Au cœur des objections antichrétiennes
A côté d’une indifférence massive, la voix de l’athéisme a tendance à se faire toujours plus entendre. Autrefois il y avait les maîtres du soupçon, Marx, Freud et consorts. Aujourd’hui les penseurs athées ont pour nom Comte-Sponville, Onfray, Hitchens ou Dawkins. Leurs approches sont radicalement différentes. Pour un « athée fidèle », respectueux, comme l’est André Comte-Sponville, un Michel Onfray sert un athéisme dégrossi au burin. Cela dit, le croyant ne peut faire fi des objections qui lui sont adressées. Au contraire, il doit les prendre au sérieux, y répondre avec mesure et intelligence. La publication du livre du P. Denis Lecompte aurait pu être une opportunité : répondre point par point aux critiques faites à la foi chrétienne. Hélas, cet ouvrage répond insuffisamment – malgré le titre – aux arguments philosophiques et historiques répandus par l’athéisme le plus virulent. Partant du matérialiste Epicure et du païen Celse, l’auteur consacre une bonne moitié de son livre à l’époque des Lumières, là où s’ébauche, avec Voltaire, Diderot et d’Holbach, l’athéisme contemporain. Denis Lecompte a raison de s’attarder sur cette époque (XVIII° et XIX° siècles) car c’est là que l’athéisme contemporain y puise ses racines les plus drues. Malheureusement, l’époque contemporaine est traitée à la vitesse de l’éclair : pratiquement rien sur Camus et Sartre, pour en rester à la France, très peu de choses sur les philosophes qui, aujourd’hui, s’acharnent à pilonner la foi chrétienne. Le nom de Michel Onfray n’apparaît qu’une fois, ce qui est ridiculement peu quand on connaît sa popularité. Il aurait fallu, croyons-nous, davantage traiter les objections antichrétiennes actuelles. Beaucoup reprennent celles émises lors des Lumières, mais d’autres apportent un sang neuf à la critique athée. Le britannique Richard Dawkins, par exemple, réfute la foi religieuse à partir de la biologie. Au début du siècle dernier, c’était la physique qui donnait du grain à moudre à l’athéisme. Faire l’impasse sur ces nouveaux considérants, c’est ne pas voir que l’athéisme, tout comme la foi religieuse, n’est pas réductible à un seul modèle.
Denis Lecompte, Au cœur des objections antichrétiennes, Le Cerf, 2013, 221 pages, 19 €