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Actualités Recensions

La longue montée de l’ignorance

Broché : 304 pages
Editeur : First (23 mars 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2412015511
ISBN-13 : 978-2412015513
Dimensions : 14 x 2 x 22,5 cm

 La longue montée de l’ignorance

Il n’est qu’à ouvrir ses yeux et ses oreilles pour se rendre compte de la menace qui vient. Jadis sournoise, elle avance aujourd’hui fièrement, revendiquant son absorption d’une partie de plus en plus importante de la population. Dans un ouvrage solidement étayé, Dimitri Casali revient sur les raisons et l’état des lieux de la catastrophe culturelle que connaît le pays depuis quelques dizaines d’années. Il n’a pas tardé à constater, effaré, les progrès de l’inculture, le manque d’appétit pour le savoir, la relégation aux marges de l’analyse critique et de la capacité d’une réflexion bâtie sur le temps long capable de s’affranchir des impératifs liés à la communication… Dans une première partie, l’auteur s’emploie à définir l’ignorance puis, dans une seconde, à placer celle-ci dans le cadre des nouvelles technologies. Il est vrai qu’Internet, avec ses encyclopédies en ligne, est sans doute un instrument efficace mais qui nuit à l’esprit critique, au raisonnement étayé, à la classification des arguments… bref, à tout ce qui permet de consolider une réflexion honnête et libre. Comment ne pas être d’accord avec le constat dressé par D. Casali : l’inexorable ascension d’une inculture fièrement revendiquée, à commencer dans certains médias qui galvaudent systématiquement la culture et ses expressions ? De même, comme l’auteur, il faut s’inquiéter de l’impérialisme des écrans et de l’imprégnation des réseaux sociaux sur la jeunesse, qui donne une fausse image du savoir, le ringardisant à outrance, et bâtissent la vie sur la seule exigence de l’utilitarisme. Cela dit, l’auteur se cantonne à un constat, ne donnant que rarement quelque possibilité d’échapper à l’invasion de la sottise. Autre faiblesse du livre : le lien religion et culture est trop sommairement traité. Le catholicisme a connu Torquemada, mais aussi saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, Mauriac et Bernanos. C’est dire ainsi le côté un peu superficiel de cette analyse.

 

Dimitri Casali, La longue montée de l’ignorance, First Editions, 2017, 256 pages, 16.95 €

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Histoire Recensions

La malédiction de Svetlana

Broché : 554 pages
Editeur : Albin Michel
Collection : LITT.GENERALE
Langue : Français
ISBN-10 : 2226328602
ISBN-13 : 978-2226328601
Dimensions : 22 x 3 x 15 cm

 La malédiction de Svetlana

Innombrables et souvent de qualité sont les biographies de Staline. Tous les pans de sa vie ont été maintes fois passés en revue. On en sait moins, en revanche, à propos de sa famille, de ses enfants surtout. La copieuse biographie que Beata de Robien a consacrée à la fille de Staline, Svetlana, vient combler un vide. En des chapitres courts, aidée d’un style nerveux, Beata de Robien fait entrer le lecteur dans l’intimité de la vie familiale du plus grand tyran du XX° siècle. Chose assez curieuse, les premières années montrent en Staline un père attentionné, capable de se montrer tendre à l’égard de sa dernière-née, sentiment qu’il n’a pas montré avec ses fils Iakov et Vassili. Un attachement réciproque tisse des liens d’affection entre le maître du Kremlin et sa fille chérie. Mais la paranoïa qui saisit le dictateur à la fin des années 1930 sonne le glas de cette  liaison. Les tensions qui saisissent l’Urss ont à la longue un effet délétère sur une Svetlana qui, dans sa vie privée, connaît échecs et désillusions. Au milieu de ses aventures galantes, après plusieurs mariages qui sont autant d’échecs, elle réalise qui est vraiment son père et ce à quoi ressemble l’Urss : une vaste prison à ciel ouvert dans laquelle la vie d’un homme ne vaut pas un kopeck. Profitant d’un séjour en Inde, en 1964, elle décide de rompre définitivement avec sa patrie pour demander l’asile politique aux Etats-Unis. Son histoire américaine ressemble à la vie qu’elle menait jadis en Union soviétique. A la fois instable, colérique et généreuse, elle s’enferre dans une vie quotidienne d’une absolue médiocrité. Quatre mariages ratés et trente-sept déménagements montrent à quel point le bonheur n’était pas fait pour Svetlana.

