Il n’est pas certain que la victoire d’Emmanuel Macron aux Présidentielles de 2017 ait fait bouger les lignes autant qu’il le souhaitait. Au contraire, explique Jérôme Sainte-Marie, il existe en France deux blocs antagonistes qui se regardent en chiens de faïence : d’un côté la France populaire, celle d’en-bas, de l’autre la France des décideurs, des centres villes, se coulant aisément dans une mondialisation qu’elle juge heureuse. Le parallèle que dresse l’auteur entre l’état actuel du pays et la lecture qu’en faisait Marx au lendemain de la révolution de 1848 ne manque pas de pertinence ; on retrouve à presque deux siècles de distance les mêmes dynamiques : l’arrogance des classes privilégiées et la sourde colère des perdants. D’un côté les enracinés de la France périphérique, de l’autre ceux qui valorisent le changement et l’adaptation permanents. Bref, nous n’en avons pas fini avec la lutte des classes. Mais si les majorités changent les gouvernements qui se succèdent mènent peu ou prou la même politique. De cela les classes populaires ne veulent plus, mais y a-t-il encore quelqu’un pour les écouter ?
Jérôme Sainte-Marie, Bloc contre bloc, Le Cerf, 2019, 287 pages, 18€
L’extrait : « L’heure est au refus de l’histoire nationale et à l’intersectionnalité […]. Il ne s’agit plus de rechercher un monde meilleur et encore moins de changer de société, mais de libérer l’individu des dominations qu’il subit, car l’individu est considéré comme la fin et la mesure de toute chose. » (p. 97)