Dictionnaire amoureux de Tintin
Le monde d’Hergé n’en finit pas de fasciner. Albert Algoud, en tintinolâtre averti, publie ce gros volume paru dans la désormais célèbre collection des « Dictionnaires amoureux ». Une bonne partie des entrées de ce dictionnaire se fait par les noms propres, notamment ceux de figures secondaires mais si typiques de l’univers d’Hergé, comme Szut, le pilote estonien dont le héros à la houppette fait connaissance dans Coke en Stock, ou Igor Wagner, le pianiste de Bianca Castafiore, le rossignol milanais, etc. Avec A. Algoud, la connaissance du monde de Tintin se fait de façon originale. Ainsi, plutôt que d’aborder franchement les Dupondt à la lettre « D », il le fait à la lettre « R », en demandant une « Réhabilitation » de ces mêmes Dupondt. Avec beaucoup d’humour l’auteur embarque le lecteur dans un voyage pittoresque et coloré. Il n’a pas de mal à nous convaincre de la richesse du travail d’Hergé. Il n’est pas étonnant que ce dernier ait donné lieu à tant de livres de qualité écrits parfois par les plus grands comme le philosophe Michel Serres. Il n’en reste pas moins que ce livre sera d’autant mieux apprécié, nous semble-t-il, que le lecteur est lui-même connaisseur des albums de Tintin. Néanmoins, ce livre est plein de surprise, comme celle d’apprendre que la langue utilisée en Bordurie s’inspire du marollien, patois de la région bruxelloise.
L’œuvre d’un passionné se lit toujours avec intérêt. Il convient toutefois de se demander si l’œuvre d’Hergé n’a pas quelque peu vieilli : Que dit-elle aux jeunes générations ? Est-elle de nature à enchanter leur imaginaire comme ce fut jadis le cas pour les plus anciens, ceux qui, dans les années 1950 et 1960 attendaient chaque semaine, fiévreusement, la suite des aventures du célèbre globe-trotter dans Tintin Magazine ?
Albert Algoud, Dictionnaire amoureux de Tintin, Plon, 2016, 785 pages, 25€