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Histoire Recensions

Les derniers feux de la monarchie

Broché : 600 pages
Editeur : Perrin (18 février 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262047588
ISBN-13 : 978-2262047580
Dimensions : 15,5 x 4,3 x 24,1 cm

 Les derniers feux de la monarchie

Sous-titré « La cour au siècle des révolutions ; 1789-1870 », le beau livre de Charles-Eloi Vial ne se résume pas à la vie et au sort des cours royales durant la période. En ce sens, le mot « monarchie » employé dans le titre paraît quelque peu équivoque, sauf à considérer que le Premier et le Second Empire étaient eux aussi des monarchies, des monarchies d’un style particulier, ayant troqué un roi contre un empereur. C’est finalement à une histoire de France que se livre Charles-Eloi Vial, une France qui se résumerait à une histoire de titres de noblesse. Il faut croire que, à ce propos, toute républicaine qu’elle soit la France dispose de quelque appétence pour la monarchie et ses fastes. A lire Charles-Eloi Vial, cet apparent paradoxe n’est pas si étonnant que cela dans la mesure où la cour, avec ce qu’elle comporte de rites et de manières, reflète assez bien l’état d’un pays. A moins que, par indisposition passagère, elle en soit l’exact opposé. La cour napoléonienne, flopée de parvenus et de militaires, répond à la première précision. Quant à la seconde, on en trouve les prodromes, de façon presque caricaturale, dans la cour du roi Louis XVI. Si certains nobles comprennent que les nuées qui s’accumulent risquent d’emporter tout ce joli monde, les plus influents agissent comme si rien de devait changer. On sait ce qu’il en est advenu. La guerre contre la Prusse en 1870, puis l’arrivée définitive de la république cinq ans plus tard ont signé l’acte de décès de la cour qui, depuis des siècles, gravitait autour du souverain. On dit que la cour est propre aux monarchies, qu’elle n’existe pas en république et ainsi de suite. En sommes-nous si sûrs ? Quoiqu’il en soit, le livre de Charles-Eloi Vial, écrit d’une plume agréable, se lit de bout en bout avec un plaisir qui ne diminue jamais.

 

Charles-Eloi Vial, Les derniers feux de la monarchie, Perrin, 2016, 579 pages, 27€

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Actualités Recensions

La langue des médias

Broché : 336 pages
Editeur : L’artilleur (16 mars 2016)
Collection : TOUCAN ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810006962
ISBN-13 : 978-2810006960
Dimensions : 14 x 3 x 22 cm

 La langue des médias

Nous autres, lecteurs, auditeurs, consommateurs compulsifs aux écrans, sommes des éponges. Nous absorbons, souvent sans broncher, les propos torrentiels venus du monde médiatique. Or, il faut s’en méfier. Non pas que les journalistes poussent la fourberie à nous mentir sous des propos riants ou anodins, mais plus simplement parce que, du fait de leur formation et du conformisme qui règne dans la profession, ils sont portés, contrairement au souhait formulé jadis par Péguy, à ne pas voir ce qu’ils voient. Il existe une langue propre aux médias, sorte de volapuk qui tend à cacher la réalité, à l’amoindrir, à la travestir. Dans ce texte très argumenté, Ingrid Riocreux invite à réfléchir sur la fonction du journaliste. Ici, le journaliste prend la figure du professionnel des médias : le Journaliste (avec majuscule). Celui-ci n’est pas foncièrement malhonnête mais sa formation le pousse inexorablement à suivre les chemins de traverse. Armé d’une bonne conscience en bêton, sûr d’appartenir au camp du Bien, le Journalistes, écrit Ingrid Riocreux, peut écrire et dire n’importe quoi, pourvu qu’il serve la bonne cause. De toute façon, il n’a de compte à rendre à personne. Le Journaliste n’est pas là pour donner des informations brutes. Commentateur de l’actualité, son image est de moins en moins neutre et il est devenu un prescripteur d’opinion chargé de dire le bien et le mal. Le pire, c’est que le système médiatique, dans sa toute-puissance, n’a pas érigé de contre-pouvoir. Au contraire, il est devenu une sorte de « fabrique du consentement », de sorte que le conformisme de la pensée semble des plus naturels. Puisque le consommateur consent, il n’a pas à réfléchir. Le livre d’Ingrid Riocreux est une charge puissante contre le moule uniforme dans lequel veut nous enfermer les journalistes et ceux qui les paient.

