Si l’auteur affiche de la compréhension à l’égard du libéralisme tel que l’entendait Tocqueville, c’est-à-dire un système qui associe liberté, sens de la mesure, intervention de l’Etat si nécessaire, il est en revanche d’une implacable sévérité à l’encontre de l’espèce de caricature qu’il est devenu : un instrument au service du marché et de l’argent-roi ! A côté de chapitres assez difficiles, il en est d’autres d’une confondante limpidité, des articles taillés au cordeau qui synthétisent les données et les enjeux d’un problème tout en permettant à l’auteur d’afficher son point de vue. L’auteur dresse l’histoire du capitalisme, la façon dont il a substitué l’intérêt personnel et égoïste à la notion de bien commun. La caractéristique majeure du capitalisme financier contemporain réside dans l’illimité. Pas de limites, pas de frontières, faisons tout ce qui est possible, l’estimation comptable devenant une sorte de figure imposée. Tout cela, regrette l’auteur, loin du sens de la mesure qui était celui des anciens.
Alain de Benoist, Contre le libéralisme, Editions du Rocher, 2019, 344 pages, 19.90 €
L’extrait : « Le règne du libéralisme induit une obsession économiste qui empêche l’immense majorité de nos contemporains de s’interroger sur la finalité de leurs entreprises et le sens même de leur présence au monde. » (p. 38)