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Mémoires Recensions

Mémoires

Broché : 576 pages
Editeur : Perrin (14 mai 2015)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262050775
ISBN-13 : 978-2262050771
Dimensions : 24,1 x 4,2 x 15,4 cm

 Mémoires

Après la Seconde Guerre mondiale, nombre de généraux allemands ont consigné leurs souvenirs. Le maréchal Erich Von Manstein, l’un des meilleurs cerveaux opérationnels de la Wehrmacht, est l’un d’eux. Paru dès les années 1950 sous le titre Victoires perdues, ses mémoires viennent d’être publiées pour la première fois en français. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Von Manstein, il suffira de dire qu’il est l’inspirateur du plan qui amena l’écrasante défaite de la France en mai-juin 1940, le vainqueur de Sébastopol (1942) et celui qui a bloqué l’avance des armées soviétiques après Stalingrad. Les stratèges anglo-saxons et soviétiques l’ont consacré comme la plus grande intelligence de l’Armée allemande.

Dans la préface qu’il lui consacre, Pierre Servent dit de Von Manstein qu’il est « un remarquable joueur d’échecs » ainsi qu’ « un hobereau prussien à œillères ». La critique avait déjà été formulée dans la biographie consacrée par Benoît Lemay au célèbre maréchal. Erich Von Manstein est effectivement le type même du général prussien, fidèle à sa patrie, discipliné à l’extrême et se gardant de toute sensiblerie. Comme beaucoup de généraux allemands lors du conflit, Von Manstein a été peu regardant quant aux crimes commis sur la population civile, juive et non-juive, par les SS et l’armée. Comme d’autres responsables militaires allemands, Manstein, par ses silences, a couvert les crimes commis en Ukraine, Russie et Biélorussie. Il était le type même du cerveau froid ; seul lui importait le résultat obtenu sur le champ de bataille. Et c’est, nous semble-t-il, faire preuve d’anachronisme que de regretter que Von Manstein ne fût pas philosophe. C’était un militaire, forgé dans le plus pur style germanique. Cela dit, s’il était discipliné et méconnaissait les scrupules de type humanitaire, Manstein n’avait rien du nazi fanatique. Au contraire, s’il reconnaissait à Hitler des qualités qui ont pu contribuer aux victoires des années 1939-1942, il a vite pris en compte les limites d’un être irrationnel, soumis aux sautes d’humeur, colérique, prenant ses désirs pour des réalités.

Le style du maréchal est purement descriptif, direct, sans fioritures. On regrettera toutefois que les opérations militaires décrites dans ce volume ne soient pas accompagnées par davantage de cartes.

Erich Von Manstein, Mémoires, Perrin, 2015, 573 pages, 25 €