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Dictionnaire amoureux du crime

Broché: 940 pages
Editeur : Plon (21 février 2013)
Collection : Dictionnaire amoureux
Langue : Français
ISBN-10: 2259211216
ISBN-13: 978-2259211215
Dimensions : 20 x 13 x 5,4 cm

 Dictionnaire amoureux du crime

Un dictionnaire amoureux du crime, il fallait oser ! C’est ce que vient de faire avec talent Alain Bauer, professeur de criminologie, dans la désormais célèbre collection des Dictionnaires amoureux éditée chez Plon. Il ne fallait pas moins de 900 pages pour espérer faire le tour d’un domaine aussi considérable. Car le crime n’est pas réductible à la violence physique. En effet, précise l’auteur dans sa préface, « l’escroquerie, le vol, les trafics, la contrefaçon composent autant d’éléments d’une partition criminelle dont la créativité semble sans limites. » Autant dire qu’un tel dictionnaire donne seulement à voir la partie émergée d’un gigantesque iceberg. Cet iceberg, c’est le crime sous toutes ses coutures qui donne lieu, en l’occurrence, à un vaste choix d’entrées, de « Antigang » (brigade) à « Zampa » (Gaëtan, dit Tany). Fiction et réalité se mélangent allègrement. Films, séries télévisées et personnages romanesques comme Maigret et Arsène Lupin ont donné une dimension supplémentaire à l’éternelle course-poursuite du gendarme et du voleur. A côté de ces personnages romanesques la réalité donne à voir des hommes et des femmes qui n’ont rien à envier à ce que les maîtres des romans les plus noirs n’ont pas toujours osé écrire. La plus fertile imagination aurait-elle conçu les horreurs perpétrées par un Jack l’Eventreur ou, plus proche de nous, par un Michel Fourniret ? La réalité a tôt fait de rattraper la fiction. En matière de férocité, certains serials killers ne le cèdent en rien à Hannibal Lecter, le célèbre psychopathe du Silence des agneaux. A côté de ces personnalités fascinantes et monstrueuses, il faut retenir du livre d’Alain Bauer le poids des grandes organisations criminelles. A côté des sociétés du crime les plus connues comme la Mafia, Cosa Nostra, les Triades chinoises et autres cartels sud-américains, voilà que sont apparues, depuis quelques années, de puissantes organisations tentaculaires. Le MS 13 salvadorien, qui s’est internationalisé, compterait à peu près 50 000 membres dans le monde. Avec la mondialisation, une nouvelle criminalité voit le jour qui va du gang de cité au cyber-terrorisme. Dans le match séculaire qui oppose le crime à la police, il est à craindre que le premier ait toujours un coup d’avance. De l’assassinat d’Abel par Caïn jusqu’au terrorisme d’aujourd’hui, le crime continue de révéler la face la plus sombre de l’âme humaine.

Alain Bauer, Dictionnaire amoureux du Crime, Plon, 2013, 941 pages, 24.50 €

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Dictionnaire amoureux de Alexandre Dumas

Broché: 636 pages
Editeur : Plon (26 août 2010)
Collection : Dictionnaire amoureux
Langue : Français
ISBN-10: 2259211054
ISBN-13: 978-2259211055
Dimensions : 19,6 x 13 x 3,8 cm

 Dictionnaire amoureux de Alexandre Dumas

Alexandre Dumas est grand et Alain Decaux est son prophète ! Des passionnés de Dumas père, il n’en manque pas ; pourtant, notre académicien était l’un des mieux placés pour donner ce dictionnaire amoureux. Voilà quelques années que les Editions Plon appliquent cette recette gagnante : confier à une personnalité connue l’écriture d’un dictionnaire tout entier consacré à un sujet ou à une personne. Il apparaît bien vite que l’auteur des Trois Mousquetaires exerce sur l’auteur de ce dictionnaire une fascination considérable. Remarquons que Decaux n’est pas le seul, parmi les écrivains, à concevoir de l’admiration pour A. Dumas et il y a de quoi. En effet, la vie et l’œuvre de Dumas père ont quelque chose de torrentiel. Dumas fait partie de ces gens pour qui la vie semble toujours trop courte et le monde trop petit. A se demander s’ils n’ont eu qu’une vie. Ecrivain prolixe, créateur de journaux, voyageur impénitent, il se lance même dans la mêlée politique, organise des soirées grandioses dans le château qu’il s’est fait construire !