Le récit très documenté de Beata de Robien montre à quel point une malédiction s’est attachée à tous ceux qui fréquentaient de près Staline. Le bonheur les fuyait constamment.

 

Beata de Robin, La malédiction de Svetlana, Albin Michel, 2016, 553 pages, 24 €

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Actualités Recensions

Scènes de la vie intellectuelle en France

Broché : 240 pages
Editeur : L’artilleur (26 octobre 2016)
Collection : TOUC.ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810007373
ISBN-13 : 978-2810007370
Dimensions : 14,2 x 2 x 22 cm

 Scènes de la vie intellectuelle en France

Beaucoup de vérités ne sont pas bonnes à dire. Dès que l’on ose sortir des sentiers balisés par le politiquement correct, toute une meute se lance à vos trousses. Sus à l’outrecuidant qui se permet d’écrire ou de dire ce qui contrevient aux intérêts des rentiers du conformisme. Dans son livre Scènes de la vie intellectuelle en France, André Perrin revient sur quelques affaires qui ont défrayé la chronique depuis l’an 2000. Il en a retenu les plus symptomatiques, celles qui illustrent magnifiquement cette difficulté à débattre en toute sérénité. L’historien Sylvain Gouguenheim a été livré à la vindicte par ce qu’il avait le toupet de relativiser l’apport arabe dans la transmission des grands textes de l’Antiquité ; il ne fallait pas oublier le rôle des moines en Occident, eux qui n’avaient eu de cesse de traduire Aristote ou Galien. S. Gouguenheim attribuait une attention particulière au travail de traduction de Jacques de Venise, dont le rayonnement avait été assuré par les abbés du Mont-Saint-Michel. Autre lieu, autre affaire et même déni des réalités : les réactions offusquées ayant suivi le discours prononcé par le pape Benoît XVI à Ratisbonne, en septembre 2006. D’un texte dense et d’une indéniable hauteur de vue, la presse n’avait retenu que les trois ou quatre lignes dans lesquels le pape soulignait une certaine violence inhérente à l’islam. Encore ne le faisait-il qu’en rapportant les propos de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue.  André Perrin aligne ainsi une dizaine d’affaires qui témoignent d’une vraie difficulté à débattre hors des sentiers battus. Il souhaite tordre définitivement le cou à « des attitudes et des procédés qui rendent impossible un vrai débat » (p. 19), une sorte d’inquisition qui condamne un penseur simplement sur son nom. Dans le pays de Voltaire, a-t-on peur du débat ?

 

André Perrin, Scènes de la vie intellectuelle en France, L’Artilleur, 2016, 239 pages, 20 €

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Histoire Recensions

S.P.Q.R. Histoire de l’ancienne Rome

Broché : 590 pages
Editeur : Perrin (13 octobre 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262048711
ISBN-13 : 978-2262048716
Dimensions : 16,7 x 4,4 x 24,1 cm

