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Actualités Recensions

Bloc contre bloc

Éditeur : Les éditions du Cerf (7 novembre 2019)
Langue : Français
Broché : 284 pages
ISBN-10 : 2204134112
ISBN-13 : 978-2204134118
Poids de l’article : 320 g
Dimensions : 13.7 x 2.4 x 21.1 cm

Il n’est pas certain que la victoire d’Emmanuel Macron aux Présidentielles de 2017 ait fait bouger les lignes autant qu’il le souhaitait. Au contraire, explique Jérôme Sainte-Marie, il existe en France deux blocs antagonistes qui se regardent en chiens de faïence : d’un côté la France populaire, celle d’en-bas, de l’autre la France des décideurs, des centres villes, se coulant aisément dans une mondialisation qu’elle juge heureuse. Le parallèle que dresse l’auteur entre l’état actuel du pays et la lecture qu’en faisait Marx au lendemain de la révolution de 1848 ne manque pas de pertinence ; on retrouve à presque deux siècles de distance les mêmes dynamiques : l’arrogance des classes privilégiées et la sourde colère des perdants. D’un côté les enracinés de la France périphérique, de l’autre ceux qui valorisent le changement et l’adaptation permanents. Bref, nous n’en avons pas fini avec la lutte des classes. Mais si les majorités changent les gouvernements qui se succèdent mènent peu ou prou la même politique. De cela les classes populaires ne veulent plus, mais y a-t-il encore quelqu’un pour les écouter ?

Jérôme Sainte-Marie, Bloc contre bloc, Le Cerf, 2019, 287 pages, 18€

L’extrait : « L’heure est au refus de l’histoire nationale et à l’intersectionnalité […]. Il ne s’agit plus de rechercher un monde meilleur et encore moins de changer de société, mais de libérer l’individu des dominations qu’il subit, car l’individu est considéré comme la fin et la mesure de toute chose. » (p. 97)

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Recensions Témoignages

Une affaire de famille

Broché: 136 pages
Editeur : Cerf (10 avril 2014)
Collection : HISTOIRE A VIF
Langue : Français
ISBN-10: 2204102091
ISBN-13: 978-2204102094
Dimensions : 21 x 1 x 13,5 cm

 Une affaire de famille

Qui des relations entre juifs et chrétiens au XX° siècle ? Le dernier livre d’Alexandre Adler s’y intéresse de près.

 

            Nous avons eu l’occasion de souligner dans nos colonnes tout le bien qu’il fallait penser du dernier livre d’Alexandre Adler. Intellectuel juif, spécialistes des relations internationales, il y montre un talent qu’on ne lui connaissait pas. Non content de montrer beaucoup d’empathie à l’égard de l’Eglise, il démontre avec brio que les ressorts des institutions chrétiennes ne lui sont pas inconnus. Par exemple la rencontre qui, en 1964, réunit le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras n’a pour lui aucun secret. De même il se meut avec aisance dans les arcanes de l’Eglise anglicane, distinguant bien ce qui sépare la High Church (Haute Eglise) de la Low Church (Basse Eglise). Sa proximité de filiation avec le monde juif ne l’empêche donc pas de connaître à la perfection des religions éloignées de son appartenance confessionnelle. La sympathie qu’il éprouve à l’égard du pape Jean XXIII l’égare-t-elle lorsque, contrairement à certains historiens, il semble exonérer ses prédécesseurs de toute inclination envers les totalitarismes bruns. Alexandre Adler juge par exemple « insoutenable » la thèse de Rolf Hochhuth reprochant au pape Pie XII ses silences. Pour lui, « Pacelli devenu Pie XII est un adversaire aussi déterminé de Hitler que l’était Pie XI » (p. 81). Il va même plus loin dans la défense de Pie XII : « Pie XI ne mérite pas tant d’éloges et Pie XII ne mérite pas tant d’opprobre. » Il entrevoit même un grand dessein chez Pie XII, qui n’est rien moins que le renversement du nazisme « au profit d’une dictature conservatrice » (p. 85).

Tout entier à la louange du « bon pape Jean » – « Je n’avais que huit ans lorsque Angelo Roncalli, le futur Jean XXIII, entra dans ma vie et que j’appris à le connaître selon un mouvement d’affection qui ne devait plus se démentir » (p. 9) – l’auteur évoque la figure de celui qui va être porté ce week-end sur les autels. Non content de mettre en avant « la sainteté de l’homme, avérée, indiscutable », Alexandre Adler évoque sa théologie et sa foi, acte d’abandon et non de volonté. Cette précision permet de souligner, s’il en était encore besoin, la remarquable connaissance de l’auteur pour la « sœur cadette » qu’est l’Eglise catholique.