 

Ingrid Riocreux, La langue des médias, 2017, L’Artilleur, 333 pages, 20€

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Recensions Religion

Monsieur Onfray au pays des mythes : Réponses sur Jésus et le christianisme

Broché : 160 pages
Editeur : Salvator (25 mai 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2706715413
ISBN-13 : 978-2706715419
Dimensions t: 20 x 1,2 x 13 cm

 Monsieur Onfray au pays des mythes

En lisant Décadence, Jean-Marie Salamito, professeur de christianisme antique, n’en croyait pas ses yeux. Etait-il possible que le créateur de l’Université populaire de Caen, auteur de dizaines de livres traitant de la philosophie et de son histoire, pût accumuler autant d’erreurs et d’approximations ? Le tout, asséné avec la certitude de celui qui sait et qui entend jouer les redresseurs de torts. On ne va pas répéter ici tout le mal que l’on pense du pavé de Michel Onfray, les colonnes de Voix du Jura ayant longuement disserté, au cours de l’été, sur la légèreté intellectuelle de Michel Onfray. Il n’en demeure pas moins que Jean-Marie Salamito enfonce le clou. Il le fait à propos du domaine et de l’époque dont il est spécialiste : le christianisme des origines, le christianisme ancien. J.-M. Salamito déconstruit une part notable du travail d’Onfray, critiquant d’abord le peu de sérieux avec lequel l’auteur de Décadence a bâti sa bibliographie, s’appuyant exclusivement sur des livres anciens, tendancieux, largement remis en cause par les avancées de la recherche exégétique. Il répond ensuite point par point aux attaques les plus virulentes d’Onfray, par exemple sur saint Paul, considéré par ce dernier comme un cas quasi-pathologique. Pour Onfray, il est évident que Paul était un névrosé, un malade vivant priver les chrétiens d’une vie sexuelle dont lui-même était privé. Or, écrit Salamito, « si Paul avait été aussi malade, tordu, débile, détraqué et mal intentionné que le prétend Onfray, il n’aurait jamais eu la force d’entreprendre tous les voyages ni de supporter toutes les tribulations que les documents attestent, il n’aurait trouvé personne pour l’écouter, personne pour se laisser persuader par lui, et nous ne serions pas, deux millénaires après sa mort, en train de disserter sur sa personnalité et sa doctrine. » (p. 49). Et vlan !

 

Jean-Marie Salamito, Monsieur Onfray au pays des mythes, Salvator, 2017, 160 pages, 15€

 

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Biographies Recensions

Philippe Henriot : La résistible ascension d’un provocateur

Broché : 416 pages
Editeur : FLAMMARION (10 janvier 2018)
Collection : Grandes biographies
Langue : Français
ISBN-10 : 2081361817
ISBN-13 : 978-2081361812
Dimensions : 24 x 2,9 x 15,3 cm