 S.P.Q.R. Histoire de l’ancienne Rome

Encore une histoire de la Rome antique ! Oui, sans doute, mais une histoire qui ajoute et qui précise. Après avoir passé cinquante ans de sa vie à étudier l’histoire de la Rome républicaine et impériale, l’universitaire britannique Mary Beard a éprouvé le besoin de synthétiser le fruit de son travail dans un épais volume retraçant de façon originale une histoire s’étalant sur sept à huit siècles. Manque ici les trois derniers siècles, soit le Moyen et le Bas-Empire. Si l’historienne achève son livre sur la liste des quatorze premiers empereurs, c’est que les gouvernements de ces derniers ont duré plus longtemps que les règnes éphémères de leurs successeurs et que Rome, en tant que capitale, brillait encore de ses mille feux. On sait qu’ensuite elle a décliné, passant la main à Constantinople et à Ravenne. En retraçant l’histoire de Rome depuis sa fondation par les jumeaux Remus et Romulus jusqu’au fameux édit de Caracalla (milieu du III° siècle) accordant la citoyenneté romaine à tous les sujets libres de l’empire, Mary Beard offre un panorama d’une richesse insoupçonnée. Alternant histoire politique, militaire, sociale, économique et quotidienne, il nous semble que l’auteur tente de recréer le monde romain de la façon la moins inappropriée. Lorsqu’elle relate les luttes de fonctions lors des dernières années de la République finissante, qu’elle évoque l’étroitesse des rues, la saleté et le bruit qui y règne, difficile de ne pas songer à la remarquable série d’HBO, Rome. La ville de Rome ressemblait-elle à ce qu’en dit Mary Beard, difficile de savoir ? Néanmoins, l’érudition de l’auteur, aidée par une bonne centaine d’illustrations et un appareil critique conséquent en fin d’ouvrage, permet d’affirmer que nous tenons là un des meilleurs livres écrits sur Rome durant ces années passées.

 

Mary Beard, S.P.Q.R. Histoire de l’ancienne Rome, Perrin, 2016, 591 pages, 26 €

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Les vrais ennemis de l’Occident

Broché : 560 pages
Editeur : L’artilleur (26 octobre 2016)
Collection : TOUC.ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810007276
ISBN-13 : 978-2810007271
Dimensions : 14 x 4,5 x 22 cm

 Les vrais ennemis de l’Occident

Sous-titré Du rejet de la Russie à l’islamisation des sociétés ouvertes, le dernier livre d’Alexandre Del Valle vise à alerter une opinion occidentale assoupie des menaces que font peser sur la liberté les groupes affiliés au djihadisme international. Ces derniers sont très nombreux ; on en connaît les plus célèbres grâce aux crimes de masse qu’ils n’hésitent pas à perpétrer : Al-Qaïda, Front al-Nosra et ainsi de suite. Ces divers groupes constituent une internationale du terrorisme dont le but assumé et d’imposer sur terre l’ordre islamique avec, pour point d’appui principal, l’application stricte de la Charia. C’est sans compter sur les bailleurs de fonds de ces divers groupes que sont tous ces Etats avec lesquels les pays occidentaux continuent, comme si de rien n’était, à faire des affaires, Arabie saoudite et Qatar en tête. Disposant de pétrole et de gaz à profusion, ces derniers, quoique volontiers immergés dans la société de consommation, constituent ce que l’auteur appelle les grands pôles du totalitarisme islamiste. Le livre très fouillé d’A. Del Valle montre à quel point les ennemis de l’Occident sont déterminés. Entraînés par une logique folle, ils n’entendent laisser d’autre choix que la conversion ou la mort. Ici, ils se sentent appuyés par des coreligionnaires qui n’ont nulle envie de s’assimiler et pour qui les mots République ou laïcité ne signifient rien. Non content d’identifier clairement la menace, l’auteur tente, dans une dernière partie, de redonner espoir en proposant des pistes d’action. Ces dernières sont très diverses, allant d’un partenariat avec la Russie jusqu’au développement d’énergies alternatives susceptibles de nous affranchir de la dépendance saoudienne ou qatarie. Mais l’essentiel réside peut-être ailleurs : dans la capacité à faire aimer la France, pays d’accueil et terre riche d’un patrimoine séculaire. Un livre qui alerte et enrichit la réflexion.

