Catégories
Actualités Recensions

Notre ennemi, le capital

Broché : 320 pages
Editeur : FLAMMARION (11 janvier 2017)
Collection : CLIMATS NON FIC
Langue : Français
ISBN-10 : 2081395606
ISBN-13 : 978-2081395602
Dimensions : 21 x 2 x 13,7 cm

 Notre ennemi, le capital

En dépit de tous les défauts qu’on lui connaît, on ne voit pas ce qui pourrait, non pas mettre fin, mais au moins atténuer l’impérialisme du système capitaliste. Comme le rappelle la phrase du philosophe slovène Slavoj Zizek figurant sur la jaquette du livre de Jean-Claude Michéa : « Il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Intellectuel de gauche, enrageant devant les reculades incessantes des gouvernements de gauche face aux dégâts de la mondialisation libérale, Jean-Claude Michéa ne cesse de rompre des lances avec le capitalisme d’aujourd’hui, ce capitalisme financier, prédateur et glouton, celui qui violente l’identité des peuples et leurs traditions. Au départ, il s’agissait pour l’auteur de répondre à des questions qui lui avaient été posées par un site internet tenant pour la décroissance. A la manière des rares auteurs qui ajoutent plus de pages dans les notes que dans le corps principal du texte, l’auteur a ajouté à ses réponses ce qu’il appelle des scolies, notes servant à aller plus loin. Notre ennemi, le capital dit l’ensemble des raisons qui poussent Jean-Claude Michéa à détester le système capitaliste. Ce faisant, il réhabilite des penseurs qui, depuis quelques décennies, avaient été tenus pour quantité négligeable : les socialistes utopistes français et Marx en particulier. Mais, en définitive, ce qui apparaît, c’est la conjonction intellectuelle qui unit un homme de gauche comme Michéa à un intellectuel de droite comme Alain de Benoist, tous deux partisans d’un retour aux limites et à la raison. Une union plus utile que jamais face à celle qui rassemble, comme le rappelait il y a peu Jacques Julliard, les fidèles « les pages saumon du Figaro et les pages arc-en-ciel de Libération. »

Jean-Claude Michéa, Notre ennemi, le capital, Flammarion, 2017, 316 pages, 19€

Catégories
Actualités Recensions

L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes

Broché : 110 pages
Editeur : Climats; Édition : Nouvelle éd (28 février 2006)
Collection : CLIMATS NON FIC
Langue : Français
ISBN-10 : 2082131238
ISBN-13 : 978-2082131230
Dimensions : 21 x 1 x 13,5 cm

 L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes

On peut même dire que l’auteur s’y montre prophète en affirmant que le système capitaliste a intérêt à produire de l’ignorance et que celle-ci est une condition nécessaire à sa perpétuation. Abrutir les citoyens à coups de divertissements massifs, lui suggérer que le bonheur résulte de la consommation, que la culture générale n’est d’aucune utilité, etc. tout cela doit concourir à l’idée que l’éducation ne correspond aucunement à l’idée que s’en faisaient ses concepteurs. Comme l’affirme d’emblée l’auteur, « les présents progrès de l’ignorance, loin d’être l’effet d’un dysfonctionnement regrettable de notre société, sont devenus une condition nécessaire à sa propre expansion. » Il faut entendre ici par progrès de l’ignorance l’ascension continue de l’absence de sens critique. Or, on n’a jamais vu que le sens critique boostait la consommation et le sens de la fête permanente et obligatoire à laquelle le citoyen est tenu (fête des voisins, des grands-pères et grands-mères, nuits blanches à Paris et ainsi de suite… « Festivus, festivus », disait le regretté Philippe Muray). Ce que déclare Michéa et ce qu’affirmait Muray ressort-il de la paranoïa ? Il faut croire que non. Les élites qui nous gouvernent (Michéa ne parle pas ici de nos gouvernements mais des élites économiques, financières et médiatiques qui, de façon souvent occultes tiennent les rênes) estiment que le progrès condamne l’humanité à travailler de moins en moins. Le travail va se faire de plus en plus rare. Que faire pour occuper les centaines de millions d’individus qui n’en auront pas ? Réponse, les occuper par « un cocktail de divertissement abrutissant permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. » (Z. Brzezinski) D’où ce recours permanent à la consommation et au divertissement via les 35 heures, la fête à tout berzingue et les Center Parcs. L’homme de demain consommera et s’amusera. Dans ces conditions, mieux vaudra lui enseigner l’ignorance, c’est-à-dire le priver de tout sens critique.

Entre Le meilleur des mondes (A. Huxley) et 1984 (G. Orwell), l’essai de Jean-Claude Michéa laisse entrevoir un monde déshumanisé dans lequel l’homme ne sera que le minuscule rouage d’une gigantesque machine veillant à pérenniser un système qui, au bout du compte, ne profite qu’à une petite minorité. Angoissant !

 

Jean-Claude Michéa, L’enseignement de l’ignorance, Climats, 1999, 111 pages, 12€