Churchill, stratège passionné
L’excellente collection « Maître de guerre » délaisse les militaires pour s’intéresser aux politiques. Il faut dire qu’il ne s’agit pas de n’importe quel homme politique et que celui auquel s’intéresse François Kersaudy est un être ô combien singulier. Tout, dans l’itinéraire de Winston Churchill, s’est déroulé sous le signe de l’exception. Collégien peu doué, ce descendant du grand Malborough s’intéresse tôt à la chose militaire. Aventurier et indiscipliné, il est cavalier en Inde. Quittant l’armée, le voilà reporter de guerre en Afrique du Sud durant la Guerre des Boers. Député et ministre alors qu’il a tout juste trente ans, il est Premier Lord de l’Amirauté à la déclaration de la guerre de 14-18. La suite, on la connaît… surtout ces épisodes où, tenant tête à l’Allemagne hitlérienne, il promet au peuple anglais du sang, de la sueur et des larmes. Tout au long de ce récit vivant, agrémenté de cartes et d’images toujours très significatives, François Kersaudy livre l’image d’un excentrique bon vivant, passionné par l’armée, joueur, plein d’idées, tantôt excellentes, parfois saugrenues. Doté d’une prescience extraordinaire et d’un sens de la formule faisant souvent mouche, W. Churchill connut aussi quelques ratés majeurs dus à une imagination débridée l’amenant à jouer gros sans avoir beaucoup d’atouts dans son jeu. Ce Churchill montre les multiples facettes d’un personnage dont on se demande si, par ses multiples activités, il n’a pas eu plusieurs vies. Et puis, cerise sur le gâteau, impossible de s’ennuyer en compagnie de cet amoureux du whisky soda, francophile et amateur de bons mots. On se souvient par exemple de l’exclamation qu’il poussa quand il apprit l’obtention du Prix Nobel de littérature : « Je ne savais pas que j’écrivais si bien. » F. Kersaudy dresse le portrait vivant d’un homme sacrément attachant.
François Kersaudy, Churchill, stratège passionné, Perrin, 2017, 443 pages, 24€