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La Traversée

Broché: 178 pages
Editeur : Parole et Silence Editions (2 février 2012)
Collection : DOCUMENTS
Langue : Français
ISBN-10: 2889180263
ISBN-13: 978-2889180264
Dimensions : 23,4 x 15,2 x 1,6 cm

 La Traversée

Le discours qui prévaut aujourd’hui est qu’il faut tout faire pour échapper à la souffrance. Toute épreuve est a priori à éviter ; elle est jugée inutile et malfaisante, il n’y a rien à en tirer. Dénégation et évitement sont rois. Le problème, c’est que si au final l’épreuve est la plus forte la personne risque la dépression, l’effondrement. Le cœur de ce livre, écrit à quatre mains, est de signifier qu’au lieu de bâtir des châteaux en Espagne, autant vivre pleinement sa condition d’homme et de femme. Mieux vaut vivre dans la vérité de cette condition assumée que dans les artifices d’un monde où ce sont les modes et les nouveaux cultes qui dictent les choix de vie.

La doxa contemporaine a fabriqué un monde artificiel où l’idée d’échec est tout simplement insupportable. Le problème c’est que la vie n’est pas un conte de fées et qu’il faut bien se confronter aux épreuves qu’elle envoie. Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude, et Christine Rebourg-Roesler, psychothérapeute, réfléchissent en praticiens aux énormes enjeux de ces questions qui touchent la vie et la mort. L’un, au titre de l’accompagnement spirituel, l’autre, de l’accompagnement thérapeutique, insistent sur la nécessité de consentir au réel, de se confronter aux épreuves de la vie, pas par masochisme mais parce que la douleur de l’épreuve peut aider à grandir. L’euthanasie à l’égard des personnes en fin de vie et la sélection des embryons ne sont-elles pas des signes de ce désir d’évitement ? Des bien-portants jugent qu’une personne n’a pas d’intérêt à vivre, que sa vie sera une vallée de larmes. Cependant, assure la psychologue, « si la vie est douloureuse parfois, voire souvent, elle est légitime. Elle mérite d’être vécue de A à Z, avec toutes les nuances, les pleins et les déliés, les temps de silence et de révélation, à tous les âges. » « L’épreuve, ajoute l’évêque de Saint-Claude, est un élément profondément constitutif de la vie ; sans souhaiter pour autant d’épreuve à personne, celle-ci permet toutefois de creuser la noblesse d’une vie et de la mettre en pleine lumière. ». Consentir au réel est le premier pas, en tout cas le plus nécessaire, pour devenir pleinement homme. La Traversée réussit à inviter à cette prise de conscience.

 

Mgr Vincent Jordy & Christine Rebourg-Roeseler, La Traversée, Parole et Silence, 2012,173 pages, 18 €

 

 

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Actualités Recensions

Décivilisation

Broché: 216 pages
Editeur : Fayard (2 novembre 2011)
Collection : Documents
Langue : Français
ISBN-10: 2213666385
ISBN-13: 978-2213666389
Dimensions : 21,2 x 13,4 x 1,8 cm

 Décivilisation

Après La grande déculturation,  Renaud Camus revient à la charge contre l’époque contemporaine et ses travers. Dans La grande déculturation, il s’en prenait à l’école. Le changement d’appellation – le Ministère de l’Instruction Publique devenu Ministère de l’Education Nationale -, indiquait un changement de paradigme : l’Ecole est désormais chargée de suppléer les familles dans le registre de l’éducation. Une trentaine d’années après, le résultat est patent : tant l’école que la famille peinent à prendre en charge une jeunesse tiraillée entre modes éphémères et consommation. Avec Décivilisation, Camus insiste : quelles sont les causes profondes de ce qu’il faut bien appeler la mort de la culture ? Il le fait dans le style qui lui est propre : sans chapitre, en phrases longues… une écriture au final très personnelle. Si on suit bien sa pensée, c’est à se demander si la démocratisation de la culture n’est pas à l’origine de la disparition de cette dernière. Ce que l’auteur appelle l’hyper-démocratie a fait sortir « la démocratie de son lit politique pour la projeter dans des domaines qui, à première vue, ne lui sont guère congénitaux… » Parmi ceux-ci, la culture et la famille, lesquelles, en dernier ressort, ne peuvent, sous peine de disparaître, s’apparenter à des instances démocratiques. La consommation de masse entraîne un relativisme destructeur en matière culturelle.  Nombreuses sont les conséquences de ce déclassement de la culture. La langue, véhicule privilégié de toute civilisation, s’affadit, parsemée qu’elle est de niaiseries et de grossièretés. L’abandon du nom au profit du prénom, si commun à la télévision, est, mine de rien, le signe d’un véritable bouleversement anthropologique.  Le nom engage sa responsabilité, celle d’une lignée. En lieu et place voici venu le temps du gentil copinage celui du prénom roi, « marque d’une société désaffiliée, qui refuse l’héritage des pères ». Finalement, l’usage répété de ce dernier consonne bien avec une société « qui n’aspire qu’à se distraire, à s’étourdir, à oublier l’oubli. »  En 200 pages, Renaud Camus règle son compte à la société du divertissement, celle de « la vie sans pensée ». Ce combat, pratiquement perdu d’avance, vaut qu’on s’y intéresse tant ses conséquences risquent d’être incalculables.

