Benoît XVI : Un pontificat sous les attaques
Les premières années du pontificat de Benoît XVI furent particulièrement houleuses, la plupart des médias ne trouvant aucune excuse à un pape qui cumulait les défauts d’être allemand, intellectuel et d’avoir, vingt ans durant, occupé la responsabilité de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l’ex-Saint-Office. Avec une mauvaise foi en béton, certains médias l’accusèrent d’avoir été nazi, ce qu’il ne fut jamais, d’avoir servi dans une batterie antiaérienne, service dont à son âge il ne pouvait pas échapper.
En une quinzaine de chapitres, les Paolo Rodari et Andre Tornielli reviennent sur les affaires qui ont terni l’image de l’Eglise depuis l’accession au pontificat du cardinal Ratzinger : la controverse de Ratisbonne, la libéralisation de l’ancienne liturgie, la levée des excommunications des évêques intégristes, les scandaleuses affaires de pédophilie. Toutes pointent la difficulté du Saint-Siège de se doter d’une communication efficace…. Et toutes mettent le doigt sur les méthodes malhonnêtes de certains médias qui font tout pour faire trébucher l’Eglise et mettre à mal son image.
Comme G. Leclerc l’avait bien remarqué en son temps, on ne pardonne rien à l’Eglise et beaucoup se permettent à son encontre une violence de propos qu’ils ne se permettaient pas s’agissant d’une autre religion. Existe-t-il, se demandent les auteurs en fin d’ouvrage, un complot contre le pape ? Pour eux, s’il n’existe pas un complot mondial visant à discréditer les papes et le message de l’Eglise, il y a bien un processus médiatique « bien vu d’une certaine élite à dominante financière difficilement identifiable, qui prône l’abandon de la souveraineté en faveur d’institutions supranationales » (p. 285). En d’autres termes, on s’en prend à l’Eglise car elle est la seule, contrairement aux institutions représentatives qui font la loi, à pouvoir dire des vérités qui fâchent. Le fait de ne pas être soumis à un quelconque processus électoral permet une telle liberté. Les médias et intellectuels qui s’en prennent à l’Eglise agissent souvent dans l’indépendance, mais il se trouve que leurs critiques de l’institution ecclésiale trouvent un avis favorable auprès de tous ceux qui ont intérêt à voir l’Eglise affaiblie : laboratoires pharmaceutiques, institutions suprationales, ONG prônant le mondialisme et la nomadisation, milieux culturels prônant le relativisme… Bref, tous ceux qui souhaitent, au sein d’un univers globalisé, l’émergence d’un homme nouveau, consommateur sans repères et sans racines, malléable à merci… un univers, somme toute, loin de la démocratie.
Paolo Rodari & Andrea Tornielli, Benoît XVI : Un pontificat sous les attaques, Pierre Guillaume De Roux Ed. , 2012, 312 pages, 25 €