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Biographies Recensions

Joe Kennedy

Broché : 400 pages
Editeur : Perrin (7 juin 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262044511
ISBN-13 : 978-2262044510
Dimensions : 14,1 x 3,1 x 21,1 cm

L’histoire de Joseph Kennedy, père entre autres du Président John Fitzgerald, a tout de la fabuleuse histoire des self made men propre aux Etats-Unis d’Amérique, l’aventure d’immigrants irlandais partis de rien et qui, en trois courtes générations, vont devenir riches et puissants. Tour à tour financier, producteur à Hollywood, ambassadeur en Grande-Bretagne, Joe Kennedy ne tarde pas à monter à toute vitesse l’échelle de la réussite. Pour ce faire, il ne regarde pas trop à la manière, n’hésitant pas à traficoter avec la Mafia, à tromper et à trahir ses interlocuteurs pour le bien-fondé de ses intérêts… Père d’une famille nombreuse, patriarche que nul ne doit s’aviser de contester, sa vie ressemble à un tourbillon. Engagé dans de nombreuses affaires, additionnant les conquêtes féminines, son faramineux succès lui donne des ambitions politiques. Bien qu’ayant peu de convictions, il alterne ses préférences politiques au gré de ses intérêts. Il ne compta pas pour rien dans la victoire de son fils Jack (JFK) à la présidence de la première puissance mondiale. Mais, on le sait, la Roche tarpéienne est proche du Capitole. En même temps qu’il accumule les succès, ou ceux de ses proches, une sorte de malédiction frappe la famille Kennedy, la moitié de sa progéniture disparaissant précocement, dans des accidents ou des attentats. Une biographie passionnante.

Georges Ayache, Joe Kennedy, Perrin, 2018, 400 pages, 23.50€

L’extrait : “Joe ne se contenta pas d’être un arriviste cynique, plus entreprenant, mais aussi plus affligé de défauts que bien d’autres. Il vira démiurge, jouant avec le destin jusqu’à rêver de le forcer, tout comme tenteraient de le faire plus tard, pour leur malheur, ses trois fils aînés. » (p. 11)

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Recensions Religion

Comment notre monde a cessé d’être chrétien

Broché : 288 pages
Editeur : Le Seuil (1 février 2018)
Collection : La Couleur des idées
Langue : Français
ISBN-10 : 2021021297
ISBN-13 : 978-2021021295
Dimensions : 14,1 x 2 x 20,6 cm

Du concile Vatican II et de ses suites, il ne pouvait, jusqu’à présent, s’agir que d’un monde en blanc ou en noir. Conciliaire, on ne trouvait au concile et à ses suites que des mérites ; traditionaliste, on jugeait avec mépris ses imprudences. En historien et en sociologue, Guillaume Cuchet donne du concile une nouvelle approche. Autant il juge qu’il a été nécessaire, autant il pense que l’analyse de ses fruits a été biaisée. Dans une première partie, l’auteur dresse l’état de l’Eglise dans la France de l’après-guerre à partir de l’enquête sociologique réalisée par le chanoine Fernand Boulard ; le taux de pratique se situe alors autour de 45 %. 1965, l’année de la dernière session du concile, marque selon l’auteur le début de l’effondrement dans lequel l’Eglise se débat encore. Au-delà des dates et du constat, ce qui attire l’attention dans le livre de G. Cuchet est l’examen qu’il fait des causes de la rupture. Insistons : chez lui, pas de critique quant à la nécessité du concile ainsi qu’à l’égard des textes. Ce sont plutôt les facteurs psychologiques qui ont joué. Avec un niveau d’exigence orienté à la baisse, une mise en sourdine de la pastorale des fins dernières et la désinstallation d’un système séculaire, le contrecoup allait être inéluctable. Comme l’écrit l’auteur, « la sortie de la culture de la pratique obligatoire sous peine de péché mortel a joué un rôle capital » (p. 213)

Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien, Seuil, 2018, 283 pages, 21€

L’extrait : « J’aurais tendance à dire personnellement que le concile a non pas provoqué la rupture (en ce sens qu’elle n’aurait pas eu lieu sans lui), mais qu’il l’a déclenchée tout en lui donnant une intensité particulière. » (p. 272)

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Actualités Recensions

Les marchands de nouvelles

Broché : 528 pages
Editeur : L’artilleur (24 octobre 2018)
Collection : TOUC.ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810008469
ISBN-13 : 978-2810008469
Dimensions : 14 x 3,6 x 22 cm

