Notre ennemi, le capital
En dépit de tous les défauts qu’on lui connaît, on ne voit pas ce qui pourrait, non pas mettre fin, mais au moins atténuer l’impérialisme du système capitaliste. Comme le rappelle la phrase du philosophe slovène Slavoj Zizek figurant sur la jaquette du livre de Jean-Claude Michéa : « Il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Intellectuel de gauche, enrageant devant les reculades incessantes des gouvernements de gauche face aux dégâts de la mondialisation libérale, Jean-Claude Michéa ne cesse de rompre des lances avec le capitalisme d’aujourd’hui, ce capitalisme financier, prédateur et glouton, celui qui violente l’identité des peuples et leurs traditions. Au départ, il s’agissait pour l’auteur de répondre à des questions qui lui avaient été posées par un site internet tenant pour la décroissance. A la manière des rares auteurs qui ajoutent plus de pages dans les notes que dans le corps principal du texte, l’auteur a ajouté à ses réponses ce qu’il appelle des scolies, notes servant à aller plus loin. Notre ennemi, le capital dit l’ensemble des raisons qui poussent Jean-Claude Michéa à détester le système capitaliste. Ce faisant, il réhabilite des penseurs qui, depuis quelques décennies, avaient été tenus pour quantité négligeable : les socialistes utopistes français et Marx en particulier. Mais, en définitive, ce qui apparaît, c’est la conjonction intellectuelle qui unit un homme de gauche comme Michéa à un intellectuel de droite comme Alain de Benoist, tous deux partisans d’un retour aux limites et à la raison. Une union plus utile que jamais face à celle qui rassemble, comme le rappelait il y a peu Jacques Julliard, les fidèles « les pages saumon du Figaro et les pages arc-en-ciel de Libération. »
Jean-Claude Michéa, Notre ennemi, le capital, Flammarion, 2017, 316 pages, 19€