 

Alexandre Del Valle, Les vrais ennemis de l’Occident, L’Artilleur, 2016, 549 pages, 23 €

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Actualités Recensions

Le crépuscule des idoles progressistes

Broché : 300 pages
Editeur : Stock (1 février 2017)
Collection : Essais – Documents
Langue : Français
ISBN-10 : 2234079810
ISBN-13 : 978-2234079816
Dimensions : 13,5 x 2 x 21,5 cm

 Le crépuscule des idoles progressistes

Décidément, la France aime les idées et les batailles d’idées. Il y a peu, les observateurs soulignaient la fin de la querelle gauche – droite au prétexte que les frontières idéologiques avaient cédé devant l’individualisme et la consommation. L’ouvrage de Bérénice Levet, confirmé par tant d’autres livres, d’articles et d’interviews, remet avec force les pendules à l’heure : non, le débat d’idées n’est pas mort. S’adaptant et se renouvelant au gré des fluctuations de la société, il reprend des couleurs. La meilleure preuve en est les élections présidentielles, les deux candidats épousant de près la doxa propre à leur camp, progressiste d’un côté, réactionnaire de l’autre. Mondialisation, culte du progrès, ouverture à l’autre, à gauche ; défense des identités, amour de la tradition, volonté de ne pas se faire submerger, à droite. Mais, comme le fait remarquer Bérénice Levet, les situations de départ n’étaient pas les mêmes, la gauche ayant, depuis 1945, préempté les fruits idéologiques d’un débat déserté pour partie par une droite enchevêtrée dans le marais de la Collaboration. Misant sur l’appauvrissement d’une pensée autrefois largement dominante, l’auteur alimente les ressorts des vieilles « passions françaises » (Theodor Zeldin). L’enracinement de l’homme, la transmission du passé, l’assignation d’un rôle majeur dévolu à l’école, le droit des peuples à la continuité historique, telles sont les idées fortes que porte Le crépuscule des idoles progressistes. Dans une société aussi atomisée que la nôtre, il vaut la peine de se pencher sur des questions dont, esprit partisan ou pas, tout citoyen sérieux ne saurait faire l’économie. Estimant que le progressisme « a programmé l’obsolescence de l’être occidental », B. Levet postule la venue d’un citoyen capable de s’enthousiasmer pour l’héritage civilisationnel dont il est porteur. En ces temps portés au nihilisme, un livre à considérer avec le plus vif intérêt.

 

Bérénice Levet, Le crépuscule des idoles progressistes, Stock, 2017, 265 pages, 19.50 €

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Recensions Religion

Allons aux faits

Broché : 256 pages
Editeur : Gallimard (3 octobre 2016)
Collection : HORS SERIE CONN
Langue : Français
ISBN-10 : 2072699363
ISBN-13 : 978-2072699368
Dimensions : 20,5 x 2,1 x 14 cm

 Allons aux faits

Pourquoi ce livre ? Régis Debray en donne la raison en 4ème de couverture : « En me donnant un micro pour deux séries d’interventions, l’une sur l’histoire, l’autre sur la religion, France Culture m’a permis de résumer et clarifier les travaux que je mène depuis maintes années sur diverses affaires temporelles et spirituelles. » Voilà pour le cadre. En effet, pour qui suit à peu près régulièrement Régis Debray, les sujets abordés dans Allons aux faits saisissent à frais nouveaux ses thèmes de prédilection : l’histoire du politique et de l’art, le sacré, la croyance, Dieu, la religion, etc. Soit une douzaine de chapitres dans lesquels l’auteur de Jeunesse du sacré n’hésite pas à renverser les perspectives, à bousculer des schémas que l’on croyait fermement assurés. Avec Régis Debray, et c’est son intérêt essentiel nous semble-t-il, tout est mouvant, tout prête à discussion, rien n’est figé. Il faut ici citer le sous-titre, qui est tout un programme et qui révèle la tournure d’esprit d’un intellectuel de haute volée toujours prêt à ébranler les fondations, à gratter le vernis afin de mieux voir l’essence des choses : « Croyances historiques, réalités religieuses ». Pour R. Debray, ce n’est pas un oxymore ou alors c’en est bien un, mais qui ouvre sur une réalité multiple et diffuse. Regardez, dit-il, combien les croyances sont essentielles pour l’histoire ; il n’est qu’à voir l’histoire de l’empereur Constantin par qui le christianisme a gagné le droit de citer au sein de l’Empire romain. Quant à la religion – qui n’est pas à confondre avec la foi ou la croyance -, elle est une réalité plus solidement ancrée que ne le croit l’occidental, lui qui a rompu avec le monde de la tradition. Feu d’artifices intellectuel, Allons aux faits constitue une excellente analyse d’une époque durant laquelle, selon l’expression du philosophe Zygmunt Bauman, tout devient liquide.