D’aucuns pourraient trouver ce sous-titre exagéré. Evidemment, les grandes chaînes de TV ou de radio, de même que les grands titres de la presse écrite, sont à mille lieues de la propagande de la Russie stalinienne ou de l’Allemagne hitlérienne. Le Monde n’est pas la Pravda. Il n’empêche. A force de cultiver une sorte d’entre-soi parisien, beaucoup de journalistes racontent le monde non pas tel qu’il est mais comme ils voudraient qu’ils soient. En pointant quelques problèmes contemporains  comme la question du réchauffement climatique, I. Riocreux explique la façon dont les journalistes les plus zélés « se croient investis d’une mission de conversion des masses » (p. 421-422), si bien qu’au bout du compte il devient très difficile de présenter la thèse contraire sous peine de passer pour un rétrograde impénitent. Le sentiment domine que certains se sont  donnés comme mission de rééduquer un peuple susceptible de penser de travers. Au fond, la question que soulève l’auteure tient dans cette phrase : comment les grands médias, généreusement subventionnés par l’argent public, ont-ils le front de considérer lecteurs, auditeurs et téléspectateurs pour des imbéciles, ou au mieux pour des naïfs pensant mal ?

Ingrid Riocreux, Les marchands de nouvelles, L’Artilleur, 2018, 524 pages, 22€

L’extrait : « Considérer celui qui se rend coupable  de déviance par rapport à la morale officielle comme un « fou » traduit une forme de bienveillance à son égard. Il n’est pas méchant, il est seulement malade, et un malade on le soigne. » (p. 449)

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Biographies Recensions

Speer, l’architecte d’Hitler

Broché : 592 pages
Editeur : Perrin (5 octobre 2017)
Collection : Domaine étranger
Langue : Français
ISBN-10 : 2262065616
ISBN-13 : 978-2262065614
Dimensions : 16,5 x 4,5 x 24 cm

Par cette copieuse biographie, Martin Kitchen s’est donné la tâche de déconstruire le mythe du « bon nazi ». Ce mythe, Albert Speer l’a entretenu à partir de la condamnation qui lui a été infligée au procès de Nuremberg. Cependant, au terme d’une enquête fouillée, M. Kitchen met à jour les mensonges et affabulations d’un Speer qui, fondamentalement, n’a jamais renié ses anciennes amitiés, lui qui des années fut le confident et le protégé d’Adolf Hitler. Si Speer a échappé à la potence en 1946, c’est parce qu’il a su jouer à fond l’image de l’organisateur patriote, mettant le paquet pour défendre son pays, apolitique et ignorant pratiquement tout des ignominies commises par le régime. Beaucoup, dans le camp des vainqueurs, étaient admiratifs des prouesses réalisées par le Reich sous la houlette de Speer. Or, les preuves amassées par M. Kitchen montrent qu’au contraire Speer, ministre de l’Armement, avait connaissance de l’œuvre destructrice entreprise par le régime. En 1945, il a pris conscience de l’intérêt du peuple allemand en hâtant la fin de la guerre ; cela ne suffit pas à l’absoudre de sa participation aux actes effroyables commis par le régime.

Martin Kitchen, Speer, L’architecte d’Hitler, Perrin, 2017, 638 pages, 27€

L’extrait : « Il se laissait parfois aller à reconnaître  que son apparence de prophète rongé par le remords de conscience, dans le monde impitoyable de la technique, était un stratagème. » (p. 535)

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Actualités Recensions

Sortir du chaos

Broché : 528 pages
Editeur : Gallimard (18 octobre 2018)
Collection : Esprits du monde
Langue : Français
ISBN-10 : 2072770475
ISBN-13 : 978-2072770470
Dimensions : 22 x 3,2 x 15 cm

Grand connaisseur du monde musulman et du Moyen-Orient, Gilles Kepel raconte les derniers événements qui vont orienter pour quelques années la destinée de pays comme la Tunisie, l’Egypte, la Syrie ou l’Irak, des printemps arabes à la fin de l’Etat islamique au Levant. Sur fond de réislamisation de la société, il décrit combien démocrates et républicains sont à la peine dans des sociétés minées par la corruption née de la rente pétrolière. Bien sûr, d’un pays à l’autre, les situations ne sont pas identiques. Le cas tunisien a par exemple peu en commun avec la guerre civile en Syrie. Cependant, des constantes demeurent : le poids de la religion et de l’armée, la fragilité des corps intermédiaires, la fragmentation des oppositions, etc. Dans cet Orient décidément très compliqué, multiples sont les lignes de fracture. La première est celle qui oppose sunnites et chiites. Les premiers, majoritaires, connaissent de graves divisions (Qatar vs. Arabie Saoudite par exemple). Il faut compter aussi sur les désirs locaux d’autonomie (cas du Kurdistan, turc, syrien et irakien). Bref, le Moyen-Orient ressemble à un puzzle, à un écheveau d’une rare complexité.