 

Alexandre Adler, Une affaire de famille, Le Cerf, 2014, 144 pages, 15 €

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Recensions Religion

Le monde selon François

Broché: 174 pages
Editeur : Cerf (27 février 2014)
Collection : HISTOIRE A VIF
Langue : Français
ISBN-10: 2204101192
ISBN-13: 978-2204101196
Dimensions : 20,8 x 13,4 x 1,6 cm

 Le monde selon François

Un an après l’élection du cardinal Bergoglio au souverain pontificat, nombre de journalistes et d’observateurs tentent un premier bilan. Spécialiste des questions religieuses, Bernadette Sauvaget vient de publier un petit ouvrage fort éclairant, non seulement sur l’actuel pontificat, mais également sur la personnalité tout en paradoxe du pape François. « De quelle épaisseur humaine est fait ce nouveau pape  qui veut impérativement une réforme spirituelle et structurelle de son Eglise », s’interroge-t-elle dans l’introduction. Ce n’est pas seulement sur les « paradoxes d’un pontificat » – sous-titre du livre – qu’il faut s’interroger. En effet, la personnalité du pape jésuite n’est pas monolithique. Si le pape donne l’image d’un homme ouvert et sympathique, il n’en a pas toujours été ainsi. En Argentine, en tant que provincial des jésuites puis cardinal-archevêque de Buenos-Aires, il pouvait se montrer autoritaire et cassant. Aujourd’hui à la tête de l’Eglise catholique, on a l’impression qu’il révèle une autre nature, davantage bonhomme même si, en profondeur, il sait ce qu’il veut et n’hésite pas à décider d’autorité. Qui aurait cru que cet homme qui souriait peu et n’aimait pas sortir donne aujourd’hui le sentiment d’une grande affabilité et demande aux chrétiens, lorsqu’il s’agit d’évangélisation, de s’occuper d’abord des périphéries ? Ces différences ne sont en rien des revirements, encore moins des reniements de sa personnalité profonde. En fait, explique un familier du pape qui l’a bien connu en Argentine, « l’un des principes du cardinal, c’était de recevoir  la vie comme elle vient et de l’accompagner et non pas comme on prétendrait qu’elle devrait être » (p. 63).

Plaisant et facile à lire, Le monde selon François offre un éclairage convaincant  sur le pontificat qui commence. La personnalité de Jorge Mario Bergoglio attribue à ce dernier une tonalité particulière. En mettant ses pas dans ceux de saint François, il veut donner de l’Eglise l’image d’une institution proche et soucieuse de l’homme, plus décentralisée et collégiale. Cette dimension incarnée ne dissimule pas l’essentiel : qu’il se montre exigeant et autoritaire ou au contraire affable et ouvert, c’est d’abord sur la prière que le pape assied son action à la tête de l’Eglise.

Bernadette Sauvaget, Le monde selon François, Le Cerf, 2014, 176 pages, 20 €

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Recensions Religion

La jeunesse étudiante chrétienne

Broché: 704 pages
Editeur : Cerf (2 décembre 2013)
Collection : HIST RELIGIEUSE
Langue : Français
ISBN-10: 2204095621
ISBN-13: 978-2204095624
Dimensions : 23,6 x 14,6 x 3,8 cm

 La jeunesse étudiante chrétienne

Le gros livre que Bernard Giroux vient de publier sur la jeunesse étudiante chrétienne (JEC) constitue ce qui se fait de mieux dans le genre : style agréable, sérieux de la recherche, variété des sources… Le caractère complet de cette étude monumentale ravira non seulement les personnes intéressées par l’histoire religieuse au XX° siècle, mais également celles et ceux qui sont nostalgiques de cette époque. De nos jours, on peine à imaginer ce qu’était le catholicisme de ces années 1930-1970, riche d’hommes de talent, intellectuellement chevronnés, spirituellement actifs.

