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Portraits Recensions

Maurice Druon, le partisan

Broché: 258 pages
Editeur : CERF EDITIONS (2 octobre 2014)
Collection : BIB CERF
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102679
ISBN-13 : 978-2204102674
Dimensions : 21,5 x 2,1 x 14 cm

 Maurice Druon, le partisan

De tous ceux qui, depuis quelques décennies, se sont succédé au Ministère de la Culture, Maurice Druon demeure l’un des plus connus. Parfois contestée car taxée de conservatisme, son action s’inscrit durablement dans le paysage culturel français car elle a su reposer sagement sur un classicisme de bon aloi qui, cependant, ne craignait pas la nouveauté. Hervé de Boisbaudry et le P. Philippe Verdin retracent avec verve la vie de l’auteur des Rois maudits, écrivain et serviteur de l’Etat. C’était au temps – les années 1970 – où les ministres de la Culture – les Malraux, Duhamel, Druon – lisaient encore des livres…

Résistant de la première heure, parti tôt rejoindre les rangs gaullistes à Londres, co-auteur avec son oncle Joseph Kessel du Chant des partisans, Maurice Druon se fait remarquer par son amour de la liberté et sa puissance de travail. Après la guerre, il donne libre cours, tel un nouvel Alexandre Dumas, à son imagination épique. En 1955 il publie une œuvre destinée à demeurer et qui, adaptée deux fois à la télévision, sera traduite dans de nombreuses langues : Les rois maudits. Historien, romancier, essayiste, sa force de travail semble, en ces décennies 1950-1960, inassouvie. Gaulliste, observateur de la société française, angoissé devant le désarroi de l’Occident, c’est dans l’idée qu’il se fait de la culture occidentale qu’il trouve des raisons d’espérer : le beau et le vrai ne peuvent mourir.

Comme le soulignent les auteurs, Maurice Druon pouvait paraître outrecuidant et vantard, amoureux des honneurs et infatué de lui-même. Il y a du vrai dans ce jugement. Toutefois, c’est oublier que, parti de peu, il s’était fait lui-même à force d’obstination et de travail. Après la gloire littéraire et son élection à l’Académie française – il en a été longtemps le secrétaire perpétuel -, après la politique, la fin de sa vie fut consacrée à la défense de la langue française. « Il récusait, soulignent les auteurs, l’alignement de la langue sur l’évolution des idées et des mœurs et surtout la certitude que l’usage finit toujours par l’emporter et moderniser de manière naturelle et non autoritaire la langue ».

 

Hervé du Boisbaudry & Philippe Verdin, Maurice Druon. Le partisan, Cerf, 2014, 258 pages, 15 €

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Recensions

Dictionnaire Victor Hugo

Broché : 483 pages
Editeur : PERRIN (4 septembre 2014)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262040923
ISBN-13 : 978-2262040925
Dimensions : 21 x 3,1 x 14 cm

 Dictionnaire Victor Hugo

Si Victor Hugo est certainement moins connu et célébré qu’il l’était il y a quelques décennies, il demeure un monument de la littérature française. Jean-Pierre Langellier a réalisé un travail de bénédictin qui consistait à lire ou à relire toute l’œuvre de l’immense poète et romancier qu’était Hugo et d’en tirer le meilleur. Bien sûr, tout Hugo est destiné à rester à la postérité ; il n’empêche que ce même tout ne se vaut pas. C’est donc des milliers de pages qu’a dû lire Jean-Pierre Langellier pour constituer ce dictionnaire. Quand on connaît la prolixité d’Hugo, on imagine sans peine le travail : lire, relire, annoter pour ne conserver que le meilleur. Hugo était un titan, un géant de l’écriture, le père prolifique qui a donné naissance à des dizaines de milliers de pages. Son ambition, sous ce rapport, était haute : « Voltaire, écrit Hugo à un ami, a résumé dans son œuvre le XVIII° siècle, je résumerai le XIX° . » Il ne faut pas s’étonner, dans ces conditions, de le voir traiter les sujets les plus divers. S’intéressant à tout, au passé comme au présent, se démenant contre un Second Empire qu’il ne peut supporter, il apparaît ici dans toute sa démesure. Cette boulimie qui lui joue des tours et lui fait commettre des impairs, le rendant insupportable à certains, mais faisant d’Hugo l’un des grands hommes du XIX° siècle. Plus qu’écrivain, il est compositeur, disloquant ici l’alexandrin, dynamitant là les règles de la strophe.