Gilles Kepel, Sortir du chaos, Gallimard, 2018, 514 pages, 22€

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Histoire Recensions

Massu

Broché : 544 pages
Editeur : Perrin (22 mars 2018)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 226207514X
ISBN-13 : 978-2262075149
Dimensions : 15,6 x 3,2 x 24,1 cm

Du général Massu, bien des Français ont gardé une l’image négative du vainqueur de la bataille d’Alger, du militaire qui n’avait pas hésité à légitimer la torture afin de briser la rébellion orchestrée par le FLN. Dans un récit enlevé, Pierre Pellissier fait justice de l’image brutale longtemps accolée à Jacques Massu. Si les premiers chapitres, ceux de l’apprentissage du métier des armes en métropole et dans les colonies, sont brefs, l’insistance est mise sur son action durant la Seconde Guerre mondiale, dans les rangs de la France Libre, et pendant la Guerre d’Algérie. Gaulliste de cœur et de raison, Massu croyait possible la conservation des départements algériens. Comme beaucoup, sur le coup, il a jugé incompréhensible l’intention du Général de Gaulle revenu au pouvoir. Il s’est en fallu de peu pour qu’il ne tombe dans la rébellion. En le rappelant en métropole, De Gaulle marquait bien son intention de dire aux militaires que le chef c’était lui. Mais, quelques années plus tard, en en faisant le chef de l’Armée française en Allemagne, le Président de la République récompensait un fidèle serviteur de l’Etat et de la République.

Pierre Pellissier, Massu, Perrin, 2018, 478 pages, 24€

L’extrait : « Il devient plus que jamais l’homme qui a voulu la torture pendant la bataille d’Alger. Aucun de ses détracteurs ne veut entendre ce qu’il a toujours affirmé […] : que cette pratique […] l’a précédé et l’a suivi. Il ne s’y est jamais ni habitué ni résigné […] » (page 432)

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Actualités Recensions

L’univers à portée de main

Broché : 448 pages
Editeur : FLAMMARION (8 novembre 2017)
Collection : SCIENCE POPULAI
Langue : Français
ISBN-10 : 2081422204
ISBN-13 : 978-2081422209
Dimensions : 24 x 3 x 15,4 cm

Christophe Galfard consacre un gros volume pour expliquer l’univers, l’infiniment grand et l’infiniment petit. Dans ce voyage intemporel où les choses apparemment les plus simples se trouvent entourées d’une incroyable complexité, il faut heureusement compter sur la pédagogie déployée par l’auteur. Ici, pas de formules mathématiques ni d’équations, mais le désir se mettre la science à portée de tous, avec des mots simples et un petit effort d’imagination. Mystérieux, étrange, surprenant… le voyage auquel l’auteur convie les lecteurs, pour excitant qu’il soit, requiert la plus grande attention tant le monde qui nous entoure voit ses dimensions changer de façon radicale. Voguer par l’imagination au bord extrême de l’univers, à quatorze milliards d’années-lumière de la terre ou se terrer dans les particules les plus élémentaires, tel est le pari lancé par C. Galfard… une sorte de voyage initiatique à la recherche de ce qui anime l’univers depuis sa naissance il y a 13,8 milliards d’années. Par la simplicité et l’intelligence du propos, C. Galfard a le grand mérite de faire progresser le lecteur de quelques pas.

Christophe Galfard, L’univers à portée de main, Flammarion, 2015, 443 pages, 19.90€

L’extrait : « Une particule est une onde qui se balade partout avant de redevenir une particule lorsqu’on la détecte. Je viens de vous prouver que la réalité change dès qu’on essaie de la sonder. » (page 251)

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Biographies Recensions

Ulysses S. Grant – L’étoile du Nord

Broché : 400 pages
Editeur : Perrin (4 janvier 2018)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 226205035X
ISBN-13 : 978-2262050351
Dimensions : 15,5 x 3,1 x 24,1 cm

La biographie très accomplie que vient d’écrire Vincent Bernard au sujet d’Ulysses Grant a le mérite d’éclairer une personnalité que les années ont peu à peu gommée. Cet Ulysses S. Grant montre bien que l’Amérique du XIX° siècle est le pays de toutes les opportunités. On dirait aujourd’hui que l’ascenseur social y fonctionne à merveille. La guerre (1861) le happe alors que, jeune officier à la retraite, il dirige une tannerie. Son expérience, son côté méthodique et son talent d’organisateur lui font gravir rapidement les échelons. Général en chef des armées du nord, c’est lui qui reçoit l’acte de reddition du général Lee à Appomatox (1865). La paix signée, les républicains en font leur candidat naturel et Grant sera élu président à deux reprises. Voilà pour l’aspect positif d’une carrière faite pour partie de gloire et d’honneur. Cela dit, Vincent Bernard ne minimise pas les aspects plus sombres d’une vie alternant épisodes dépressifs et périodes de doute. La réélection de Grant à la présidence ressemble à une sorte de chemin de croix, tant il est contesté et tant il déçoit, incapable qu’il est de mettre fin à la corruption et à la crise économique, inapte à faire régner dans les Etats du Sud un climat pacifique. Bref, là où il suscitait de l’espoir, il a créé de l’amertume.