Au début, l’auteur place la JEC dans le contexte global de l’Action catholique spécialisée qui, écrit-il, « est née du constat que les conditions de vie issues de la modernité constituaient un obstacle à la réception du message évangélique » (p. 149). Puis, au fil des pages, Bernard Giroux nous entraîne dans les méandres pas toujours tranquilles de l’évolution du mouvement, avec ses joies, ses heurts et malheurs. Les crises ponctuelles n’épargnent pas le mouvement, que ce soit au sein des équipes dirigeantes successives comme dans ses rapports avec la hiérarchie ecclésiale. Au fil des années, jusqu’aux années 1965-1975, les tensions se renforcent. Une majorité d’évêques ne comprend plus un mouvement qui prend ses aises avec la doctrine et les positions du Magistère. Quant aux jécistes, nombre d’entre eux mettent leur foi sur le fil du rasoir par leur approche irénique et toute en empathie de la doxa de l’époque. Ils sont nombreux à se sentir attirés par les sirènes du féminisme, du marxisme ou du structuralisme. Avec doigté, Bernard Giroux pointe l’ensemble de ses soubresauts, cherchant à chaque fois à en analyser les causes et les effets. Le souci pédagogique de l’auteur, constant d’un bout à l’autre du livre, aidera le non-initié à comprendre l’essor et le déclin d’un mouvement qui aura généré de multiples vocations, ecclésiales, intellectuelles, syndicales et politiques, comme René Rémond, Claude Dagens, Jean Boissonnat, Henri Nallet ou, plus près de nous, Marie Bové.

En lisant l’enquête réalisée auprès d’anciens membres de la JEC, qui conclut l’ouvrage, comment ne pas s’empêcher de penser que, en dépit des fautes commises, la JEC s’est avérée une belle école de formation ? Ce que l’on peut dire, du reste, pour la plupart des mouvements d’Action catholique spécialisée.

 

Bernard Giroux, La jeunesse étudiante chrétienne, Le Cerf, 2013, 694 pages, 46,50 €

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Les Eglises, les religions et la Shoah

Broché: 358 pages
Editeur : Cerf (7 mars 2013)
Collection : Histoire
Langue : Français
ISBN-10: 2204098558
ISBN-13: 978-2204098557
Dimensions : 23,4 x 14,4 x 2,8 cm

 Les Eglises, les religions et la Shoah

Les rapports des Eglises avec le nazisme et la Solution finale n’ont pas fini de faire couler beaucoup d’encre. Les Eglises, les religions et la Shoah est un livre qui permet de s’interroger à frais nouveaux sur la complexité de ces relations. Sous la plume de divers contributeurs, quantité de problèmes historiques sont abordés : la sempiternelle question des silence de Pie XII face à l’extermination des juifs d’Europe, la position des Eglises en Allemagne devant la persécution des juifs, le silence de Dieu dans les camps et son retrait face à l’indicible… A côté de ces questions torturantes d’autres apports pointent toutes ces lumières qui ne vacillaient pas dans la nuit qu’a connue l’Europe de cette époque. Le sauvetage des juifs à Marseille, l’aventure héroïque de jeunes chrétiens allemands au sein de La Rose blanche et l’histoire héroïque du P. Jacques de Jésus, dont le procès en béatification vient de commencer, montrent qu’amour et miséricorde n’avaient pas complètement capitulé. Tout était compliqué et souvent injuste dans l’Europe de ces années noires. Certains articles montrent combien le déchaînement des événements avait éclipsé la question de Dieu. Rares, par exemple, furent les manifestations de la foi dans les camps. Les déportés étaient tellement obsédés par leur survie que la question n’avait pour eux aucun objet. Cette constatation amène inévitablement à s’interroger sur le silence de Dieu à Auschwitz, sur la façon dont on peut concevoir Sa toute-puissance et l’infini de son amour après cette expérience d’horreur et de déréliction.

Le lecteur ressortira difficilement indemne de la lecture d’un tel ouvrage. La foi, juive ou chrétienne, n’est pas sortie grandie de l’horreur des camps et de la Shoah. Doit-on voir ici une quelconque victoire posthume du nazisme, lui qui voulait éradiquer judaïsme et christianisme pour une religion de « croyants-en-dieu », c’est-à-dire d’adeptes d’un culte mêlant au sein d’une même bouillie philosophico-religieuse le culte du chef et la mythologie nordique ? Les Eglises, les religions et la Shoah n’est pas qu’un livre d’histoire, il est aussi porteur de leçons pour aujourd’hui. En ces temps qui voient l’évanouissement des normes morales au profit de la technique et du marché, l’apprentissage d’une histoire aussi dramatique que celle de la Shoah ne peut être que profitable.