Les entrées choisies par Jean-Pierre Langellier sont classées en deux parts égales : les noms communs suivis des noms propres, le tout par ordre alphabétique. Dans la multitude des sujets qui l’ont passionnée, la religion revient souvent. Si Hugo est anticlérical, il déclare croire en Dieu à de nombreuses reprises. Sa foi n’est pas toujours orthodoxe et pauvre demeure sa théologie de l’incarnation. Reste quand même l’essentiel : « Une foi, écrit-il dans Les Misérables, c’est là pour l’homme le nécessaire. Malheur à qui ne croit rien ! »

 

Jean-Pierre Langellier, Dictionnaire Victor Hugo, Perrin, 2014, 496 pages, 24 €

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Biographies Recensions

Himmler

Broché : 920 pages
Editeur : Editions Héloïse d’Ormesson (28 octobre 2010)
Langue : Français
ISBN-10 : 2350871371
ISBN-13 : 978-2350871370
Dimensions : 24 x 4,7 x 15,5 cm

 Himmler

Ce gros pavé signé de l’historien allemand Peter Longerich porte un sous-titre qui en dit long : « L’éclosion quotidienne d’un monstre ordinaire ». Monstre ordinaire ! Nous pourrions plutôt dire « extraordinaire », Himmler étant sans conteste l’un des plus grands assassins du siècle dernier, ayant à son actif direct le meurtre rationnellement programmé de plusieurs millions de juifs européens, sans compter les tsiganes, homosexuels, opposants politiques, résistants… Chef tout-puissant de la Gestapo et de la SS, Himmler portait un titre unique, celui de Reichführer, en tout état de cause successeur putatif d’Adolf Hitler.

L’ouvrage de Peter Longerich est moins un portrait psychologique d’Himmler que la description de la mécanique qui allait noyer dans le sang une partie notable de l’Europe. On peut regretter qu’une aussi copieuse biographie ne se penche pas suffisamment sur l’évolution personnelle d’un homme falot en criminel omnipotent. Cette réserve faite, comment ne pas applaudir le monumental travail réalisé par l’auteur ?

Au fond, la vie d’Himmler ressemble à la plupart de celle des chefs nazis : ce sont les circonstances qui, pour l’essentiel, expliquent la venue au pouvoir de ces hommes généralement médiocres. Ce sont également les circonstances qui poussent Himmler à la mégalomanie et à ses délires raciaux. Comment lui, catholique pieux à la fin de l’adolescence, glissa peu à peu dans des délires racistes ? Bien plus que son mentor, c’est Himmler qui alla le plus loin dans la volonté d’édifier un homme nouveau, en s’appuyant sur l’antique mythologie nordique et la folle nécessité de la pureté du sang. C’est à Himmler et à ses affidés qu’on doit l’idée folle, inventée peu à peu, de créer une race de seigneurs soumettant à l’esclavage les peuples d’Europe. « Ce qui se dessine en 1942, c’est une utopie d’une brutalité, d’une inhumanité inégalées, où tout est dorénavant possible au nom du pouvoir. Une utopie qui porte la marque très personnelle d’Himmler… » (p. 555).

Agrémentée de quelques photos rarement publiées, enrichie de notes d’une exceptionnelle densité, la biographie écrite par P. Longerich porte la marque des grands livres. Sur ce sujet, il sera dorénavant très difficile d’aller aussi loin que lui.

