Mussolini. Un dictateur en guerre
Si le fascisme semble aussi vilipendé que le nazisme, il s’avère aussi que la comparaison entre ces deux systèmes totalitaires ne vaut pas raison. Bien sûr, le fascisme draina la plupart des oripeaux propres au totalitarisme : enrégimentement de la jeunesse, propagande étouffante, régime à parti unique, chasse aux opposants, dirigisme économique, etc. Cela dit, la comparaison avec le nazisme ou le stalinisme se fait au bénéfice du fascisme. Si le régime mussolinien était dur, il n’était pas impitoyable comme pouvait l’être à la même époque l’Allemagne hitlérienne : pas de camp de la mort, pas de chasse à mort à l’encontre des personnes de confession juive, une monarchie et une Eglise – religion de l’énorme majorité des Italiens – respectées et ainsi de suite. Mais c’est moins les affaires intérieures qui intéressent l’auteur de ce Mussolini que la politique extérieure d’un chef d’Etat dont les rodomontades ne purent jamais dissimuler la faiblesse congénitale d’un régime reposant sur une base trop fragile. En matière de politique étrangère et de diplomatie, l’histoire de l’Italie mussolinienne emprunte beaucoup à la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. Désireux d’agrandir l’empire colonial italien et de jouer dans la cour des grands, le Duce s’enflamma pour une politique de grandeur dont l’Italie n’avait assurément pas les moyens. « C’est une guerre pour les Allemands ou les Japonais, disait le Duce, pas pour nous. » (p.217) Doté d’un équipement industriel vieillot et d’un outil militaire inadapté, l’Italie sera, jusqu’en 1943, constamment à la remorque de son puissant allié du nord. S’illusionnant sur les capacités d’une nation insuffisamment industrialisée, l’Italie fut incapable de soutenir la guerre parallèle en Méditerranée. Pour l’Italie la guerre se résuma en une succession de défaites, de mécomptes et de désillusions.
Max Schiavon a réussi à dresser le portrait d’un homme pas forcément antipathique mais égaré par son appétit de puissance.
Max Schiavon, Mussolini. Un dictateur en guerre, Perrin, 2016, 270 pages, 21€