Byzance la secrète
Pour beaucoup, Byzance n’est plus qu’un nom, certes fleurant un certain exotisme oriental, mais guère plus. Byzance, Constantinople puis, en 1930, Istanbul… Autant dire qu’aussi bien dans les mémoires que les livres d’histoire il ne reste plus grand-chose d’une civilisation qui s’étale sur plus d’un millénaire, ce qui n’est pas rien. Pascal Dayez-Burgeon, qu’on attendait plus sur les deux Corées dont il est un spécialiste reconnu, signe ici un livre remarquable, s’adressant aussi bien aux néophytes qu’à des lecteurs exigeants. Plutôt que de s’embarquer dans une vaste somme relatant, règne après règne, les fastes et l’agonie de cet Empire d’Orient fondé par l’empereur Constantin, il a préféré procéder par des petites touches susceptibles d’aiguiser l’appétit du lecteur. Un chapitre est consacré à la ville de Constantinople (Constantinople est la ville-phare de l’empire byzantin), tel chapitre au redoutable feu grégeois, tel autre à la guerre des images ou à l’importance des femmes dans la succession impériale, singularité assez invraisemblable dans un univers oriental exclusivement dominé par la gent masculine. Pascal Dayez-Burgeon réhabilite la civilisation byzantine oubliée, pont d’importance durant des siècles entre un Occident à la recherche de son identité et un Orient déjà riche d’histoire. On oublie combien la civilisation byzantine, séduisante et complexe, fascinait nos ancêtres. Byzance la secrète démontre à l’envi la vocation universelle de l’univers de Byzance, un monde qui, aussi curieusement que cela paraisse, s’est trouvé confronté à des questions qui se posent aujourd’hui avec acuité : « despotisme ou bien public, fanatisme ou tolérance, laïcité ou religion d’Etat, croissance ou stabilité, ouverture d’esprit ou choc des civilisations, Orient ou Occident, guerre ou paix ? » Bref, un livre nécessaire.
Pascal Dayez-Burgeon, Byzance la secrète, Perrin, 2017, 318 pages, 21€