 

Peter Longerich, Himmler, Editions Héloïse d’Ormesson, 2010, 917 pages, 30 € (disponible en Poche, 12€)

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Histoire Recensions

1916

Broché : 376 pages
Editeur : PERRIN (23 octobre 2014)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262030367
ISBN-13 : 978-2262030360
Dimensions : 21 x 2,9 x 14 cm

 1916

La plume vive et aiguisée de Jean-Yves Le Naour donne l’occasion de revisiter la Première Guerre Mondiale année par année. Ce 1916 est bien sûr le troisième volume d’une série qui, d’évidence, devrait en comporter cinq, à moins que l’historien ne décide de porter plus loin son regard, c’est-à-dire sur l’année 1919, celle des traités de paix, époque d’une importance capitale pour la compréhension du XX° siècle.

Facile et plaisant à lire, 1916 – L’enfer relate l’essentiel d’une année qui marque un certain statu quo, tant à l’Est qu’à l’Ouest. Jean-Yves Le Naour s’intéresse peu à la périphérie ; tout juste a-t-il quelques mots un peu dédaigneux à l’égard de l’épopée de Lawrence d’Arabie, lequel commence alors à rassembler une partie des tribus arabes pour chasser l’envahisseur turc. L’essentiel se passe à l’Ouest, l’année 1916 étant celle de Verdun et de la Somme, deux batailles gigantesques, une attaque allemande et la seconde alliée, qui n’auront d’autre résultat que de faire tuer un nombre considérable de soldats. En effet, malgré les pilonnages d’artillerie, il suffit de quelques hommes autour d’une mitrailleuse pour stopper les offensives les mieux préparées. Comme le rappellent les militaires les plus lucides : le feu tue. C’est la raison pour laquelle un Pétain se refuse à ces offensives aussi coûteuses qu’inutiles. Seule l’arrivée des Américains et des chars permettra d’opérer la guerre de mouvement, seule possibilité d’en finir avec l’enfer des tranchées.

Je l’ai dit, cette synthèse se lit plaisamment. Pourtant, elle ne réussit pas à éviter certains écueils. Pourquoi, par exemple, aussi peu de place à la bataille du Jutland, de loin la plus grande confrontation navale de la guerre ? Pourquoi peu de choses sur l’enfer, dans ce qu’il y a de plus concret, de plus terre à terre, vécu par le simple soldat, dans l’univers sordide et impitoyable des tranchées ? Il nous semble que l’auteur accorde trop d’importance aux manœuvres des coulisses, celles qui opposent entre eux des généraux jaloux et divisent les politiciens. S’il est vrai que l’Union Sacrée ne fut pas un long fleuve tranquille, il n’en reste pas moins qu’elle réussit à cimenter une nation qui, peu de temps avant 1914, ressemblait plus à un agrégat qu’à un corps uni.


Jean-Yves Le Naour, 1916. L’enfer, Perrin, 2014, 374 pages, 23 €

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Recensions Religion

A quoi sert un chrétien ?

Broché : 273 pages
Editeur : Cerf (30 octobre 2014)
Collection : EPIPHANIE
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102954
ISBN-13 : 978-2204102957
Dimensions : 21 x 2,2 x 13,5 cm

 A quoi sert un chrétien ?

Il y avait longtemps qu’un ouvrage comme celui-ci n’avait pas vu le jour, je veux dire un livre s’interrogeant sur la santé actuelle de l’Eglise catholique et les réponses qu’elle peut apporter à son déclin en Occident. Jean-Guilhem Xerri a su relever le défi, mettant en avant ce que révélait de positif la crise actuelle et en donnant des raisons d’espérer.