 

Renée Dray-Bensousan (sous la direction de), Les Eglises, les religions et la Shoah, Le Cerf, 2013, 358 pages, 22 €

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Recensions Religion

Vladimir Ghika : Professeur d’espérance

Broché: 494 pages
Editeur : Cerf (22 août 2013)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10: 2204100838
ISBN-13: 978-2204100830
Dimensions : 21,4 x 14,4 x 3 cm

 Vladimir Ghika : Professeur d’espérance

Le P. Vladimir Ghika est une des plus belles figures chrétiennes du XX° siècle. Sa nationalité roumaine, sa conversion au catholicisme – lui, le prince roumain de confession orthodoxe ! – et la fin de sa vie passée dans les geôles de la Roumanie communiste donnent un reflet particulier à cette belle biographie. Comment ne pas penser, lorsqu’on lit cette biographie, à la vie de ces évêques, prêtres, moines et moniales qui tentèrent de survivre aux grands totalitarismes du siècle passé : prêtres orthodoxes envoyés au Goulag, prêtres et pasteurs allemands tués pour leur foi, et tant d’autres ? Toujours rigoureuses, pleines d’empathie pour leur sujet, les deux biographes donnent à voir la vie pleine d’un baptisé laïc, puis d’un prêtre catholique confronté aux grands défis du monde de cette époque. Ami d’intellectuels catholiques comme Claudel et Maritain, il se montra soucieux du sort des pauvres, allant jusqu’à partager leur sort à Villejuif. Lorsque survint l’apocalypse, lui, qui est resté roumain de cœur gagna son pays natal afin d’aider les réfugiés et les personnes qui subissaient les violences de la dictature. A la fin de la guerre, inquiet devant la progression du communisme athée, il décida de rester. C’est là qu’il va livrer son plus beau combat en faveur de la vérité. Arrêté, torturé, exemplaire et toujours fort dans la foi, Mgr Ghika décède en 1954 dans une geôle roumaine. Il a été déclaré bienheureux et martyr en 2013. Merci à Francisca Baltaceanu et Monica Brosteanu d’avoir consacré temps et énergie à ressusciter par la plume cette magnifique figure d’homme et de prêtre.

Francisca Baltaceanu, Monica Brosteanu, Vladimir Ghika, professeur d’espérance, Le Cerf, 2013, 483 pages, 34 €

 

 

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Une Europe sans religion dans un monde religieux

Broché: 224 pages
Editeur : Cerf (14 février 2013)
Collection : Parole présente
Langue : Français
ISBN-10: 2204098736
ISBN-13: 978-2204098731
Dimensions : 19,4 x 13,4 x 1,4 cm

 Une Europe sans religion dans un monde religieux

Sans prétention, ce petit ouvrage de sociologie religieuse, facile à lire, fait le point sur la situation des religions dans le monde et particulièrement en Europe. Sur notre continent, l’auteur ne se prive pas de dire que la situation est cataclysmique pour les religions historiques, protestantisme et catholicisme en tête. Chiffres à l’appui, l’auteur montre l’effondrement institutionnel des grandes religions, un effacement que rien ne semble devoir contrarier. L’état du clergé est particulièrement préoccupant, au point qu’il deviendra bientôt possible de parler d’Eglises sans prêtres et sans pasteurs. L’auteur estime que l’advenue d’une Eglise comptant très peu de prêtres n’est qu’une question de temps. Les petites communautés chrétiennes, isolées dans un océan d’indifférence, arriveront-elles à faire communion sans l’aide du professionnel qu’est le prêtre ou le pasteur ? En France, il est significatif de constater que le taux de pratique est très bas pour l’ensemble des religions, y compris l’islam qui, même s’il résiste bien, n’est pas à l’abri du courant dissolvant de la modernité. Les Eglises évangéliques sont les seules qui semblent devoir contrecarrer la grisaille ambiante, mais elles sont condamnées à demeurer minoritaires.

A l’échelle mondiale le christianisme résiste très bien, notamment sous sa forme évangélique. Quant au catholicisme, il y a longtemps que son centre de gravité ne se trouve plus en Europe. L’avenir des grandes religions se dessinera en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique, certainement pas en Europe, continent de plus en plus gagnée à une indifférence qui s’apparente à l’athéisme pratique. L’analyse de Jean-Pierre Bacot montre combien la modernité est dissolvante pour les religions : même les Etats-Unis, longtemps considérés comme un bastion très religieux, commencent à dissocier appartenance religieuse et citoyenneté. A entendre l’auteur, si les religions défendent leurs positions dans l’hémisphère sud ou dans l’Europe slave, elles sont d’ores et déjà balayées dans les pays riches, terres promises à l’athéisme. Un défi angoissant, mais passionnant à relever, pour les Eglises d’Europe !

