Comment tout peut s’effondrer
Et si notre civilisation était au bout du rouleau, en phase de liquidation à force d’avoir brûlé en quelques décennies l’essentiel de son carburant ! Telle est l’hypothèse que Pablo Servigne et Raphaël Stevens développent dans ce livre passionnant. Dans les premiers chapitres, ils utilisent l’image d’une humanité ressemblant à un bolide à la direction faussée et qui foncerait à vitesse accélérée en direction d’un gouffre. Il faut dire que les chiffres qu’ils énoncent – qu’ils proviennent du GIEC ou d’organismes privés – font froid dans le dos. Nous consommons la plupart de nos ressources à des vitesses record et nous en voulons toujours plus. La vogue du progrès à outrance de la consommation folle ne sont tout simplement plus de mise dans le cadre du monde fini qu’est le nôtre. Le problème, c’est que les élites politiques et économiques font de la croissance l’horizon indépassable de l’humanité et que tous nous préférons nous plonger la tête dans le sable et profiter des plaisirs de la vie, dussent-ils coûter cher en calories ou en kilowatts. Nous savons, par exemple, que l’exploitation effrénée du pétrole de schiste est catastrophique pour l’environnement, que d’ici quelques décennies le seul pétrole exploitable coûtera un prix prohibitif ; pourtant, nous continuons à organiser des courses de bagnoles, source de pollution sonore et atmosphérique. Si les auteurs de Comment… s’avouent catastrophistes, ils demeurent cependant d’un optimisme raisonnable. Notre civilisation court inéluctablement à sa perte. Ce sera la fin d’un monde mais non pas la fin du monde. Il faut compter sur la capacité de résilience de l’espèce humaine, sur des valeurs telles que la générosité et la solidarité pour bâtir un autre monde. Un monde où le bonheur ne reposera pas sur l’accumulation des biens et la recherche illusoire d’un mythe appelé progrès. Après l’effondrement, il y aura un avenir à penser et à vivre.
Pablo Servigne & Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Le Seuil, 2015, 296 pages, 19€