Pour un peu, on pourrait dire : La famille royale au Temple, c’est de la petite histoire. Or, l’auteur prouve le contraire. Lorsque ce qu’on appelle de la petite histoire se trouve à la conjonction des tensions du formidable mouvement historique qu’a été la Révolution de 89, cela devient de la grande histoire. D’emblé Charles-Eloi Vial prévient le lecteur de la portée symbolique de l’enfermement de la famille royale au Temple : « L’emprisonnement du roi et de sa famille incarne parfaitement cette montée aux extrêmes de 1792, où la révolution « bourgeoise » de 1789, portée par les élites éclairées du Tiers, de la noblesse et du clergé progressiste, fut progressivement submergée par la masse populaire […] » (p. 18) Le récit décrit tour à tour les conditions de vie déplorables dans laquelle vécut la famille royale, la vie quotidienne au sein de sa prison, la suspicion quasi-pathologique des gardiens, le procès du couple royal… La famille royale au Temple donne à voir la France divisée de ce temps-là. A travers cet emprisonnement ce qui était donné à voir, en ses prémisses, c’était la fracture séculaire qui allait diviser les Français à propos de la Révolution, version très politique de qu’Emile Poulat appelait « la guerre des deux France ».
Charles-Eloi Vial, La famille royale au Temple, Perrin, 2018, 440 pages, 25€
L’extrait : « Voulu comme le symbole de la déchéance de Louis XVI, le Temple a au contraire servi de point de ralliement à ses défenseurs. Le martyre interminable de la famille royale constituait sans doute la pire façon de mettre fin à une monarchie multiséculaire. » (p. 348)