Manuel de théologie fondamentale
Il n’y a pas qu’en économie, dans le dialogue social ou en sport que les Allemands sont bien placés. La production livresque germanique est également digne du plus haut intérêt. Au minimum, elle indique l’excellence de la patrie de Goethe dans le domaine intellectuel. Depuis environ deux siècles, dans un certain nombre de sciences les Allemands sont à la pointe. En matière d’exégèse biblique et de recherches théologiques, ils sont parmi les meilleurs, si ce n’est les premiers. Au XIX° siècle, ils avaient Strauss et Harnack. Au XX° siècle, ils ont eu Rahner, Ratzinger… ainsi que toute une pléiade de théologiens, protestants et catholiques, de très haut niveau. Tant en matière d’exégèse, de droit canonique, de liturgie ou de dogmatique, la production allemande compte parmi ce qui se fait de mieux. Le jésuite Hans Waldenfels fait partie de ces théologiens. Son Manuel de théologie fondamentale – un pavé ! – constitue un travail très longue haleine. Le résultat, sous forme de synthèse, est impressionnant. En cinq parties d’égale longueur (la théologie et son contexte, Dieu, le Christ, l’Eglise, l’Evangile), H. Waldenfels donne l’essentiel de ce qu’il y a lieu de savoir une fois que l’on a abordé cet immense continent qu’est la théologie, y compris la pensée qui entend la réfuter : l’athéisme. La construction de l’ouvrage est typique du produit de l’Université allemande : toutes les informations données sont hiérarchisées, systématisées. Par exemple, le chapitre consacré à Jésus s’ouvre par une partie intitulée « Points de vue ». Comme il s’agit d’un manuel, ne sont pas exposés là les points de vue de l’auteur sur le Christ. Non, ce qui a intéressé l’auteur c’était de considérer ce qui était dit sur le Christ, vu d’en haut, d’en bas, de l’intérieur et de l’extérieur, ceci afin de ne rien oublier de ce que l’apologie ou la critique aurait pu produire sur le sujet.
La première édition de cet ouvrage datant de plus de vingt ans, on pourra trouver les sources quelque peu datées, c’est sans doute regrettable mais cette imperfection a le mérite de replacer l’ouvrage dans une époque ; il ne faut jamais oublier que la théologie est une discipline vivante. Evidemment, la lecture d’une telle masse est aride ; elle exige la pleine concentration du lecteur. Pourtant, une fois cet écueil dépassé, demeure l’ineffable plaisir d’avoir vogué du côté des cimes.
Hans Waldenfels, Manuel de théologie fondamentale, Le Cerf, 2010, 868 pages, 47.50 €