Quant à sa vie amoureuse, faut-il l’évoquer, elle qui ne lui laissa pratiquement aucun répit tant ses maîtresses furent nombreuses ? La vie de Dumas est un hymne à l’activité frénétique. Un entrain aussi trépidant laisse forcément des stigmates : c’est ruiné que Dumas père passa les derniers jours de sa vie. A travers des choix d’entrée assez cocasses – A la lettre « E », on trouve la phrase « Elle me résistait. Je l’ai assassinée ! », tirée de la pièce Antony – A. Decaux nous dévoile le portrait haut en couleurs de ce prince des lettres. On saura gré à l’auteur d’être incapable de prendre de la distance avec son sujet ; et d’ailleurs, avec un auteur aussi prolifique et un homme aussi débordant que Dumas, est-ce possible ? Les héros peuvent avoir des défauts gros comme ça, il n’empêche : on les aime aussi pour leurs défauts.

Heureux sommes-nous, Français, de compter un tel écrivain dans notre panthéon littéraire. De Méry, un ami de Dumas, n’avait-il pas déclaré : « S’il existe quelque part un autre Robinson Crusoé dans une île déserte, tenez pour certain que ce solitaire est occupé en ce moment à lire Les Trois Mousquetaires à l’ombre de son parasol fait de plumes de perroquet. » (p. 555) ? Monsieur Dumas et Monsieur Decaux, merci !

Alain Decaux, Dictionnaire amoureux de Alexandre Dumas, Plon, 2013, 636 pages, 24.90 €

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Actualités Recensions

Considérations inactuelles

Broché: 154 pages
Editeur : Plon (16 février 2012)
Langue : Français
ISBN-10: 2259217044
ISBN-13: 978-2259217040
Dimensions : 18,4 x 12,8 x 2 cm

 Considérations inactuelles

Hasard ou nécessité ? Peu avant la période estivale a été publiée une série de livres qui a  pour particularité de refléter une tendance en vogue parmi certains intellectuels. Ces derniers sont plutôt à classer à droite, mais ce n’est pas le jeu politique traditionnel qui les pousse à entrer dans la danse. Profondément réactionnaires, ils doivent la virulence de leurs idées aux mouvements d’une société qu’ils ne comprennent plus, à l’image d’Ivan Rioufol, chroniqueur au Figaro et auteur De l’urgence d’être réactionnaire. Parmi ces bretteurs il faudrait citer Elisabeth Lévi, Renaud Camus et Richard Millet. Littérairement ambitieux, ils renouent  avec un art que le politiquement correct avait remisé : le pamphlet politico-littéraire. Il y a du Léon Daudet et du Georges Bernanos chez ces mousquetaires. Exécrant la médiocrité du temps, ils s’en prennent avec verve à un vocabulaire qui n’ose plus nommer les choses, à la confusion générale entre les fins et les moyens, à la fuite en avant technologique, à la consommation à outrance, à la toute puissance des médias, à une Education Nationale qui n’éduque plus, au bouleversement des valeurs qui pousse les Français à faire des sportifs les héros de notre temps.

