Le diable sur la montagne
Eminent spécialiste du Consulat et de l’Empire, Thierry Lentz a souhaité se pencher sur un sujet plus contemporain. Le diable sur la montagne n’est autre qu’Adolphe Hitler, attiré dès la fin des années 1920 par ce lieu paisible de haute altitude qu’est le plateau de l’Obersalzberg, à quelques encablures de la frontière avec l’Autriche. L’auteur parvient à recréer l’ambiance dans laquelle vivait le maître du III° Reich, une atmosphère généralement surréaliste : On sirotait tranquillement le thé en prenant des bains de soleil alors que le continent était plongé dans l’horreur. Thierry Lentz donne beaucoup d’anecdotes sur la vie des hiérarques nazis, un monde généralement grossier et inculte, empli de jalousie et de mesquinerie, dans lequel était engagée chaque matin la course pour être bien considéré par le maître des lieux. Si le récit est passionnant, on pourra toutefois regretter ses nombreuses concessions au politiquement correct. Il doit être possible d’écrire de l’histoire de façon plus neutre sans pour autant, faut-il le préciser, donner quitus à un régime aussi abject que le nazisme.
L’extrait : « Il (Hitler) inspectait en connaisseur, discutait tout et, parfois, demandait des modifications qui compliquaient l’avancement du chantier. Quand on sait à quel point il s’occupa souvent superficiellement des affaires de l’Etat, on est surpris de le voir consentir dans ces circonstances une authentique application. » (p. 75-76)
Thierry Lentz, Le diable sur la montagne, Perrin, 2017, 316 pages, 23 €