobre 2012)
Collection : Epiphanie
Langue : Français
ISBN-10: 2204098159
ISBN-13: 978-2204098151
Dimensions : 21,4 x 14,4 x 1,6 cm

 Résurrection de Jésus et résurrection des morts

Jean-Pierre Torrell o.p. est un théologien particulièrement prolixe. Après avoir travaillé l’œuvre de saint Thomas d’Aquin, voilà qu’il s’attaque à l’un des fondamentaux de la foi chrétienne : le dogme de la résurrection du Christ. Il le fait dans une perspective dans laquelle l’apologétique n’est pas tout à fait absente. Il a constaté en effet combien la croyance en la résurrection, celle de Jésus et celle des morts, était mise à mal par le scepticisme contemporain, scepticisme mâtiné d’une adhésion aux thèses prônées par les tenants de la réincarnation. Cela dit, qu’on soit croyant ou pas, la résurrection demeure pour nous un mystère et, écrit l’auteur, « un mystère ne se prouve pas : nous ne pouvons y adhérer que par et dans la foi. » (p. 14). L’auteur passe au crible la plupart des questions que les croyants se posent sur la question depuis les origines. Par exemple la résurrection prend-elle place à la fin des temps, lors de ce qu’on appelle le Jugement dernier ? La résurrection du Christ sera-t-elle précédée de la résurrection de tous les morts ? S’agira-t-il bien de tous les morts ? Certains théologiens, au contraire, postulent l’idée d’avancer la date de la résurrection au moment même de la mort de chacun.

Dans un évident souci pédagogique, le Fr. Torrell passe en revue la plupart des objections faites au dogme de la résurrection à partir d’un passage en revue des principaux textes de l’Ecriture qui en parlent. A la clarté de l’exposé s’associe la solide capacité de synthèse de l’érudit, au final désireux « de raviver les raisons que nous avons d’y croire. » (p. 148). Il insiste longuement sur ce qu’a de contraire à la foi chrétienne la réincarnation. . Vatican II parle à ce sujet de « notre vie terrestre unique » (Lumen Gentium, n°48). Quant à la crémation, l’auteur s’en méfie, voyant surgir avec elle des relents d’athéisme. Comme l’Eglise, sa préférence va nettement à l’inhumation. Au total, un livre tonifiant !

Jean-Pierre Torrell, Résurrection de Jésus et résurrection des morts, Le Cerf, 2012, 243 pages, 20 €

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Allah cet inconnu : Confession d’un ancien doyen de faculté théologique islamique en Egypte

Broché: 240 pages
Editeur : Editions Qabel (22 août 2012)
ISBN-10: 2953874437
ISBN-13: 978-2953874433
Dimensions : 25 x 15 x 2 cm

 Allah cet inconnu : Confession d’un ancien doyen de faculté théologique islamique en Egypte

Ce livre est le récit d’une conversion. Il doit être, en un temps où l’on évoque souvent les conversions d’Occidentaux à l’islam, pris très au sérieux. Sait-on le nombre de musulmans qui, à l’instar de Mohamed Rahouma, quittent les eaux tumultueuses de l’islam pour une autre religion, le christianisme en particulier ? On ne le saura jamais. En effet, la charia stipulant la mort pour l’apostat, mieux vaut pour ce dernier tenir sa langue. Mohamed Rahouma n’a pas de ses préventions, lui qui a largué les amarres de la religion de son enfance pour se faire baptiser. Né en Egypte, longtemps doyen d’une faculté d’études islamiques, il avait tout pour jouir tranquillement de sa position sociale. Son questionnement religieux a mis en péril la gloire et les honneurs auxquels sa position professionnelle le plaçait. Passé l’âge de la jeunesse, il s’est beaucoup interrogé sur les fondements de l’islam et les comportements de ses coreligionnaires. Les trois ans qu’il a passés en Arabie Saoudite l’ont détourné pour de bon de la religion de ses ancêtres. Tout ne lui apparaît qu’hypocrisie, mensonge et fausseté. Allah cet inconnu est le récit d’un itinéraire, un chemin qui fait alternativement passer un homme par le doute, le rejet puis l’amour du Dieu de Jésus-Christ. Son départ pour l’Amérique et sa rencontre avec des couples chrétiens l’amènent à rejeter définitivement l’islam.

L’itinéraire de M. Rahouma est loin de se borner à un simple questionnement. Son rejet de l’islam est absolu. « Un Dieu, écrit-il, qui ordonne le meurtre et incite aux invasions, à la guerre, au jihad et à l’effusion de sang, ne peut absolument jamais être un vrai Dieu. » (p. 205). Estimant avoir perdu beaucoup de temps, il se fait volontiers prosélyte, estimant qu’il ne peut garder pour lui le trésor et la grâce dont il bénéficie. Il a créé une association appelée « Jésus m’a libéré » destinée à l’accueil de musulmans désirant le baptême. Façon pour lui de donner corps au chemin de lumière qu’il dit emprunter depuis sa nouvelle naissance : « J’ai découvert en moi-même une capacité étonnante d’aimer. » Comment ne pas saluer le courage lié à un tel témoignage ?

Mohamed Rahouma, Allah cet inconnu : Confession d’un ancien doyen de faculté théologique islamique en Egypte, Editions Qabel, 2012, 239 pages, 17 €