Vincent Bernard, Ulysses S. Grant. L’étoile du Nord, Perrin, 2018, 319 pages, 23€

L’extrait : « Longtemps jugé sur ses échecs, ses renoncements et son aveuglement politique, Grant l’est donc de plus en plus pour ce qu’il a représenté et pour ses intentions, en somme pour avoir été « du bon côté de l’Histoire ». » (p. 291)

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Biographies Recensions

René Rémond

Broché : 416 pages
Editeur : SALVATOR (23 août 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2706716967
ISBN-13 : 978-2706716966
Dimensions : 22,5 x 3 x 15 cm

Qui, parmi les plus jeunes, se souvient encore de ce qu’a apporté la plume du grand historien, de l’académicien parvenu au faîte de la gloire ? C’est dire si la biographie donnée par Charles Mercier est la bienvenue ; les lecteurs de R. Rémond l’attendaient, eh bien la voici cette « traversée du XX° siècle », une traversée qui, au fond, en dit autant de l’évolution de la société française que de la carrière de l’auteur de La droite en France. Il y a eu les cours à Sciences Po, l’écriture d’ouvrages de référence, la présidence de l’Université de Nanterre juste après les événements de Mai 68, la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques, etc… jusqu’à l’élection à l’Académie française, couronnement d’une carrière emplie d’une mesure et d’une érudition dispensée avec pédagogie et courtoisie. René Rémond était un homme du milieu. Il avait vite compris, comme il aimait à le répéter, qu’il n’existe pas de réponses aisées aux problèmes difficiles. Cependant, à la fin de sa vie, en catholique anxieux, il prit la plume plus d’une fois pour défendre un christianisme dont il ne comprenait pas qu’il fût aussi souvent l’objet de la vindicte et des moqueries de tous les médiocres qui font l’opinion. Pour bien comprendre l’histoire intellectuelle, politique et religieuse des cinquante dernières années, ce René Rémond est un livre qui compte.

Charles Mercier, René Rémond, Salvator, 2018, 412 pages, 22€

L’extrait : « René Rémond a laissé l’image d’un passeur de connaissances exceptionnel, non seulement à l’écrit, mais aussi à l’oral. » (p. 393)

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Portraits Recensions

De Gaulle, 1969

Broché : 380 pages
Editeur : Perrin (14 mars 2019)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262075697
ISBN-13 : 978-2262075699
Dimensions : 14,2 x 2,6 x 21,1 cm

En 1969, De Gaulle, alors président de la République, sort perdant du référendum qu’il avait organisé à propos de la réforme du Sénat et de la régionalisation. On connaît la suite : quittant l’Elysée, il se retire à Colombey pour y écrire ses Mémoires d’espoir, écriture interrompue par deux voyages à l’étranger, en Irlande et en Espagne… A l’aide de sa vaste culture historique, Arnaud Teyssier revient sur les deux dernières années de la vie de Charles de Gaulle. De Gaulle, 1969 est moins le récit chronologique de ces deux années perturbées que la confrontation entre deux mondes, deux conceptions de la société et de la vie. Personnage façonné par l’histoire longue, figure éminente du roman national, le Général voyait arriver le monde nouveau avec un regard suspicieux et inquiet. Après le grand remuement de la première partie du XX° siècle, avec ses deux guerres mondiales, les Français aspiraient au repos, à jouir des fruits de la paix retrouvée et de la croissance économique. Pour l’auteur de l’Appel du 18 juin, la France retournait à la médiocrité, au train-train et au régime des partis, tout ce qu’il abhorrait. A. Teyssier nous fait toucher du doigt l’interrogation qui hantait le Général sur ses vieux jours : Qu’en serait-il, après lui, des institutions, de la grandeur, de la France tout simplement ?

Arnaud Teyssier, De Gaulle, 1969, Perrin, 2019, 301 pages, 22€

L’extrait : « En 1969, proche de 80 ans, de Gaulle paraît vieux, terriblement vieux, plus vieux même que son âge. Et de plus, « comment régner après la mort » ? » (p. 15)