 

Renaud Camus, Décivilisation, Fayard, 2011, 206 €, 17 €

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Recensions

Vendée : Du génocide au mémoricide

Broché: 444 pages
Editeur : Cerf (6 octobre 2011)
Collection : Politique
Langue : Français
ISBN-10: 220409580X
ISBN-13: 978-2204095808
Dimensions : 21,4 x 13,4 x 2,6 cm

 Vendée : Du génocide au mémoricide

La France est un pays curieux, prompt à faire la leçon au reste du monde mais incapable de réfléchir sur son propre passé. Le 23 janvier dernier,  le Parlement votait une loi pénalisant la négation du génocide arménien, loi faisant suite à une série de lois mémorielles plaçant l’histoire sous la coupe des politiques. Que l’on soit d’accord ou non, le fait est là : la loi a été votée. Or, n’est-il pas curieux de constater que la classe politique, si prompte à donner des bons et des mauvais points au reste du monde, demeure étrangement silencieuse dès qu’est évoqué le drame de la Vendée ? Comme reconnaître les massacres perpétrés en Vendée c’est mettre à mal le dogme républicain, pas touche ! Depuis bientôt trente ans Reynald Secher se bat pour que soit reconnue cette évidence : en 1793, la Convention et le Comité de salut public se sont rendus coupables d’un massacre qui a toutes les apparence d’un génocide. Contrairement au mythe officiel forgé depuis Michelet, la Vendée a été le théâtre d’une boucherie. Les estimations tournent autour de 120 000 morts, hommes, femmes et enfants. Quant au mot « génocide », il n’est pas usurpé : les Vendéens furent exterminés parce qu’ils étaient Vendéens.

Péguy disait : « Celui qui ne gueule pas la vérité lorsqu’il la connaît se fait le complice des menteurs et des faussaires ! » Rien n’est plus vrai s’agissant de la Vendée. Avec l’auteur, il faut bien le dire, le crier : la Convention a mené là une politique rationnelle, soigneusement pesée, d’anéantissement. Qu’on se souvienne des colonnes infernales, des noyades de Nantes, des exécutions sommaires (nourrissons y compris), embrochés, sabrés, brûlés vifs, etc. Un paroxysme dans l’horreur. Ce génocide, bien peu le dénoncent. Comme il n’est pas à l’honneur de la République, on préfère l’oublier, en enfouir le moindre souvenir. Au crime contre une population s’est ajouté un crime contre la mémoire, un « mémoricide ». Souhaitons qu’un jour la France regarde sans fard ce sinistre passé et que les parlementaires abrogent enfin « les lois d’anéantissement et d’extermination des 1er août et 1er octobre 1793, votées par leurs prédécesseurs. » (p. 15)

 

Reynald Secher, Vendée. Du génocide au mémoricide, Le Cerf, 2011, 444 pages, 24 €

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Histoire Recensions

Solférino : 24 juin 1859

Broché: 218 pages
Editeur : Librairie Académique Perrin (16 février 2012)
Langue : Français
ISBN-10: 226203706X
ISBN-13: 978-2262037062
Dimensions : 20 x 13,2 x 2,6 cm

 Solférino : 24 juin 1859

Le 24 juin 1859, à Solférino, en Italie septentrionale, l’armée franco-sarde emmenée par l’empereur Napoléon III battait l’armée autrichienne placée sous le commandement du tout jeune empereur François-Joseph. A cette époque, les nationalités commençaient tout juste à émerger ; l’Allemagne et l’Italie n’avaient pas encore réalisé leur unité. La guerre de ce temps-là oppose des empires. Elle a généralement lieu sur le sol européen. Plus tard, avec la colonisation, les conflits seront délocalisés outre-mer où l’on voudra se partager le monde à coups de zones d’influence. Sous ce regard, Solférino est une bataille importante car c’est elle qui marque le point de départ de l’unité italienne sous la prédominance de la Maison de Piémont – Savoie. Elle met en jeu des armements modernes : fusil à grande cadence de tir pour les Autrichiens, artillerie moderne chez les Français. Tactiquement, Solférino n’a rien à voir avec Austerlitz et Friedland. Le neveu est une bien pâle copie du grand oncle. La bataille de Solférino voit donc s’affronter deux énormes masses, front contre front, sans idée de manœuvre. Un tel affrontement ne peut que tourner à la boucherie. Le soir de la bataille,  un jeune Suisse du nom d’Henri Dunant parcourt, terrifié, le champ du massacre au milieu des cris de souffrance des blessés. Cette humanité à l’agonie ne peut être abandonnée sans soin : la Croix Rouge est née.

Pierre Pellissier écrit des livres d’histoire comme on les aime : un récit haletant, vivant, haut en couleurs. L’auteur du remarquable Fachoda et la mission Marchand demeure ici conforme à son image : un narrateur aimant raconter des histoires qui s’appuient sur un fond historique sûr. Malgré ou à cause de ces qualités, la lecture de ce Solférino s’avère quelque peu décevante. Deux cents petites pages paraissent trop justes pour relater de manière satisfaisante les préliminaires géopolitiques du conflit, les opérations de la campagne d’Italie de 1859 ainsi que le déroulement en détail de la gigantesque bataille de Solférino, peut-être la première de l’époque moderne, celle qui, en tout cas, est une des premières à ne plus ressembler aux affrontements de l’époque napoléonienne.

 

Pierre Pellissier, Solférino, 24 juin 1859, Perrin, 228 pages, 22 €