C’est à travers une vingtaine de portraits que Robert Solé dresse l’histoire de l’Egypte contemporaine, une Egypte attirée par la modernité tout en demeurant ancrée dans la tradition. Les portraits proposés par Robert Solé sont relatifs à des hommes politiques comme Nasser, des religieux comme Hassan al-Banna, des écrivains comme le Prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz… Que retenir au terme de ce voyage ? La plupart des tentatives menées pour ancrer l’Egypte au monde moderne ont échoué, par exemple celle d’Ismaïl pacha au milieu du XIX° siècle. Et cependant ce dernier avait toujours dit son attachement à l’islam mais le traditionalisme était incapable de transiger. C’est dire si le poids de la religion – entendez l’islam – est colossal. Impossible d’entreprendre une quelconque réforme si, dans le même temps, on ne délivre pas aux autorités religieuses nombre de brevets de bonne conduite. On en vient ici à la difficulté récurrente du monde arabo-musulman : concilier son entrée de plain-pied dans la modernité tout en ne reniant ni culture, ni tradition, ni religion.
Robert Solé, Ils ont fait l’Egypte moderne, Perrin, 2017, 385 pages, 22.90 €
L’extrait : « L’Egypte a-t-elle à sa tête un nouveau Nasser ? L’entrée en scène fracassante de Sissi en juillet 2013 a pu le laisser croire. » (p. 342)