 

Régis Debray, Allons aux faits, Gallimard, 2016, 254 pages, 18€

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Histoire Recensions

Une histoire du Brésil

Broché : 480 pages
Editeur : Perrin (25 février 2016)v Langue : Français
ISBN-10 : 2262037507
ISBN-13 : 978-2262037505
Dimensions : 15,5 x 3,6 x 24 cm

 Une histoire du Brésil

Qu’il est bon de temps à autre de porter son regard au-delà des frontières de l’Europe, de s’intéresser à une histoire qui n’est pas la nôtre. Par conséquent, autant dire que cette histoire du Brésil est la bienvenue. Attention au titre ! Il s’agit d’Une histoire du Brésil, et non de l’histoire du Brésil. L’auteur, Michel Faure, a pris une option : considérer l’histoire cet immense pays sous un angle essentiellement politique. On ne lira pas cette histoire sans avoir cette précision à l’esprit. Peu de choses sur l’évolution économique et sociale, sur la place de la religion ou sur la vie culturelle, mais le panorama circonstancié et détaillé de l’évolution chaotique de régimes successifs, de la Vieille République aux tempêtes successives essuyées par l’actuelle présidence de Dilma Roussef, en passant bien sûr par l’Ordo Novo de Vargas. Le tableau dressé par Michel Faure laisse une impression assez curieuse. Il est tout de même étonnant qu’un pays aussi grand, disposant d’atouts aussi nombreux, ait du mal à devenir la grande puissance bénéficiaire des bienfaits dont l’a pourvues la nature. L’auteur décrit un certain nombre de points très positifs, le premier étant l’implantation de la démocratie en dépit d’une opposition puissante. En dépit de difficultés très sérieuses (inégalités sociales et économiques colossales, problèmes écologiques, criminalité galopante, insuffisance des structures…), le Brésil semble avoir plutôt bien négocié son entrée dans le XXI° siècle. Si certains, ici, considèrent avec horreur le mélange des populations propres au Brésil, au point d’avoir inventé un néologisme : la brésilianisation, l’important c’est le regard que portent les natifs sur leur patrie : une force encore indolente, géant endormi qui doit encore se débarrasser de ses pieds d’argile pour asseoir toute sa puissance.

 

Michel Faure, Une histoire du Brésil, Perrin, 2016, 441 pages, 24.90€

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Actualités Recensions

Notre ennemi, le capital

Broché : 320 pages
Editeur : FLAMMARION (11 janvier 2017)
Collection : CLIMATS NON FIC
Langue : Français
ISBN-10 : 2081395606
ISBN-13 : 978-2081395602
Dimensions : 21 x 2 x 13,7 cm