Dans les premiers chapitres, faisant l’état des lieux de l’Eglise en Occident, il ne mâche pas ses mots, relevant ici les attaques dont la foi chrétienne est régulièrement l’objet, déplorant là le fait que de nombreux catholiques ne sont plus véritablement chrétiens. L’exculturation du catholicisme, relevé naguère par Danièle Hervieu-Léger, n’est pas une vue de l’esprit : le programme est en partie réalisé car, explique l’auteur, « plus la modernité se développe, plus la religion se rétracte » (p. 39). Cela dit, c’est à la fin d’un christianisme que nous assistons, non à la fin du christianisme. Un christianisme de compagnonnage peut se substituer à un christianisme d’autorité. Pour ce faire, Jean-Guilhem Xerri pointe trois préalables : ne pas se laisser absorber par la peur du déclin, considérer que l’effondrement de la culture et de la morale chrétiennes oblige à se proposer le cœur de la Révélation – la mort et la résurrection du Christ – et comprendre que la transmission peut se faire autrement que dans le seul rapport à la verticalité. Une vraie vie chrétienne doit reposer sur ces deux piliers que sont une vie intérieure de qualité, en relation étroite avec le Christ, et un esprit de charité qui donne envie. Donner envie ! Dans une époque ravagée par la perte de sens, n’est-ce pas ce à quoi tout chrétien est appelé ? Cette envie, c’est dans une alliance permanente entre prière et charité qu’il faut la chercher.

Ne nous leurrons pas : A quoi sert un chrétien ? n’est pas un livre de recettes. Il appelle simplement à se mettre dans des dispositions favorables, pour recevoir la Parole et comprendre le cœur de la foi, pour accueillir l’autre dans une relation de service et de fraternité. Cela n’a rien à voir avec un quelconque christianisme triomphant ou une volonté de revanche de la sécularisation.

 

Jean-Guilhem Xerri, A quoi sert un chrétien ?, Cerf, 2014, 274 pages, 20 €

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Histoire Recensions

Considérations sur Hitler

Broché: 214 pages
Editeur : PERRIN (2 octobre 2014)
Langue : Français
ISBN-10: 2262043817
ISBN-13: 978-2262043810
Dimensions : 21 x 1,8 x 14 cm

 Considérations sur Hitler

Les Editions Perrin ont eu l’excellente idée de publier ces Considérations sur Hitler, éditées la première fois en Allemagne en 1978. Militant antinazi, Sebastian Haffner a quitté le III° Reich pour se réfugier en Grande-Bretagne. C’est bien plus tard qu’il s’est décidé à écrire ces Considérations, un livre assez étrange en vérité car très éloigné des codes de la biographie classique. C’est un peu comme si l’auteur réfléchissait devant le lecteur à voix haute. Cela suppose de sa part une mise à distance appropriée ; par exemple, aucun désir de dresser un portrait psychologique du dictateur, labeur que l’auteur laisse aux historiens.

En sept chapitres (Vie – Réalisations – Succès – Erreurs – Fautes – Crimes – Trahison) écrits avec une grande liberté de ton, S. Haffner évoque les hauts et les bas, les réussites, les forfaits et les horreurs du régime enfanté par celui qui, au sortir de l’adolescence, était davantage promis à la carrière d’un médiocre peintre qu’à celle de dictateur. Haffner montre avec conviction les talents d’Hitler. On aurait tort de faire de ce dernier un médiocre si l’on considère que, parti de rien, il devient en quelques années le maître omnipotent du plus puissant pays d’Europe. Beaucoup ont sous-estimé Hitler et s’en sont mordus les doigts. Une fois au pouvoir, tout a semblé lui réussir. Comment ne pas être impressionné par le redressement économique qui, grâce à ses intuitions, parce qu’il savait s’entourer de gens compétents, a fait du III° Reich le géant de l’Europe ? Le problème, insiste Haffner, c’est qu’Hitler ne pouvait rester dans ce statu quo. Deux questions hantaient le personnage, deux questions qui devenaient chez lui de véritables obsessions : l’extermination des juifs et la domination de l’Est de l’Europe, la Russie en particulier. Ces points de fixation ont entraîné la chute de l’Allemagne. Pire, soutient Haffner, voyant lui échapper la domination sur l’Europe dès la fin 1942, Hitler se concentra sur le second but : la liquidation du peuple juif.

