Dictionnaire amoureux de la Rome antique
La collection des Dictionnaires amoureux continue son petit bonhomme de chemin. Rien n’ayant été publié sur la Rome antique, il était assez naturel que Xavier Darcos, membre de l’Institut, s’y collât. Le résultat, il faut le dire, est plutôt probant. En un peu plus de sept cents pages, l’ancien ministre de l’Education Nationale, offre un tableau passionné de la civilisation romaine, soit la bagatelle de dix millénaires. Comme dans beaucoup d’autres opus de la même série, les entrées sont toujours originales : par exemple « Caligula, l’Ubu romain ? » ou encore « Alix au pays des merveilles ». Le lecteur met peu de temps pour découvrir à quel point l’auteur place haut sa passion pour la civilisation romaine. Cet amour vrai et profond pour ce monde disparu, mais à qui l’Europe doit tant, est surtout présent dans les articles consacrés à la poésie, à la philosophie ou à la vie quotidienne. Xavier Darcos dit toute sa reconnaissance et sa passion à ces phares qu’étaient Cicéron et Virgile. Il ne cache pas leurs limites, mais il a raison d’insister sur ce que la civilisation contemporaine leur doit : « Virgile a montré la voie dans des genres variés qui servirent de matrices à l’art occidental » (p. 719). Quant à Cicéron, l’auteur le voit comme un « môle, un brise-lames, largué dans le grand chambardement général du dernier siècle avant Jésus-Christ » (p. 181). La passion de l’auteur pour la civilisation romaine met avant tout l’accent sur le bon sens romain, sur les prodigieux bâtisseurs qu’ils ont été… La filiation entre notre époque et la Rome antique ressort ici avec évidence.
Cela dit, ce Dictionnaire amoureux n’est pas sans défauts. Il suppose, comme du reste beaucoup de ses congénères, une connaissance au moins chronologique de l’objet étudié. Entre un Jules César et un grand empereur comme Marc-Aurèle, il y a deux cents ans d’écart, ce qui n’est pas rien ! On s’arrêtera guère sur ce qui paraît être d’énormes impasses – Marius, Sylla pour n’en rester qu’aux noms propres… – mais il est vrai que le genre de la collection a ses limites. Plus dommageable en revanche nous paraît la légèreté avec laquelle le christianisme est introduit. L’article Constantin est par exemple truffé d’erreurs et d’approximations (la question du filioque n’est pas ce qu’en dit l’auteur et le mariage n’est pas et n’a jamais été un article du Credo) (pages 236 et 237). On passera vite sur ces détails pour mieux apprécier toute l’empathie de l’auteur à l’égard un monde à qui l’Européen doit tant.
Xavier Darcos, Dictionnaire amoureux de la Rome antique, 2011, 756 pages, 26 €