Jean-Pierre Bacot, Une Europe sans religion dans un monde religieux, Le Cerf, 2013, 224 pages, 16 €

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Recensions Religion

Au cœur des objections antichrétiennes

Broché: 221 pages
Editeur : Cerf (12 avril 2013)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10: 2204099333
ISBN-13: 978-2204099332
Dimensions : 19,4 x 12,4 x 2 cm

 Au cœur des objections antichrétiennes

A côté d’une indifférence massive, la voix de l’athéisme a tendance à se faire toujours plus entendre. Autrefois il y avait les maîtres du soupçon, Marx, Freud et consorts. Aujourd’hui les penseurs athées ont pour nom Comte-Sponville, Onfray, Hitchens ou Dawkins. Leurs approches sont radicalement différentes. Pour un « athée fidèle », respectueux, comme l’est André Comte-Sponville, un Michel Onfray sert un athéisme dégrossi au burin. Cela dit, le croyant ne peut faire fi des objections qui lui sont adressées. Au contraire, il doit les prendre au sérieux, y répondre avec mesure et intelligence. La publication du livre du P. Denis Lecompte aurait pu être une opportunité : répondre point par point aux critiques faites à la foi chrétienne. Hélas, cet ouvrage répond insuffisamment – malgré le titre – aux arguments philosophiques et historiques répandus par l’athéisme le plus virulent. Partant du matérialiste Epicure et du païen Celse, l’auteur consacre une bonne moitié de son livre à l’époque des Lumières, là où s’ébauche, avec Voltaire, Diderot et d’Holbach, l’athéisme contemporain. Denis Lecompte a raison de s’attarder sur cette époque (XVIII° et XIX° siècles) car c’est là que l’athéisme contemporain y puise ses racines les plus drues. Malheureusement, l’époque contemporaine est traitée à la vitesse de l’éclair : pratiquement rien sur Camus et Sartre, pour en rester à la France, très peu de choses sur les philosophes qui, aujourd’hui, s’acharnent à pilonner la foi chrétienne. Le nom de Michel Onfray n’apparaît qu’une fois, ce qui est ridiculement peu quand on connaît sa popularité. Il aurait fallu, croyons-nous, davantage traiter les objections antichrétiennes actuelles. Beaucoup reprennent celles émises lors des Lumières, mais d’autres apportent un sang neuf à la critique athée. Le britannique Richard Dawkins, par exemple, réfute la foi religieuse à partir de la biologie. Au début du siècle dernier, c’était la physique qui donnait du grain à moudre à l’athéisme. Faire l’impasse sur ces nouveaux considérants, c’est ne pas voir que l’athéisme, tout comme la foi religieuse, n’est pas réductible à un seul modèle.

Denis Lecompte, Au cœur des objections antichrétiennes, Le Cerf, 2013, 221 pages, 19 €

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Faites le plongeon : Vivre le baptème et la confirmation

Broché: 336 pages
Editeur : Cerf (14 juin 2012)
Collection : EPIPHANIE
Langue : Français
ISBN-10: 2204097772
ISBN-13: 978-2204097772
Dimensions : 21,2 x 14,6 x 2,6 cm

 Faites le plongeon

Un livre signé Timothy Radcliffe est toujours un événement. C’est le cas ici. Parfois un peu confus mais toujours pétillant, Faites le plongeon délivre une bouffée d’optimisme bien revigorante par les temps qui courent. D’autant qu’il touche un sacrement essentiel, celui sans lequel les autres ne seraient pas : le baptême. « Le baptême, écrit l’ancien maître général des Dominicains, touche à ce qui se joue de plus profond dans la vie humaine : naître, grandir, tomber amoureux, oser se donner aux autres, être à la recherche de sens, devenir adulte, faire face à la souffrance et à l’échec et éventuellement à la mort. » (p.10)