Au fond, insiste l’auteur dans sa conclusion – tel est l’objet du chapitre intitulé « Trahison » -, Hitler a eu du mépris pour le peuple allemand qu’il a tiré vers le gouffre. Il a été déçu par un peuple qui, à ses yeux, n’était pas prêt aux sacrifices colossaux que sa pensée mégalomaniaque imposait. Au cours des dix dernières années de sa vie, Hitler a méprisé ses compatriotes, « n’en recherchant plus le contact, devenant de plus en plus indifférent à leur sort et finalement retournant même contre eux sa volonté destructrice » (p.187). Une étude originale et éclairante.

 

Sebastian Haffner, Considérations sur Hitler, Perrin, 2014, 214 pages, 17.90 €

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Histoire Recensions

Les batailles qui ont changé l’histoire

Broché: 395 pages
Editeur : PERRIN (11 septembre 2014)
Langue : Français
ISBN-10: 2262037582
ISBN-13: 978-2262037581
Dimensions : 24 x 3,2 x 15,5 cm

 Les batailles qui ont changé l’histoire

A la suite d’un John F. Charles Fuller (Les batailles décisives du monde occidental) ou d’un John Keegan (Anatomie de la bataille), Arnaud Blin a choisi de décortiquer onze batailles qui, à ses yeux, ont bouleversé le sens de l’histoire. Contrairement à ses illustres devanciers qui ont opéré un choix suivant une certaine logique, Arnaud Blin pense au contraire que la part du hasard est essentielle, qu’il n’y a pas lieu à chercher du sens là où il n’y en pas. Tout au plus peut-on dire qu’il a retenu des batailles revêtant un caractère incertain et aléatoire : il n’était en effet pas certain que l’Armée Rouge l’emporte sur l’Armée allemande à Stalingrad (1943) ni que les mamelouks battent les mongols à Ain-Jalut (1260). Les batailles exposées ici revêtent-elles toutes le caractère décisif que leur attribue l’auteur ? Oui et non. Pour importantes qu’ont été leurs conséquences, une bataille demeure, le plus souvent, l’affaire d’une journée. Le résultat d’un tel affrontement est généralement plus la conséquence que la cause d’une crise plus large. « Demain, dans la bataille, le roi portera la péché de son armée », fait dire Shakespeare à l’un des protagonistes de sa pièce Henri V. Ce que le dramaturge veut dire c’est qu’il y avait, bien avant l’affrontement, des causes générales qui faisaient que la bataille ne pouvait qu’être perdue. La défaite de la France en mai-juin 1940 se joue dès 1919. En ce sens, je ne crois guère qu’une bataille puisse, à elle seule, changer l’histoire. Quant au choix des batailles – j’y reviens ! -, il paraît plutôt judicieux. On aurait pu toutefois compléter la liste : Leipzig (1813) ou Waterloo (1815) se parent d’une dimension historique tout aussi importante que Borodino, seule bataille du Premier Empire à figurer ici. Plus près de nous, la bataille de Moscou (1941), au plan psychologique et symbolique, apparaît comme un tournant décisif de la Seconde Guerre mondiale, d’importance égale à celui de Stalingrad, la seule à être retenue dans le présent ouvrage.

Pour plaisant à lire qu’il soit, Les batailles… ont un côté un peu vain ; l’impression de la même histoire, racontée certes différemment, mais tous les ressorts semblent usés jusqu’à la corde.

