C’est peu de dire que rarement la parole a été si contrôlée qu’aujourd’hui. Attention à ce que l’on dit et à ce que l’on écrit, les maîtres censeurs veillent : haro sur celui qui s’écarte un tant soit peu d’un chemin bien balisé. Désormais, place aux idées conformes à la doxa. Autant dire que des imprécateurs comme Bloy et Bernanos n’auraient pas leur place dans une société où toute pensée ne doit pas s’écarter d’une orthodoxie bâtie à coups de lois Gayssot et Taubira, orthodoxie dont s’affranchir revient à encourir la XVII° chambre du tribunal de grande instance de Paris. Pour M. Bock-Côté, il s’agit d’un « dispositif inhibiteur ayant pour vocation d’étouffer, de refouler ou de diaboliser les critiques du régime diversitaire et de l’héritage des Radical Sixties… » (p. 32). Ce dispositif « repose sur une culture de la surveillance généralisée » (p. 65). Plutôt que de se tenir à l’imprécation ou à l’amertume, l’auteur émet des idées susceptibles d’amortir les effets ravageurs du politiquement correct. Parmi celles-ci, retrouver le sens de la politique en veillant à ce que droite et gauche retrouvent leurs racines et que la majorité du peuple ne soit plus considérée comme une simple variable d’ajustement.
Mathieu Bock-Côté, L’empire du politiquement correct, Cerf, 2019, 300 pages, 20€
L’extrait : « Que faire quand le peuple d’hier, qui s’entête à ne pas se dissoudre, vote mal et de manière assez massive pour entraver ce qui est perçu comme la marche de l’histoire ? » (p. 148)