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Recensions Religion

Des missionnaires plongés dans la Grande Guerre

Broché: 367 pages
Editeur : Cerf (7 juin 2012)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10: 2204096881
ISBN-13: 978-2204096881
Dimensions : 21,2 x 13,6 x 2,2 cm

 Des missionnaires plongés dans la Grande Guerre

Auteur d’une histoire de l’Eglise qui fait date et après avoir publié les Carnets du cardinal Alfred Baudrillart (Le Cerf), le P. Paul Christophe, prêtre du diocèse de Lille, s’attaque à un sujet jusqu’à présent peu abordé : l’histoire des missionnaires français rappelés en France pour les besoins du front. Les missionnaires dont il s’agit dans ce volume sont exclusivement des membres des Missions Etrangères de Paris. En exhumant les lettres qu’ils ont échangées avec le supérieur ou les directeurs du Séminaire de Paris, le P. Christophe relate les tourments et les espoirs de prêtres qui étaient partis en Asie sans esprit de retour. En août 14, une fois la guerre déclarée, la patrie a besoin de tous ses enfants, y compris les missionnaires. Employés principalement à des tâches non combattantes, ils assistaient en première ligne à ce premier suicide de l’Europe ; un peu plus de 16 % d’entre eux furent tués au front. Les lettres que le P. Christophe donne à lire montrent l’état d’esprit d’hommes qui étaient des prêtres, des chrétiens et des patriotes. Défendre la patrie attaquée était chez eux comme une évidence… qui ne se faisait pas sans remords. Ils étaient déchirés à l’idée de laisser seules les communautés chrétiennes qu’eux-mêmes et leurs prédécesseurs avaient évangélisées. Chez beaucoup l’avenir est angoissant. Il y a bien sûr la guerre, mais aussi l’après-guerre. Partis une première fois sans idée de retour – « C’est seulement en 1922 que le principe des congés sera introduit dans la Société des Missions Etrangères » (p. 21) – beaucoup se demandent ce que sera leur retour en Asie. Dans quel état trouveront-ils les communautés qu’ils ont dû laisser. On ne fermera pas le beau livre du P. Paul Christophe sans, tout comme lui, éprouver de l’admiration  pour ces missionnaires, « pour la force de caractère qui les soutient dans l’épreuve, pour l’énergie des vétérans déployée dans leur mission et pour la foi qui les anime. » (p. 334)

A plusieurs reprises l’auteur évoque et publie des lettres du P. Pierre Compagnon, qui fut missionnaire au Japon et revint en France en 1900, nommé directeur du Séminaire de Paris. Le R.P. Pierre Compagnon est un aïeul. Il est né en 1859 à Beaurepaire-en-Bresse. Dans la famille, nous ne sommes pas peu fiers de lui.

Paul Christophe, Des missionnaires plongés dans la Grande Guerre, Le Cerf, 2012, 367 pages, 27 €