Arnaud Blin, Les batailles qui ont changé l’histoire, Perrin, 2014, 395 pages, 23.90 €

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Recensions Religion

Au rythme des fêtes chrétiennes / L’année liturgique

Broché : 194 pages
Editeur : CERF (2 octobre 2014)
Collection : CATECHESE
Langue : Français
ISBN : 978-2-204-10278-0
EAN : 9782204102780
Dimensions : 21 x 1,5 x 14 cm

  Au rythme des fêtes chrétiennes

Les populations d’ici vivent dans un temps de plus en plus laïque : ici la fête de l’hiver a succédé à Noël, ailleurs c’est Pâques qui a dû s’effacer pour laisser place à une improbable faite de l’hiver. Dans une Europe qui a peur de son histoire comme de son ombre, le rythme du temps n’est plus scandé que par le rythme des saisons – encore pour combien de temps ? – et celui des innovations technologiques. La société traditionnelle égrainait le temps sur un rythme plus lent et plus régulier. Pendant des siècles, dans cet Occident encore chrétien, l’écoulement du temps, c’est-à-dire celui des jours et des siècles, était ponctué par le calendrier liturgique. Dans l’Occident d’autrefois, les fêtes chrétiennes jouaient un rôle énorme. Avec la sécularisation, l’empreinte chrétienne n’est visible que par un vocabulaire qui, en dépit des vicissitudes, demeure : Pâques, la Toussaint, l’Avent (et non l’Avant comme on le voit grotesquement écrit par des commerçants désireux de pousser à l’achat de galettes ou de calendriers), Noël… Les chapitres de l’ouvrage de Marie-Christine Bernard sont tous écrits selon la même ordonnance : un passage de l’Ecriture, souvent les Evangiles, suivi d’un commentaire écrit sur un ton très personnel. Evitant avec soin l’intellectualisme, l’auteur met à jour l’essentiel de ce qu’il faut retenir, la quintessence du message dans son rapport aux chrétiens d’aujourd’hui. « Comment comprendre cela ? » demande-t-elle à plusieurs reprises. Quel sens la naissance du Christ (Noël), sa mort (Vendredi Saint) et sa résurrection (Pâques) sur la croix ont-elles ? Pour chaque chapitre, Marie-Christine Bernard décrit le cadre et l’ambiance dans lesquels les événements de la Nouvelle Alliance se placent. Quel sens ont-ils au regard de la foi chrétienne et quel écho spirituel retentit-il jusqu’à nous ?

Avec le sens de la pédagogie qu’on lui connaît, Sœur Marie-Christine Bernard a su rendre vivantes des fêtes qui nous aident à ne pas désespérer de ce monde froid et technicien.

 

Marie-Christine Bernard, Au rythme des fêtes chrétiennes, Cerf, 2014, 192 pages, 14 €

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Recensions Religion

L’islam et nous

Broché : 274 pages
Editeur : CERF EDITIONS (11 septembre 2014)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10 : 2204100560
ISBN-13 : 978-2204100564
Dimensions : 21 x 2 x 13,5 cm

 L’islam et nous

Dans le foisonnement d’ouvrages écrits sur l’islam, celui de Dominique Josse devrait faire date ; ce serait justice. Que voilà un livre intelligent ! Il dit en termes simples des choses parfois compliquées, il ose appeler chat un chat, affirmant la fracture irréversible qui sépare le christianisme de l’islam tout en appelant à la création de ponts. L’islam a hélas tendance à se dévoiler sous son jour le plus violent mais le chrétien, désabusé et noyé comme tout un chacun dans l’océan de la consommation, peut tirer du positif quand il observe le degré de foi manifesté par beaucoup de musulmans. L’islam serait-il la seule religion à résister au rouleau compresseur de la mondialisation ? Si oui, dans quelle mesure pourrait-il inspirer les chrétiens afin qu’ils montrent davantage d’assiduité à la prière et se montrent fiers de leur foi ?