 Philippe Henriot

Les passions s’étant tues avec la disparition des derniers témoins liés à cette époque trouble, des historiens revisitent à frais nouveaux les vies des personnages peu recommandables qui, à l’instar de Pierre Laval, souhaitaient la victoire de l’Allemagne. Un certain nombre d’écrivains et de politiciens, à droite comme à gauche, jugeaient sévèrement le bilan de la III° République, régime par eux considéré comme corrompu, vicié, diviseur. La France devait être régénérée ; d’aucuns considérèrent la victoire allemande de 1940, et l’invasion du territoire qui s’ensuivit, comme une divine surprise. Le député Philippe Henriot fut de ceux-ci. Non pas, si l’on en croit la biographie avisée de Pierre Brana et Joëlle Dusseau, par germanophilie ou attrait pour la sauvagerie nazie, mais par haine de la démocratie, du parlementarisme et de la république. Catholique de stricte observance, obscur professeur parvenue à la députation, Philippe Henriot mène, durant les années 1920 et 1930, la vie somme toute médiocre d’un politicien de ce temps-là. On l’a dit, la victoire de l’Allemagne sur les armées alliées en mai et juin 1940 ouvre un boulevard à ce maréchaliste qui adhère avec conviction au programme du maréchal Pétain : retour aux valeurs traditionnelles et haine du cosmopolitisme sous toutes ses variantes. Ses talents d’orateur font le reste. Au fond, le drame d’un Philippe Henriot, outre son antisémitisme et sa détestation de la franc-maçonnerie, est d’avoir été contre. Les auteurs mettent en perspective l’incapacité du personnage à bâtir un programme un peu solide : « On a l’impression d’un polémiste qui balaie des sujets de manière assez incohérente, […] ne sait au fond comment se situer entre le « contre » qui lui est habituel et le « pour » qui l’amène à des hommages répétés dans lesquels il n’est pas à l’aise. » Un ouvrage utile pour comprendre la psychologie d’un des hérauts de la Collaboration.

 

Pierre Brana & Joëlle Dusseau, Philippe Henriot. La voix de la Collaboration, Perrin, 2017, 402 pages, 24€

 

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Actualités Recensions

Bienvenue dans le pire des mondes

Broché : 216 pages
Editeur : Plon (17 novembre 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2259251595
ISBN-13 : 978-2259251594
Dimensions : 13,4 x 2,1 x 20,2 cm

 Bienvenue dans le pire des mondes

D’emblée, le ton est donné. Sommes-nous en train d’assister à la victoire – comme annoncée en sous-titre – de ce que les auteurs appellent le « soft totalitarisme » (projet d’un marché mondial financiarisé aux mains d’une minorité fortunée) ? Totalitarisme ! Un mot lourd de sens qui nous renvoie aux cauchemardesques tentatives nazie et communiste. Est-il exagéré et déraisonnable d’utiliser un tel vocabulaire dans nos sociétés d’abondance et de liberté ? Dès l’introduction, les chevaux sont lâchés. Beaucoup de concitoyens n’ont-ils pas le sentiment, tout comme les auteurs, que l’on n’est plus vraiment en démocratie ? Certes, le droit de vote existe toujours mais puisqu’il n’y a pas d’alternative au règne tout puissant du marché – ce que certains appellent le turbo-capitalisme -, tout se conjugue afin de laisser une oligarchie détenir l’ensemble des leviers de commande et livrer les masses à la consommation et au divertissement. L’idée démocratique elle-même a du plomb dans l’aile, « menacée par l’alliance redoutable des marchés financiers et des nouvelles technologies ». Une société démocratique ne fonctionne bien qu’avec une classe moyenne suffisamment forte, un niveau d’instruction et d’éducation de qualité, un ascenseur social qui fonctionne, un niveau d’inégalités raisonnable, la notion partagée de que doit être le bien commun et ainsi de suite. Il faut bien avouer que, de quelque côté que l’on se tourne, la plupart de ces concepts n’ont plus qu’un lointain rapport avec l’idée que l’on s’en faisait naguère. A lire les auteurs, si nos sociétés ne se délitent pas plus rapidement, c’est que l’oligarchie a réussi ce tour de passe-passe consistant à acheter la paix sociale : tant qu’existe un minimum de distribution le système a toutes les chances de s’auto-perpétuer. Il n’y a pas de complot derrière tout cela, mais simplement des intérêts puissants ayant intérêt à ce qu’un pouvoir d’achat minimal, permettant au plus grand nombre de se divertir à son aise, les laisse en paix.