C’est contre cet aplatissement du monde qu’un autre hussard, Denis Tillinac, désire à son tour réagir. Amoureux de la France et des terroirs, Tillinac met sa plume survoltée au service d’une idée qu’il transbahute de livre en livre. Voguant vers un avenir peu exaltant, l’homme moderne risque de sombrer dans un nihilisme destructeur. La confusion des intentions, « la survalorisation de l’éphémère au détriment de la mémoire » et le vide des idées qui caractérisent l’époque actuelle ne sont pas des fatalités. Ces Considérations inactuelles ont ceci de « scandaleusement antimodernes » qu’elles conchient l’air du temps, son conformisme pesant, ses héros de pacotille, sa course au toujours plus. Entre l’époque et Tillinac, un gouffre s’est creusé. L’auteur ne s’en émeut pas ; il se réjouit plutôt de ne plus être à l’écoute de la médiocrité contemporaine : « Ne perds pas ton temps à contester la société dite de consommation ou du spectacle : déserte-la » (page 49) Ce ne sont pas des paroles en l’air. Il est possible de le faire par de menus gestes, par exemple faire comme D. Tillinac et l’auteur de ces lignes : se passer de téléphone portable et de la plupart de ces engins qui encombrent l’existence.

Denis Tillinac, Considérations inactuelles, Plon, 2012, 150 pages, 16 €

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Charles le Catholique : De Gaulle et l’Eglise

Broché: 389 pages
Editeur : Plon (3 novembre 2011)
Langue : Français
ISBN-10: 2259212573
ISBN-13: 978-2259212571
Dimensions : 23,8 x 15,4 x 3,6 cm

 Charles le Catholique

Le livre de Gérard Bardy, Charles le Catholique, n’est pas le premier à mettre en scène la foi du Général de Gaulle. Michel Brisacier l’avait fait en son temps avec un livre intitulé La foi du Général ; de même qu’Alain Larcan avec De Gaulle inventaire. La culture, l’esprit, la foi. Bien d’autres ont été écrits sur ce thème : les convictions profondes qui animaient ce « souverain » (J. Lacouture). Cette abondance n’est pas le fruit du hasard. La foi du Général de Gaulle est  une sorte de foi du charbonnier, empreinte de piété et de référence constante à l’Ancien Testament et à l’Evangile. Sa correspondance privée est émaillée de citations bibliques. Souvent il fait référence à l’abnégation, à l’esprit de sacrifice, à l’héroïsme… Ce n’est pas le train-train qui l’intéresse, mais les vertus qui suscitent l’espérance. Tout, dans son attitude, atteste l’héritage catholique, familial d’abord, scolaire ensuite : élevé dans une famille très croyante le jeune Charles de Gaulle avait fait ses études chez les jésuites ; il en a été durablement marqué. « Son acceptation des sacrifices,  […]  son souci permanent de la dignité de l’homme, son respect de la morale tant privée que publique, le caractère sacré qu’il donne à la famille, sa relation à la souffrance, au handicap et à l’argent, ses manifestations de charité chrétienne faites avec une extrême discrétion » (p. 12) tout chez De Gaulle indique la prégnance d’une foi catholique indissociable des grandes heures de l’histoire de France. Toute laïque qu’elle est, la France demeure toujours dans son esprit « la fille aînée de l’Eglise ».

Toute sa vie De Gaulle manifesta une foi profonde. S’il savait, en tant que président d’une République laïque, marquer la distinction entre ce qui ressort du comportement public du privé, il était enclin à avoir de la France une image puisée dans la littérature chrétienne. Dans ses discours et ses allocutions les mots à connotation religieuse sont légion. En privé, sous une grande pudeur, le Général de Gaulle manifestait une grande piété. Devant la grandeur divine, il n’hésite pas à se reconnaître humble pécheur.

Gérard Bardy nous gratifie d’un ouvrage remarquable, autant par la facilité de lecture que par la sûreté de l’information. De Gaulle fut sa vie entière imprégné des valeurs classiques du catholicisme. Finalement, tant par son style que par ses croyances, De Gaulle apparaît comme un homme du XIX° siècle, un siècle qui, contrairement au mot féroce de Léon Daudet, fut loin d’être stupide

Gérard Bardy, Charles le Catholique : De Gaulle et l’Eglise, Plon, 2011, 385 pages, 22 €