Dominique Josse a divisé son ouvrage en trois grandes parties : les sources de l’islam, la théologie de l’islam et la pratique de l’islam. J’ai rarement lu un livre aussi pédagogue sur le sujet. Sans entrer dans le détail, le sentiment est que l’auteur s’attache à donner du Dieu de l’islam une image radicalement différente du Dieu des chrétiens – une image respectueuse, mais différente – qui s’explique par le fait que l’islam est « la religion naturelle du Dieu révélé » (Alain Besançon) (p. 54). L’auteur fait souvent référence à la notion d’extrinsécisme chère au grand orientalisant Louis Gardet : l’image que les musulmans d’Allah est si puissante, si transcendante, si éloignée de la condition humaine que le croyant, même au paradis, est toujours placé sous le regard terrible et pénétrant du Tout-Puissant. Le Dieu musulman, contrairement au Dieu chrétien, se situe loin de la condition humaine : il est l’Omniscient, l’Omnipotent, Celui qui voit et sait tout et devant lequel le croyant n’a qu’une attitude à adopter : la soumission. L’islam n’est pas la religion de l’amour, mais de la foi, une foi pure, un bloc massif, impénétrable. Dans sa dernière partie, D. Josse insiste sur les différences irréversibles qui distinguent islam et christianisme. Cependant, alors que le canon résonne en Syrie et en Irak, il émet un rêve : que, sans renoncer à ce qui fonde leur foi, chrétiens et musulmans se rapprochent pour donner un peu d’âme à un monde desséché et desséchant. Depuis qu’on a liquidé Dieu en Occident et quand on considère le mal-être ambiant, on se demande où est le progrès !

 

Dominique Josse, L’islam et nous, Cerf, 2014, 274 pages.

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Histoire Recensions

Une histoire buissonnière de la France

Poche : 574 pages
Editeur : Flammarion (28 août 2011)
Collection : ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 208123789X
ISBN-13 : 978-2081237896
Dimensions : 22 x 3,8 x 13,4 cm

 Une histoire buissonnière de la France

Pour qui souhaite lire une histoire décalée et originale de notre pays, il n’y a pas à hésiter : les historiens anglo-saxons sont les meilleurs dans ce genre d’exercice. L’Histoire buissonnière de la France, du britannique Graham Robb, va de pair avec l’époustouflante Fin des terroirs de l’américain Eugen Weber. Les Editions Flammarion ont eu l’excellente idée de rééditer le livre du premier, en poche, dans la collection « Champs ». Graham Robb n’est pas retourné à Mérovée et à Clovis, voire plus haut ; l’histoire qu’il nous propose concerne essentiellement les XVIII° et XIX° siècles. Qu’on ne s’attende pas à une histoire chronologique distillant dans le détail les événements politiques, économiques, sociaux et culturels qui ont marqué l’histoire tourmentée de la France de l’époque. A l’instar de ces voyageurs anglais qui découvraient l’Europe et la France, au temps où les grands périples se faisaient en diligence – avant l’arrivée du chemin de fer -, l’auteur est allé fouiller l’âme de la France, surtout son âme provinciale, ce qui faisait qu’elle paraissait davantage un agrégat de peuples mal mariés qu’une nation unie et indivisible. Quand il écrit cette Histoire buissonnière, que voit l’auteur ? Il décrit des populations qui parlent davantage patois que français, des humbles qui ne connaissent guère plus que leur canton, des croyances largement basées sur la superstition, bref, une nation hétéroclite de paysans et d’artisans, de territoires divers tenant mordicus à leurs particularités. Parmi les grandes évolutions qu’a connues le pays au XIX° siècle, il en est une qui est rarement mise en avant et qui pourtant, en liant les territoires et les hommes, en donnant un visage à la géographie de la France, s’est avérée crucial : la création d’un véritable réseau routier. Avant d’être industrielle et scientifique, c’est ici que Graham Robb voit le germe de la grande transformation qui va affecter l’Europe, en particulier celle de l’Ouest.

Mêlant érudition et humour, cette Histoire buissonnière de la France est un petit chef-d’œuvre d’originalité qui confirme le fait suivant : l’histoire, y compris la grande, s’élabore dans la vie quotidienne des peuples.

Graham Robb, Une histoire buissonnière de la France, Champs Histoire, 2011, 592 p., 10 €