 

Natacha Polony & le Comité Orwell, Bienvenue dans le pire des mondes, Plon, 2016, 213 pages, 14.90€

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Histoire Recensions

Histoire de l’Armée française, 1914-1918

Broché : 519 pages
Editeur : Editions Tallandier (9 mars 2017)
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021023963
ASIN : B01MYZLCLE
Dimensions : 21,5 x 3,6 x 14,5 cm

 Histoire de l’Armée française, 1914-1918

Lorsque sonne le clairon annonciateur de l’armistice, le 11 novembre 1918, l’Armée française est sans conteste la première du monde. Par la qualité de ses chefs, l’abondance de son matériel, son expérience stratégique et tactique, elle dépasse les autres armées alliées. La synthèse de François Cochet et Rémy Porte concerne l’ensemble des ressources mises en œuvre par l’Armée à la fin du conflit : combat, production d’armes, camouflage, logistique, commandement et ainsi de suite. Le tableau donne une fine appréciation du poids que représente l’outil militaire en cette cinquième année de guerre. Sans oublier le fait que, pour impressionnant qu’il paraisse, cet instrument commence à accumuler les handicaps qui vont directement mener à la raclée du mois de mai 1940. De plus en plus lourde et de moins en moins innovante, l’Armée française sera incapable d’enrayer un déclin qui était en germe dès la Première Guerre. De ce point de vue, on aurait aimé que la comparaison soit établie avec les principales armées du moment, amies ou ennemies. Honnête, bien documentée, écrite de façon très claire par deux spécialistes reconnus, cette Histoire… , qui retrace les « évolutions et adaptations des hommes, des matériels et des doctrines », pose un jalon dans l’historiographie propre à la période. Dernière chose à souligner, les auteurs ont raison, nous semble-t-il, de réhabiliter le corps des officiers supérieurs. Si beaucoup furent médiocres et dépassés par les événements, encore plus étaient-ils à prendre soin des hommes placés sous leur commandement. Les auteurs tordent le cou à la légende d’officiers calfeutrés dans leur bureau, loin du front, à l’abri du danger. Ils ont été nombreux, parmi les généraux et les colonels, à tomber sous les coups de l’ennemi. S’il y eut de gravissimes fautes, cette guerre n’a jamais été une guerre de classes.

 

François Cochet & Rémy Porte, Histoire de l’Armée française, 1914-1918, Tallandier, 2017, 520 pages, 25.90€

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Actualités Recensions

La cour des miracles

Broché : 384 pages
Editeur : Les éditions de l’observatoire (7 juin 2017)
Collection : EDITIONS DE L’O
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1032900123
ASIN : B01N3AYAIB
Dimensions : 20 x 3,1 x 13 cm

 La cour des miracles

Un livre signé Michel Onfray est toujours un événement même si, publiant énormément, son auteur risque les redites et les approximations. Nombreux sont les domaines de prédilection d’un philosophe qui n’hésite jamais à se faire historien, historient des idées, de la psychanalyse, de la civilisation occidentale. Michel Onfray n’a jamais caché, même s’il affiche clairement sa résolution de ne plus voter, son intérêt pour la politique. Son dernier livre, La cour des miracles, est le carnet de campagne des dernières élections présidentielles. Michel Onfray raconte les présidentielles, depuis les primates de la droite et de la gauche, vue de sa fenêtre. Il ne le fait pas avec le dos de la cuiller et ose appeler un chat un chat, c’est dire si certains – voire beaucoup ! – en prennent pour leur grade. En plus de quatre-vingts chapitres nerveusement écrits, Onfray distribue les coups, ne trouvant guère d’excuses à une classe politique qui se situe au-delà même de la pure déception. Comme beaucoup de Français, Michel Onfray ne croit plus à la politique et à ses représentants. Il la juge comme une sorte de théâtre d’ombres n’ayant aucune prise sur le réel. Ce n’est pas que la classe politique soit corrompue ou malhonnête, c’est ailleurs que se situe le problème. Notre philosophe est persuadé que, depuis l’adoption du Traité de Maastricht en 1992 et l’arrivée massive de la mondialisation, la part essentielle des décisions politiques est prise à l’extérieur. Dans ces conditions, la politique devient un cirque où l’essentiel consiste à faire comme si. Ce tableau sans concession et un tantinet désespéré nous rappelle la fragilité de la démocratie, laquelle demeure, quoiqu’on en dise, « le pire des régimes à l’exception de tous les autres » (W. Churchill).

