Jean Sévillia a écrit un livre passionnant, aisé à lire, usant de force pédagogie. Comment ne pas louer un livre éclairant à ce point les rivalités existant parmi les divers mouvements indépendantistes, les velléités putchistes des partisans de l’Algérie française, le froid réalisme du général de Gaulle devenu entre-temps chef de l’Etat (1958) et ainsi de suite ? Sous la plume de Jean Sévillia, tout paraît limpide. Grâce à son éclairage, les événements qui semblaient enchevêtrés et complexes deviennent accessibles et aisément compréhensibles. Pour l’histoire commune de la France et de l’Algérie, ce sont bien sûr les derniers chapitres qui comptent le plus car les conclusions de la guerre continuent d’influencer les relations bilatérales. Malgré les incompréhensions et le triste sort fait aux rapatriés, la France s’est délestée d’un boulet qui risquait de lui faire rater l’entrée dans le formidable essor économique des Trente Glorieuses. En Algérie, l’amère réalité a triomphé des idéaux indépendantistes. Une caste, adossée sur l’armée, s’est emparée du pouvoir pour ne plus le lâcher.
Jean Sévillia, Les vérités cachées de la guerre d’Algérie, Fayard, 2018, 415 pages, 23 €
L’extrait : « Le fond de l’affaire, décidément, est que de Gaulle veut en finir à tout prix. » (p. 310)