 Notre ennemi, le capital

En dépit de tous les défauts qu’on lui connaît, on ne voit pas ce qui pourrait, non pas mettre fin, mais au moins atténuer l’impérialisme du système capitaliste. Comme le rappelle la phrase du philosophe slovène Slavoj Zizek figurant sur la jaquette du livre de Jean-Claude Michéa : « Il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Intellectuel de gauche, enrageant devant les reculades incessantes des gouvernements de gauche face aux dégâts de la mondialisation libérale, Jean-Claude Michéa ne cesse de rompre des lances avec le capitalisme d’aujourd’hui, ce capitalisme financier, prédateur et glouton, celui qui violente l’identité des peuples et leurs traditions. Au départ, il s’agissait pour l’auteur de répondre à des questions qui lui avaient été posées par un site internet tenant pour la décroissance. A la manière des rares auteurs qui ajoutent plus de pages dans les notes que dans le corps principal du texte, l’auteur a ajouté à ses réponses ce qu’il appelle des scolies, notes servant à aller plus loin. Notre ennemi, le capital dit l’ensemble des raisons qui poussent Jean-Claude Michéa à détester le système capitaliste. Ce faisant, il réhabilite des penseurs qui, depuis quelques décennies, avaient été tenus pour quantité négligeable : les socialistes utopistes français et Marx en particulier. Mais, en définitive, ce qui apparaît, c’est la conjonction intellectuelle qui unit un homme de gauche comme Michéa à un intellectuel de droite comme Alain de Benoist, tous deux partisans d’un retour aux limites et à la raison. Une union plus utile que jamais face à celle qui rassemble, comme le rappelait il y a peu Jacques Julliard, les fidèles « les pages saumon du Figaro et les pages arc-en-ciel de Libération. »

Jean-Claude Michéa, Notre ennemi, le capital, Flammarion, 2017, 316 pages, 19€

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Actualités Recensions

Plus rien à faire, plus rien à foutre

Broché : 198 pages
Editeur : Robert Laffont (23 février 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2221198662
ISBN-13 : 978-2221198667
Dimensions : 13,6 x 1,8 x 21,6 cm

  » Plus rien à faire, plus rien à foutre  »

Pour simplifier et sacrifier aux besoins de sa démonstration, Brice Teinturier, directeur de l’Institut Ipsos, a choisi de nommer « PRAFistes » ainsi tous ces Français qui, au mieux sont devenus totalement indifférents à la vie politique ou, au pire, hésitent entre résignation et colère. Ce que l’auteur appelle de l’appellation un peu obscure de « PRAF attitude » est constituée par une force qui monte inexorablement au sein du corps électoral : ces citoyens dégoûtés par la droite et la gauche mais qui ne sont pas prêts à rejoindre les rangs du Front National et qui expriment un sentiment de rejet profond à l’égard de l’ensemble de la classe politique. Plutôt que de s’arrêter à ce titre racoleur, mieux vaut insister sur le sous-titre : « La vraie crise de la démocratie ». Alors que le peuple français s’apprête à élire le prochain Président de la République puis de nouveaux députés, comment ne pas être effaré devant cette dissidence larvée de plusieurs millions d’électeur que Brice Teinturier place en toile de fond ? Dans une première partie, l’auteur passe en revue ce qu’il appelle les racines du mal : les mutations d’une information qui fait du sensationnel un principe de base, le manque de résultats des politiques publiques, le rejet d’une fiscalité qui frappe de plein fouet les classes moyennes, une classe politique manquant singulièrement de vision. Le diagnostic dressé par l’auteur est imparable ; nous vivons dans une « société d’exaspération où l’exigence de liberté individuelle prévaut de plus en plus ouvertement sur le souci de l’intérêt général. » (p. 179) Pour lutter contre l’attitude désabusée de ceux qui « n’en ont plus rien à faire », on pourrait compter sur divers leviers. Des politologues travaillent sur une autre forme de démocratie, tantôt l’une donnant un rôle premier aux experts, tantôt une autre faisant des citoyens des leviers d’action susceptibles d’adopter ou de défaire la loi, etc. Comme on l’entend parfois, une autre façon de faire de la politique est possible, mais le temps presse.

 

Brice Teinturier, « Plus rien à faire, plus rien à foutre », Robert Laffont, 2017, 198 pages, 18€