 

Michel Onfray, La cour des miracles, L’Observatoire, 2017, 376 pages, 17€

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Histoire Recensions

Byzance la secrète

Broché : 250 pages
Editeur : Perrin (11 mai 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262047812
ISBN-13 : 978-2262047818
Dimensions : 14 x 2,6 x 21 cm

 Byzance la secrète

Pour beaucoup, Byzance n’est plus qu’un nom, certes fleurant un certain exotisme oriental, mais guère plus. Byzance, Constantinople puis, en 1930, Istanbul… Autant dire qu’aussi bien dans les mémoires que les livres d’histoire il ne reste plus grand-chose d’une civilisation qui s’étale sur plus d’un millénaire, ce qui n’est pas rien. Pascal Dayez-Burgeon, qu’on attendait plus sur les deux Corées dont il est un spécialiste reconnu, signe ici un livre remarquable, s’adressant aussi bien aux néophytes qu’à des lecteurs exigeants. Plutôt que de s’embarquer dans une vaste somme relatant, règne après règne, les fastes et l’agonie de cet Empire d’Orient fondé par l’empereur Constantin, il a préféré procéder par des petites touches susceptibles d’aiguiser l’appétit du lecteur. Un chapitre est consacré à la ville de Constantinople (Constantinople est la ville-phare de l’empire byzantin), tel chapitre au redoutable feu grégeois, tel autre à la guerre des images ou à l’importance des femmes dans la succession impériale, singularité assez invraisemblable dans un univers oriental exclusivement dominé par la gent masculine. Pascal Dayez-Burgeon réhabilite la civilisation byzantine oubliée, pont d’importance durant des siècles entre un Occident à la recherche de son identité et un Orient déjà riche d’histoire. On oublie combien la civilisation byzantine, séduisante et complexe, fascinait nos ancêtres. Byzance la secrète démontre à l’envi la vocation universelle de l’univers de Byzance, un monde qui, aussi curieusement que cela paraisse, s’est trouvé confronté à des questions qui se posent aujourd’hui avec acuité : « despotisme ou bien public, fanatisme ou tolérance, laïcité ou religion d’Etat, croissance ou stabilité, ouverture d’esprit ou choc des civilisations, Orient ou Occident, guerre ou paix ? » Bref, un livre nécessaire.

 

Pascal Dayez-Burgeon, Byzance la secrète, Perrin, 2017, 318 pages, 21€

 

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Littérature Recensions

Le royaume de Sobrarbe : Journal 2005

Broché : 673 pages
Editeur : Fayard (5 novembre 2008)
Collection : LITT.GENE.
Langue : Français
ISBN-10 : 2213629897
ISBN-13 : 978-2213629896
Dimensions : 23,5 x 4,8 x 15,5 cm

