Grand connaisseur du monde musulman et du Moyen-Orient, Gilles Kepel raconte les derniers événements qui vont orienter pour quelques années la destinée de pays comme la Tunisie, l’Egypte, la Syrie ou l’Irak, des printemps arabes à la fin de l’Etat islamique au Levant. Sur fond de réislamisation de la société, il décrit combien démocrates et républicains sont à la peine dans des sociétés minées par la corruption née de la rente pétrolière. Bien sûr, d’un pays à l’autre, les situations ne sont pas identiques. Le cas tunisien a par exemple peu en commun avec la guerre civile en Syrie. Cependant, des constantes demeurent : le poids de la religion et de l’armée, la fragilité des corps intermédiaires, la fragmentation des oppositions, etc. Dans cet Orient décidément très compliqué, multiples sont les lignes de fracture. La première est celle qui oppose sunnites et chiites. Les premiers, majoritaires, connaissent de graves divisions (Qatar vs. Arabie Saoudite par exemple). Il faut compter aussi sur les désirs locaux d’autonomie (cas du Kurdistan, turc, syrien et irakien). Bref, le Moyen-Orient ressemble à un puzzle, à un écheveau d’une rare complexité.
Gilles Kepel, Sortir du chaos, Gallimard, 2018, 514 pages, 22€