Alors que les catholiques, à l’invitation du pape Benoît XVI, sont appelés à réfléchir leur foi, voilà que s’ouvre une belle occasion de relier celle-ci au baptême. L’enjeu est de taille. Les chrétiens n’ont-ils pas à se réapproprier le sens plénier de leur baptême afin d’être sel de la terre ? Il y a urgence, semble dire à sa façon l’auteur– une façon décontractée et rigolarde mais qui, sur le fond, n’évacue jamais les questions capitales -, de rapatrier le baptême dans l’acte de foi. Le sacrement de baptême n’est pas l’onction magique d’un seul moment, d’une unique célébration : c’est la porte ouverte à une vie offerte au Seigneur pour le salut du monde et le bonheur de l’humanité. A tout le moins, il devrait être considéré comme tel ; or, on sait bien que le challenge est extraordinairement difficile en ces temps de disette spirituelle. Si l’auteur invite à faire le plongeon, c’est pour montrer que le moment du baptême opère, au plan spirituel s’entend, de façon décisive. Il s’agit pour les chrétiens de montrer que leur Eglise n’est pas qu’un club de gens sympas, à l’écoute du monde, une sorte d’ONG attentive à la misère d’autrui. Donner pleine valeur à son baptême, c’est contribuer à faire grandir l’homme, à le rendre vivant.

Une recension rendra toujours imparfaitement compte d’un livre de T. Radcliffe. Mieux vaut lire Faites le plongeon que d’en parler car le ton décalé de l’auteur offre un rendu inimitable. Si le sujet est bien sûr sérieux, l’auteur le traite à la sa façon, cultivée, décontractée et pittoresque. Les nombreuses anecdotes donnent une touche finale bienvenue à un livre de théologie qui se lit comme un roman. Finalement, il y a dans ce livre tout ce que l’on aime dans le catholicisme anglais : historiquement minoritaire, il tient ferme le cap de la fidélité et aime à s’emparer de sujets sérieux qu’il traite d’une façon pas toujours sérieuse.

Timothy Radcliffe, Faites le plongeon, Le Cerf, 2012, 321 pages, 17 €

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Recensions Religion

Jésus : Approche historique

Broché: 542 pages
Editeur : Cerf (30 novembre 2012)
Collection : Lire la bible
Langue : Français
ISBN-10: 2204096849
ISBN-13: 978-2204096843
Dimensions : 23 x 15,4 x 3 cm

 Jésus : Approche historique

Le théologien espagnol José Antonio Pagola a tenté et réussi un pari audacieux : une approche simple et complète, basée sur un accès rationnel des textes, de la figure de Jésus de Nazareth. Approche simple car le vocabulaire est rigoureusement limité aux mots les plus courants ; complète car l’auteur possède une connaissance approfondie des travaux des exégètes contemporains. Avant même de parler du Christ, José A. Pagola dresse le cadre historique : Qu’est-ce que la Galilée de l’époque ? Comment vivent les juifs ? Quelle est leur religion ? Comme le veut le titre, l’historicité étant essentielle, l’auteur donne un tableau très réaliste du milieu dans lequel grandit et vit Jésus. Le reste suit un schéma chronologique, du baptême par Jean-Baptiste à la résurrection. Chapitre après chapitre, par touches successives, l’auteur cerne la personnalité du Fils de Dieu, prophète, défenseur des exclus, maître de vie… Un peu à la manière de Max Gallo, sans toutefois en adopter le style direct, il tâche d’insuffler au récit une vivacité de bon aloi. Tout est dans le sens du détail, la limpidité de l’écriture et l’effet visuel que cherche à produire l’auteur. Pourquoi, par exemple, est-il facile d’entendre et d’approcher Jésus ? Parce que, répond l’auteur, « il parle presque toujours en plein air. Souvent sur les bords du lac de Galilée, en utilisant les espaces proches des petits embarcadères, là où les pêcheurs viennent chercher le poisson. » On s’y croirait !

Les dernières pages font le point de la recherche théologique consacrée à Jésus : les principaux courants, les sources littéraires, les critères d’historicité… Des pages susceptibles d’éclairer les néophytes tout en rafraîchissant la mémoire des spécialistes. Telle est la force du livre : un style simple mis au service de la connaissance d’un personnage dont les sciences bibliques n’ont pas fini de faire le tour.

Ce récit enlevé de la vie de Jésus ne manque pas d’attraits, au contraire ! Voici l’exemple type d’un livre abouti, probablement le résultat d’une vie de labeur passée à mettre à jour, le plus finement possible, la figure du Christ. Ces qualités remarquables sont toutefois grevées par l’insistance que met l’auteur à magnifier la figure humaine de Jésus, un peu au détriment de son essence divine. Jésus, « homme incomparable » certes, comme aurait dit Renan, mais surtout fils de Dieu, Dieu lui-même comme le proclame le Credo.

José Antonio Pagola, Jésus : Approche historique, Le Cerf, 2012, 544 pages, 39 €