 Le royaume de Sobrarbe : Journal 2005

Parmi l’œuvre foisonnante de Renaud Camus, l’écriture du journal, année après année, constitue une singularité. En plus de vingt ans, l’essayiste aura noirci des milliers de pages traçant et retraçant le cours de sa vie. Celle-ci, semblable à celle de tous les auteurs du même genre, n’a rien de singulier et de palpitant, il faut bien le reconnaître. La vie de Renaud Camus zigzague entre travail harassant – il mène de front l’écriture de plusieurs livres -, difficultés financières, voyages, relations avec les éditeurs, etc. Ce sont là des marronniers que l’on retrouve régulièrement dans le Journal de l’auteur. Alors, pourquoi prendre du temps à la lecture de ces volumes qui atteignent généralement les 600 pages ? S’ils ne sont guère passionnants, comment justifier que le lecteur y consacre autant de temps ? Deux raisons me paraissent justifier l’investissement. D’une part, la qualité du style, jamais prise en défaut. Renaud Camus, auteur des Répertoire des délicatesses du français contemporains est l’un de nos meilleurs stylistes et cela n’a pas de prix. La seconde raison de l’attachement à ce journal est que l’auteur, qui n’est pas à première vue un être atrabilaire, exhale son désamour du monde contemporain, univers qui a largué les amarres avec son histoire, sa culture et son être profond. Chez Camus, cette méfiance extrême à l’égard du monde moderne se lit à travers la constance des humeurs qui sourdent chez lui devant l’enlaidissement de nos paysages et la nocence, ce travers qu’il a constaté chez beaucoup et qui consiste à vivre comme si les autres n’existaient pas. La vacuité de l’époque, le culte de l’éphémère, ce constant bruit de fond d’un temps qui invite à la consommation et au divertissement généralisé constituent, pour l’auteur du Château de Sobrarbe, les éléments clés de la « décivilisation ».

 

Renaud Camus, Le royaume de Sobrarbe : Journal 2005, Fayard, 2008, 675 pages, 36€

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Actualités Recensions

Un racisme imaginaire

Broché: 272 pages
Editeur : Grasset (1 février 2017)
Collection : essai français
Langue : Français
ISBN-10 : 2246857570
ISBN-13 : 978-2246857570
Dimensions : 14 x 2,3 x 20,3 cm

 Un racisme imaginaire

La nature humaine est parfois curieuse. Si l’on considère l’histoire politique du siècle dernier, on constate que les ennemis de la démocratie ont toujours trouvé des alliés sincères dans l’autre camp. De tous les pays de l’Europe se sont levés des collaborateurs du nazisme. Quant au communisme, il bénéficiait, en Occident, de l’aide des compagnons de route. Rebelote avec ce que d’aucuns nomment le totalitarisme islamique. Souvent issus de la gauche extrême, des naïfs trouvent toutes sortes d’excuses aux terroristes, nouveaux damnés de la terre qui, dans la conscience des déçus du tiers-mondisme à la sauce socialiste, incarnent l’espérance jadis portée par une classe ouvrière désormais aux abonnés absents. « L’avenir retiendra qu’au XXI° siècle, précise Pascal Bruckner, une large fraction des intelligentsias occidentales pactisa avec le totalitarisme intégriste comme leurs aînés avaient communié avec le nazisme ou le communisme. » (p. 82) L’aliment premier de ce soutien est fourni par la culpabilité post-coloniale. A cause des prétendus péchés commis en Asie ou en Afrique au XIX° siècle, l’Europe n’en a pas fini avec sa mauvaise conscience. En conséquence, elle doit s’excuser, battre sa coulpe. Cela conduit à un embrouillamini intellectuel qui tend à trouver des excuses aux poseurs de bombes, à relativiser la haine qu’ils portent à l’Occident. L’auteur du Sanglot de l’homme blanc n’a pas de mots assez durs à l’égard des collaborateurs des terroristes qui poussent le relativisme jusqu’à ne pas choisir leur camp. Comme il l’écrit, l’anticolonialisme est devenu « le cache-misère des soldats désœuvrés du progressisme » (p. 186) L’essai de P. Bruckner n’est pas un brûlot contre l’islam. Au contraire, il appelle les musulmans à rouvrir les portes de l’interprétation afin de débarrasser leurs Ecritures des ruisseaux de sang qui les innervent. Le souhait est à saluer, mais sera-t-il suffisant ?

 

Pascal Bruckner, Un racisme imaginaire, Grasset, 2017, 256 pages, 19€